08 // MONDE Lundi 14 octobre 2019 Les Echos
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deurs, Michel Barnier aurait pointé
un changement d’attitude du Pre-
mier ministre britannique au sujet
de l’île d’Irlande.
Boris Johnson aurait d’abord
accepté de lâcher du lest sur le droit
de veto qu’il proposait de donner à
l’Irlande du Nord pour décider à
intervalles réguliers de son avenir.
Le Premier ministre britannique
aurait ensuite intégré la nécessité de
ne faire émerger aucune frontière
entre le Nord du territoire, rattaché à
la Grande-Bretagne, et le Sud, répu-
blique indépendante et membre de
l’UE. Le « Sunday Times » croit
savoir que les responsables des
questions de sécurité auprès de
Boris Johnson l’auraient sensibilisé
au risque important que représente-
rait une frontière entre les deux ter-
ritoires – aussi « créative » et souple
soit-elle – pour la stabilité de l’île
d’Irlande.
Parmi les idées évoquées pour
l’avenir de l’Irlande du Nord, figure
celle d’un régime hybride : celle-ci
demeurerait légalement sur le
mais l’Elysée ne veut pas lui faire
porter la responsabilité de l’affront
fait à la France. Emmanuel Macron
la recevra lundi à l’Elysée. Avec
l’objectif p remier de rappeler à quel
point Paris tient à préserver le péri-
mètre du portefeuille attribué à la
France, malgré les appétits qu’il a
pu aiguiser a u Parlement européen
et dans certains cercles berlinois.
Le choix d’un(e) r empla-
çant(e) s’annonce ardu. Florence
Parly? Elle n’en veut vraiment pas.
Pas plus que Bruno Le Maire.
Emmanuel Macron pourrait-il se
laisser tenter par le profil de Michel
Barnier? « C’est le meilleur candidat
depuis le début : il est fédérateur »,
note un pilier du groupe Renew au
Parlement européen. « C’est com-
pliqué », corrige un membre du
premier cercle présidentiel. Le
Savoyard ne risquerait-il pas de
faire de l’ombre au président fran-
çais? Et son profil conservateur
n’est-il pas rédhibitoire pour un
chef de l’Etat qui vient de subir un
affront, précisément, de cette par-
tie de l’hémicycle européen?
L’hypothèse d’un profil plus techni-
que et moins politique est envisa-
gée. « Au final, Macron voudra un
fidèle pour le job », pronostique un
proche du pouvoir.
En attendant de trouver la perle
rare, Paris s’inquiète de la signifi-
cation politique du rejet de Sylvie
Goulard. Il va falloir que les deux
grands groupes politiques qui se
partageaient jusqu’ici le pouvoir à
Strasbourg acceptent le nouveau
venu centriste. Le risque, sans cela,
serait celui d’une instabilité c hroni-
que, et même d’une dérive de la
gouvernance européenne au cours
des prochaines années, similaire
au tour pris par la vie politique bri-
tannique depuis le référendum de
2016 avance une source pari-
sienne. Un député européen
abonde : « S’il n’y a pas un mini-
mum d’accord entre les trois forces
du parlement européen, on risque
d’entrer dans une guerre de tran-
chées de tous côtés. Et ce n’est pas b on
pour l’Europe. »
Satisfaction à l’Est
Reste un point positif : l’éviction de
Sylvie Goulard pourrait rasséréner
les pays de l’Est qui ont toujours le
sentiment qu’il y a « deux poids,
deux mesures » en Europe et qu’ils
sont systématiquement fustigés
pour leurs comportements quand
Paris et Berlin, au contraire, peu-
vent s’affranchir des règles. Pour
une fois, c’est bien la France qui a
été punie pour avoir sous-estimé
l’importance qu’une majorité
d’eurodéputés attachent à l’éthique
politique.n
Affaire Goulard : la nouvelle
Commission va prendre du retard
Catherine Chatignoux
@chatignoux
Elsa Freyssenet
@ElsaFreyssenet
et G. G.
Le rejet de Sylvie Goulard au poste
de commissaire française a déjà
fait une première victime collaté-
rale : l e rythme du fonctionnement
institutionnel de l’Union euro-
péenne. Alors que la Française est
la t roisième candidate à être rejetée
par le Parlement européen, et que
la nomination d ’un nouveau candi-
dat roumain s’annonce compli-
quée en raison de la crise politique
dans ce pays, la perspective d’une
nouvelle Commission européenne
opérationnelle le 1er novembre
semble de plus en plus chimérique.
Le président du Parlement euro-
péen, l’Italien David Sassoli, l’a clai-
rement affirmé, selon des propos
rapportés par les agences d’infor-
mation italiennes. « Je p ense q u’il n e
sera peut-être plus possible de res-
pecter la date du 1er novembre, nous
irons à celle du 1er décembre. »
Passé le moment de colère et de
déception, l’entourage du prési-
dent français appelait à l’apaise-
ment, ce week-end. Les relations
avec la présidente élue de la Com-
mission européenne, Ursula von
der Leyen ont connu une poussée
de tension la semaine dernière
En attendant les rempla-
çants des trois candidats
rejetés par le Parlement
européen, l’équipe
d’Ursula von der Leyen
pourrait ne prendre ses
fonctions qu’en décembre.
Le secrétaire d’Etat au Brexit Stephen Barclay (à gauche)
a rencontré vendredi à Bruxelles le négociateur en chef
de l’Union européenne, Michel Barnier. Photo Francisco Seco/AFP
Brexit : à quelques jours d’un
sommet crucial, l’espoir est de retour
ROYAUME-UNI
Alexandre Counis
@alexandrecounis
—Correspondant à Londres
Gabriel Grésillon
@Ggresillon
—Bureau de Bruxelles
Enfin de l’espoir sur le front du
Brexit. Après des semaines de blo-
cage, au cours desquelles la tension
avait fini par devenir palpable, de
signaux positifs sont apparus, ces
tous derniers jours : la possibilité
d’un accord ne semble plus exclue.
Signe de l’importance de ce revire-
ment, la livre sterling a bondi, affi-
chant sa plus forte hausse en deux
jours depuis dix ans.
Les raisons de ce changement de
ton? Une déclaration du Premier
ministre irlandais, Leo Varadkar,
qui au terme d’un entretien avec
Boris Johnson jeudi, a jugé possible
un accord avant la fin du mois. Une
autre, de Boris Johnson, évoquant
« l ’impression partagée qu’un chemin
existe ». Et la décision des 27 ambas-
sadeurs de l’UE, vendredi, d’enclen-
cher une intensification des discus-
sions entre négociateurs tout au
long du week-end. Une décision
prise à la suite du compte rendu que
venait de leur faire Michel Barnier, le
négociateur en chef de l’UE. Cette
intensification des discussions n’est
certes pas encore le « tunnel » tant
attendu à Bruxelles – ce moment au
cours duquel une véritable négocia-
tion finale pourrait se tenir. Mais à
l’évidence, il s’agit de se pencher sur
la faisabilité technique d’une nou-
velle proposition britannique.
Un changement d’attitude
De manière plutôt atypique dans un
dossier où les fuites de presse ont été
innombrables et parfois contre-pro-
ductives, la plus grande retenue était
manifeste, ces derniers jours, en ter-
mes de communication. Quelle phy-
sionomie pourrait avoir un éventuel
accord, notamment au sujet de la
question cruciale de l’Irlande?
Aucune réponse catégorique n’était
possible, dimanche. Mais au cours
de sa rencontre avec les ambassa-
lLondres semble prêt à faire de réelles concessions.
lReste à savoir si un accord est techniquement faisable, et s’il pourrait obtenir l’aval du Parlement.
en bref
Législatives
en Pologne :
victoire des
populistes en vue
ÉLECTIONS Les Polonais
étaient appelés à voter
dimanche aux élections légis-
latives. En place depuis 2015,
le p arti conservateur nationa-
liste Droit et Justice (PiS) a
cherché à mobiliser les cou-
ches défavorisées des campa-
gnes en s’érigeant en défen-
seur des valeurs familiales
face à « l’idéologie LGBT » et
surtout en promettant une
nouvelle allocation familiale,
la baisse des impôts et la
hausse du salaire minimum.
Mais il n’est pas sûr que les
populistes gardent la majo-
rité absolue, ce qui laisse une
petite chance à l’opposition, si
elle parvient à s’unir. Cette
dernière a reçu un soutien de
dernière minute de la femme
de lettres Olga Tokarczuk, qui
venait de recevoir jeudi le prix
Nobel de littérature, qui con-
sidère que ces élections sont
« les plus importantes »
depuis la chute du commu-
nisme en 1989.
Municipales en
Hongrie : l’enjeu
de Budapest
ÉLECTIONS L’opposition à
Viktor Orban jouait gros
dimanche lors d’élections
municipales en Hongrie où
elle espérait battre à Buda-
pest le Parti national-conser-
vateur du Premier ministre
grâce à une stratégie inédite
d’alliance autour d’un candi-
dat de gauche.
Conquérir Budapest repré-
senterait le premier succès
significatif de l’opposition
hongroise depuis une décen-
nie alors que les souverainis-
tes au pouvoir ont largement
remporté au printemps 2018
leurs troisièmes législatives
d’affilée. Face au maire sor-
tant, Istvan Tarlos, 71 ans, une
liste d’alliance a été consti-
tuée autour de l’écologiste de
gauche, Gergely Karacsony,
âgé de 44 ans. Les sondages
prédisent un résultat serré,
dimanche soir, avec une
légère avance pour le sortant.
même territoire douanier que la
Grande-Bretagne, ce qui veut dire
qu’elle bénéficierait des accords
commerciaux que Londres pourrait
conclure après le Brexit avec des
pays tiers. Mais elle appliquerait les
règles et les tarifs douaniers de l’UE,
restant de facto dans une union
douanière avec elle. Cela passerait
notamment par la mise en place de
contrôles douaniers en mer
d’Irlande, donc entre la Grande-Bre-
tagne et l’Irlande du Nord.
Le temps est compté
Reste à savoir si un tel mécanisme
sera acceptable aux yeux du DUP, le
parti unioniste nord-irlandais allié
au gouvernement conservateur
dont l es 10 élus pourraient être d éter-
minants pour permettre à Boris
Johnson d’obtenir le feu vert du Par-
lement sur un éventuel accord. Nigel
Dodds, le chef du groupe parlemen-
taire du DUP, a déjà émis des dou-
tes. Cela « ne peut pas marcher, car
l’Irlande du Nord doit pleinement
demeurer dans l’union douanière bri-
tannique », a-t-il déclaré à « La
Repubblica ». Le Parlement devra
prendre p osition samedi prochain, à
l’occasion du « Super Saturday »,
réunion de la Chambre des commu-
nes inédite un samedi depuis la
guerre des Malouines, en 1982.
Boris Johnson a prévu de s’entre-
tenir ce lundi avec Angela Merkel et
Emmanuel Macron. Plus que
jamais, le temps est compté. Un
sommet européen crucial se tient
jeudi et vendredi à Bruxelles. Et
même si certains à Bruxelles évo-
quaient ces derniers jours une possi-
ble extension technique des négo-
ciations au-delà du 31 octobre pour
permettre de conclure un accord en
bonne et due forme, Boris Johnson
continue d’afficher la même déter-
mination à sortir de l’UE avec ou
sans accord à la fin du mois.n
Tollé sans
précédent
de l’industrie
britannique
Le gouvernement britanni-
que fait face à un tollé sans
précédent de la part de cinq
branches industrielles qui
s’inquiètent des projets de
Boris Johnson en matière
d’accords commerciaux
post-Brexit. Les secteurs de
l’aérospatiale, de l’automo-
bile, des produits chimiques,
de l’alimentation et des
boissons ainsi que celui des
produits pharmaceutiques
préviennent, dans une lettre
au Premier ministre, que ces
accords pourraient repré-
senter un « risque sérieux
pour la compétitivité du
secteur manufacturier ». En
cause, le fait que le Royau-
me-Uni renonce à un aligne-
ment réglementaire avec
l’Union européenne.
« Je pense
qu’il ne sera peut-
être plus possible
de respecter
la date du
1 er novembre,
nous irons à celle
du 1er décembre. »
DAVID SASSOLI
Le président
du Parlement européen