Le Monde - 26.10.2019

(Wang) #1

Le goût desunes.


«Lesfemmespréfèrentlerosé,le champagne,lesvinsdoux...»«Ce
vin devrait vous plaire, madame, il est léger,facile àboire.»
Autant de clichés qui ontlavie dure, alorsmême qu’ilsexaspè-
rent la grande majoritédes professionnelles, viticultrices, œno-
logues ou sommelières...
Évidemment, nul déterminisme génétique nepermet declasser les
vins selon uncodage XX ou XY.Aucune étude scientifiquen’est
venue corroborer les idéesreçues sur les goûts desfemmes en
matièredevin. De nombreux travaux se sontcertesintéressés aux
rapports des hommes et desfemmes au sucré, au salé ou encoreau
gras. Uneétude, souvent reprise dans les médias,avanceainsi que
les hommes sontplus attirés parle« gras-salé»etl es femmesparle
«gras-sucré».Publiée en 2014 dans larevueBritish Journal of
Nutriti on,elle aété conduitepar CarolineMéjean (INRA) etAurélie
Lampuré (alorsdoctorante), dans le cadredel ’étude NutriNet-Santé
sur unpanel de 37181 adultes. De quoiconfor terl’image des

Les femmessont-eLLesattirées parcertainsvins?
Le marketingaimeraitexpLoiterLefiLon.
maisLasciencenepeut rienaffirmer.
restentLes préjugéset Leshabitudes...

hommestendancesaucisson et desfemmestendancetiramisu.Une
photographieforcémentréductrice, car les caractéristiques socio-
culturelles influentaussi sur les goûts, ainsi que le précisentces
études.S’agissantduvin, rien nepermet d’en déduireque les
femmes s’accompliraientaus auternes capiteux ouàl’élégantcham-
pagne blanc de blanc, quand les hommes s’éclateraientaumadiran
giboyeux ou aubandol auxtanins affirmés.
D’autantque lesattitudes deconsommation nepermettent pasnon
plus de tirer desconclusions genrées.«Onsort des schémas sur les
femmesquiconsommeraientdesvinsdifférent s,mêmesidesnuances
entre les femmes et les hommes peuventapparaître.Mais on ne peut
plus direles femmes achèten tetl es hommesconsomment»,avance
Marie Mascré,cofondatricedel’agencedemarketing spécialisée
Sowine.Eneffet, le baromètreannuelréalisé parSowine et lepané-
listeDynata,auprès d’un échantillon de1000 personnes âgées de
18 à65ans, enavril 2019, montredegrandes similitudes dans les
comportements deconsommation et d’achats. Iln’existequasiment
aucune distinction entreles femmes et les hommes quantàla
consommation de blanc.Idem pour le rosé, pourtant taxé souvent
de vinféminin:18%des femmes disentenêtregrandesconsom-
matrices, soit uneàplusieursfois parsemaine, unpourcent ageéqui-
valentchez les hommes. La différencesef ait plus sensible sur le vin
rouge :16%des femmes affirmentenconsommer uneàplusieurs
fois parsemainecont re 30 %des hommes. Et sur le goût général
pour le vin:30%des femmes se disent«grandes consommatrices
de vins»cont re 43 %des hommes.Mais, là encore, difficile de ne
pasyvoir un héritage culturel.
L’étude met enrevanche enrelief une nette différenced’apprécia-
tion entrehommes etfemmes sur lescompétences qu’ils ou elles
s’attribuent:«Ellessedisentnéophytesà60% ,uneproportion

TexteRémi BARROUX
Illustrations CharlotteMOLAS

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