Le Monde - 26.10.2019

(Wang) #1
Ce petit hommeauxCheveuxplus blanCs qu’autre-
fois qui remonte la rue blainvilledans le cinquièmearrondis-
sementn’est autreque le dernier mairededroitedeParis. C’est à
peine si on leremarque, flottant un peudans soncostume gris et
sa parka crème. Ilatoujoursles dents dubonheur et lesyeux
ronds.«Vous savez, jen’aurais pas grand-choseàvous raconter»,
avait ditJeanTiberi, 84 ans,avantd’accepter unrendez-vous dans
un cafédelaplacedelaContrescarpe.D’une politesseexquise,
celui qui de 1995à2001 régna àl’Hôtel de villeatenu parole. Il a
laissétoutefoistransparaîtr eunpeu de l’effarement quifut lesien,
dix-huit ans plustôt, lorsque PhilippeSéguin, issucomme lui du
RPRvoulut prendresaplace.«Pourtant,répétait-il encoreincré-
dule,nous étions très proches.Nous venionstous les deux dugaul-
lisme social.Jen’ai pascompris pourquoi il est venuàParis.
Ce n’était pasconvenable.»
Deux candidats du mêmepartidans une guerretotale, c’était un de
trop .Lecombat fut violent, âpre, sans merci.Aucun ne sereleva.Le
socialiste Bertrand Delanoëfut élu, mettant fin aurègnedeladroite
commencéen1977 avec la premièredes trois élections deJacq ues
Chirac.FrançoisedePanafieu en 2008etNathali eKosciusko-
Morizet en 2014tentèren tensuitedereleverledrapeau, devenu
celui de l’UMP.Envain.Un peuplus àl’ouest, mairie du

septième arrondissement. Rachida Dati, mairedepuis 2008, s’est
lancéeàson tour danscetteélection oùtous lescoups sontpermis,
surtout entre«amis».ÀParis, la droiteapresquetoujoursfait
étalage des divisions qui la minent, des haines qui larongentet
de l’irrationalitéqui la gagne. Comme sicettecollectivité,
ses 51000 agents et ses 10 milliards d’euros de budget larendaient
folle àlamanièredes fléchettesempoisonnées auradjaïdjah dans
une desaventuresdeTintin,Le Lotusbleu.Presquepersonne,àpart
elle-même, ne donne unechanceàl’ancienne garde des sceaux de
succéder àAnne Hidalgo.«C’estlap irecandidatureàl’exception de
toutes les autres»,confie un élu qui ditpourtant la soutenir...
Dansl’étatactuel dupartiLes Républicains (LR), c’est unebonne
raisonpour obtenir l’investitureofficielle.Au téléphone, on la
devineàlaf ois nerveuse etcombative.«Lapriorité, c’est dechan-
gerles visages. Lesélus sonttotalementdéconnectés de laréalitéet
des problèmes desParisiens. Ils sonthorssol.Leursbagarres internes
les ontrendus aveugles aux modifications de la société. Ils survivent
par tactique, au grédes trahisons...»La campagnen’apas com-
mencéqu’o nasorti lesarmes. Sa candidature est loin defaire
l’unanimité. Entendu dans labouched’unconseiller deParis:
«Jenecrois pasàladroiteLouboutin.Je n’ai pascommencéavec
Séguin pour finirave cDati.»La guerreest repartie.

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Jean Bernar


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