Libération - 22.10.2019

(Michael S) #1

de Gazivode durant les célébrations de l’Epiphanie, en janvier 2018. Photo Andrew TESTA. PANOS-REA


majoritairement serbe. Le barrage
de Gazivode a d’ailleurs été financé
grâce à un prêt de la Banque mon-
diale, dont s’acquitte toujours au-
jourd’hui Belgrade, près de qua-
rante ans après sa signature. Mais,
à Pristina, on préfère mettre l’ac-
cent sur le passif yougoslave dans la
paupérisation du Kosovo. «A l’épo-
que de la Yougoslavie, le Kosovo n’a
pas reçu les investissements néces-
saires dont bénéficiaient d’autres ré-
gions, simplement parce qu’il était
albanais, explique Adri Nurellari.
A cause de ça, seuls 25 % des terres
arables du Kosovo ont aujourd’hui
accès à un système d’irrigation or-
ganisée.» Les eaux de Gazivode sont
aussi indispensables pour l’irriga-
tion et un secteur agricole appelé à
être modernisé, le pays dépendant
fortement des ­importations.

Intérêts américains
Très présente au Kosovo, l’adminis-
tration américaine a annoncé début
septembre son intention d’obtenir
rapidement un accord entre Bel-

grade et Pristina, en nommant un
nouvel envoyé spécial pour la
­région. Les Américains ont quel-
ques intérêts économiques au Ko-
sovo, notamment dans la nouvelle
centrale à charbon de 500 MW pro-
mue par les autorités de Pristina
pour renforcer la sécurité énergéti-
que du pays. Controversé pour son
impact écologique et les soupçons
de corruption qui l’entourent, le
projet pourrait être mené à bien par
ContourGlobal et des filiales de Ge-
neral Electric. Et pour cette nou-
velle centrale, les dirigeants koso-
vars comptent... sur les eaux de
Gazivode. Pour cela, il faudra
d’abord clarifier le statut du lac dans
le cadre d’un dialogue, aujourd’hui
complètement bloqué.
«Ce n’est pas tellement une question
émotionnelle comme celle qui
­concerne le nord du Kosovo – doit-il
ou non revenir à la Serbie? – ou sur
la reconnaissance ou pas du Kosovo
par la Serbie, c’est un problème es-
sentiellement technique, relativise
Dragisa Mijacic. La question est de

savoir qui a le plus de droits, quels
droits et comment ces installations
doivent être gérées.» Une gestion
commune et paritaire des infras-
tructures du lac aurait été avancée
par les négociateurs de l’UE, solu-

tion que les dirigeants nationalistes
des deux bords ne tiennent pas à
éventer. «Le lac n’est que l’un des
nombreux litiges qui sont sur la ta-
ble des discussions, tempère Adri
Nurellari à Pristina. Il ne peut y
avoir qu’un accord global qui inclue
tous les problèmes pour que rien ne
soit laissé de côté et éviter de futurs
ressentiments.»
Sur l’une des digues de Gazivode,
Branko n’a pas de ressentiment, lui.
Les tensions qui agitent les eaux du
lac ne l’intéressent pas. Il y voit plu-
tôt l’ombre des intérêts géopoliti-
ques qui n’ont cessé de malmener
les populations des Balkans. «Vous
savez quoi? Je m’en fous de tout ça,
je ne déteste pas les Albanais ou les
Croates, c’est un truc de politicien
tout ça.» Né serbe en Dalmatie
­croate, il s’est retrouvé réfugié au
Kosovo, pris dans la tourmente de
l’implosion de la Yougoslavie. L’œil
rieur, il montre une colline au-des-
sus du lac : «Là, je bois du vin avec
des Albanais, on aime le vin comme
vous, les Français.»•

«Le lac n’est qu’un


des litiges qui sont


sur la table des


discussions. Il ne


peut y avoir qu’un


accord global qui


inclue tous les


problèmes pour


éviter de futurs


ressentiments.»


Adri Nurellari
conseiller politique au Parti
démocratique du Kosovo

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