Les Echos - 22.10.2019

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Voyages. Sont ciblés « le grand
Ouest, la Côte d’Azur et le Nord »,
précise le dirigeant. Pour sa part,
Sainte Claire, un franchisé Thomas
Cook, dispose d’une trentaine
d’agences.
Par ailleurs, indique-t-on de
bonne source, « des fonds d’investis-
sement sont potentiellement intéres-
sés » par la branche française du
voyagiste britannique.
A contrario, les tour-opérateurs
français paraissent sur leur
réserve. Après en avoir discuté avec
son actionnaire Siparex, NG Travel
(Kappa Club, Club Coralia, Direc-
tours) a ainsi « décidé de ne pas faire
d’offre de reprise de Jet Tours »,
selon son dirigeant et cofondateur
Olivier Kervella. « Nous préférons
pour l’instant nous concentrer sur le
développement de nos propres mar-
ques », dit-il. La branche française
de Kuoni, dans le giron de l’alle-
mand DER Touristik depuis l’an
dernier, ne serait pas non plus sur
les r angs. Pas plus que l ’italien A lpi-
tour, qui développe la marque
Bravo Club en France.
Si Jet Tours est une marque his-
torique des clubs de vacances et
des circuits, d’aucuns estiment, il
est vrai, que l’effondrement de
Thomas Cook pourrait lui être
fatal. « Il faudrait que la reprise se
fasse très vite », souligne un profes-
sionnel du secteur, alors que l’acti-
vité de la branche française est à
l’arrêt. Il a été demandé aux sala-
riés, dans une période où l’activité
commerciale est réduite, de pren-
dre leurs congés payés et leurs
RTT, en attendant les conclusions
du tribunal. Ce dernier tiendra une
audience le 5 novembre.n

Thomas Cook représentait l’un des principaux réseaux d’agences de voyages en France, avec 174 points de vente en propre et 247 autres exploités par des franchisés.
Photo AFP

Christophe Palierse
@cpalierse


Le chapitre franco-français de la
faillite du voyagiste britannique
Thomas Cook change de registre
à compter de mardi à 19 heures.
Les candidats à la reprise de tout
ou partie des actifs de Thomas
Cook France, placé en redresse-
ment judiciaire le 1er octobre par le
tribunal de commerce de Nan-
terre dans la foulée de l’effondre-
ment de sa maison mère, ont jus-
qu’à cette échéance pour déposer
leur offre.
L’enjeu est d’importance pour le
secteur, s’agissant de l’un des prin-
cipaux réseaux d’agences de voya-
ges avec 174 points de vente en pro-
pre et 247 autres exploités par des
franchisés, mais aussi d’un acteur
dans les domaines des clubs de
vacances et des circuits, avec les
marques Jet Tours, Club Jet Tours
ou Club Jumbo. Globalement, Tho-
mas Cook France compte 777 sala-
riés pour un chiffre d’affaires brut
annuel – constaté à la fin septem-
bre – avoisinant 750 millions
d’euros, chacun de ses deux grands
métiers en générant grosso modo
la moitié respectivement. Visible-
ment, cet ensemble suscite des
convoitises.


Dans un communiqué publié
dimanche, Thomas Cook France
confirme ainsi « l’intérêt de plu-
sieurs repreneurs, dont certains
s’étaient déjà manifestés avant la
mise en redressement ». Evoqué au
début du mois, le projet d’offre
commune réunissant le groupe
lyonnais Marietton Développe-
ment et le finistérien Salaün Holy-
days se confirme, mais dans le
cadre d’un trio avec un petit acteur
de la distribution, le groupe
Sainte Claire.


Intérêt des fonds
d’investissement
Ce trio est candidat à la reprise
d’une centaine d’agences, chacune
des trois parties complétant son
maillage respectif. Marietton Déve-
loppement, qui compte plus de
485 agences sous diverses ensei-
gnes, souhaite ainsi « renforcer »
Havas Voyages, l’une de ses mar-
ques phares, précise aux « Echos »
son président, Laurent Abitbol. De
son côté, Michel Salaün, le prési-
dent de Salaün Holidays ( 128 points
de vente en France), veut étoffer
son réseau ainsi que celui qu’il
exploite sous l’enseigne Havas


lLes candidats à la reprise de tout ou partie des actifs de la filiale française du voyagiste britannique Thomas Cook


ont jusqu’à ce mardi pour déposer leur offre.


lLes groupes Marietton Développement, Salaün Holidays et Sainte Claire sont notamment candidats pour reprendre


de concert une centaine d’agences.


Heure de vérité pour Thomas Cook France


TOURISME


Alors que plusieurs


candidats à la reprise


se sont déclarés,


les tour-opérateurs


français paraissent


réservés.


« Club Med et sa maison mère, Fosun,


ne feront pas d’offre de reprise »


Propos recueillis par
C. P.

L


’effondrement du voyagiste
britannique n’affectera pas
Club Med, assure Henri Gis-
card d’Estaing, le président de
l’exploitant de villages de vacances.
Dans cette affaire, la position de
Fosun, la maison mère chinoise de
Club Med et premier actionnaire de
Thomas Cook, n’a pas varié, indi-
que-t-il également.

Dans un entretien aux « Echos », le
président de Club Med, Henri Gis-
card d’Estaing, analyse la transfor-
mation de son secteur. Ce dernier,
qui est également vice-président de
la branche tourisme de Fosun – le
premier actionnaire chinois du
voyagiste britannique au moment
de sa faillite –, apporte aussi son
éclairage sur l’é chec du sauvetage
de Thomas Cook.
Thomas Cook est un distribu-
teur historique de Club Med,
le premier même sur le mar-
ché français. Quelles sont les
répercussions de cette faillite
sur votre activité?
Le réseau intégré de Thomas Cook
en France représente moins de 4 %
de notre volume d’affaires. A l’inter-
national, c’est beaucoup moins
encore. Grâce au travail mené avec
l’APST (organisme de garantie des
agences de voyages), nous avons pu
récupérer toutes nos créances. En
conséquence, il n’y a ura pas
d’impact financier immédiat de la
faillite de Thomas Cook pour
Club Med. E t nous avons pu assurer,
et n ous assurerons pour les voyages
à venir, tous les départs et r etours de
nos clients ayant réservé via Tho-
mas Cook. C’est le bénéfice de notre
modèle, au final très protecteur :
nous pouvons assurer de bout en
bout les vacances de nos clients
dans nos propres villages.

Il est dit que l’effondrement
de Thomas Cook illustre la fin

paru ou ont été absorbés. C lub Med,
que l’on vouait à disparaître, e st tou-
jours là.

Pourtant, vous avez un modèle
plutôt intégré...
Notre modèle est solide et spécifi-
que. Nous contrôlons en France
80 % de notre distribution et nos
destinations ; nous proposons un
concept unique de vacances et
nous ne sommes pas dans l’aérien
où nous travaillons p our l’essentiel
avec des compagnies régulières.
Par ailleurs, au-delà de sa montée
en gamme, qui l’a rendu bien
moins sensible à la conjoncture, de
son développement avec des parte-
naires qui portent l’immobilier, du
renforcement de sa distribution,
Club Med s’est g lobalisé et a rééqui-
libré son activité dans un monde
toujours plus incertain depuis


  1. Nous avons désormais accès
    aux marchés en forte croissance.
    Je pense notamment à la dynami-
    que asiatique. D’une manière
    générale, le monde du voyage est
    globalement en croissance. De
    nouveaux acteurs venus du monde
    numérique ont certes largement
    tiré leur épingle du jeu mais des
    voyagistes spécialisés comme
    Voyageurs du Monde, ont égale-
    ment grandi.


Vous avez évoqué l’Asie.
Le ralentissement économique
en Chine et la crise politique
à Hong Kong ne vous affecte-
raient donc pas?
Nous sommes en croissance en
Chine, devenue le premier marché
mondial du tourisme. Notre posi-
tionnement haut de gamme et
l’appui de notre propriétaire Fosun
nous protègent et notre clientèle
chinoise séjourne d’abord dans nos
sites chinois ou en Asie.

Fin août, Thomas Cook était en
passe d’être repris par la bran-
che tourisme de Fosun. Quinze
jours plus tard, il sombrait.

Pourquoi un tel revirement?
Dans cette affaire extraordinaire-
ment complexe, la position de
Fosun, qui n’était pas représenté au
conseil d’administration, n’a pas
varié tout au long du processus.
Saisi début juillet d’ une proposition
du conseil d’administration, discu-
tée avec les banques créancières,
Fosun avait fixé un cadre dès le
début et dit que rien n’était acquis.
C’est la position de certains autres
protagonistes qui a varié.

Club Med et sa maison mère
s’intéressent-ils malgré tout
à la reprise de certains actifs
de Thomas Cook dans le cadre
de sa vente par appartements,
notamment en France?
Nous ne ferons pas d’offre. Pour le
reste, s’agissant de la France, nous
attendons l a décision du tribunal de
commerce. Nous restons bien
entendu e n contact avec les f ranchi-
sés, et nous allons continuer de tra-
vailler avec les autres réseaux.

Quelle est la place d’une
agence dans ce monde
du voyage toujours plus
numérisé?
Notre distribution est aujourd’hui
véritablement « omnicanale ».
Quand on analyse le parcours de
notre client, qu’observons-nous? Il
commence à préparer ses vacan-
ces 130 jours avant le départ et a
9 contacts avant sa réservation,
passant par Internet, et/ou l’un de
nos nouveaux espaces de vente et
de rencontre conçus dans des
appartements, ou une agence clas-
sique. Il y a de l’avenir pour les
agences de voyages physiques à
partir du moment où elles appor-
tent une expérience et un service
spécialisé. Pour autant, le numéri-
que est devenu un chantier sans
fin. En la matière, grâce au soutien
et à l’expertise de Fosun, nous
avons fait des progrès considéra-
bles et nos investissements ont
doublé en trois ans.n

du modèle du voyagiste inté-
grant la chaîne du voyage
avec ses agences, ses avions,
ses hôtels...
Cette entreprise avait des problè-
mes spécifiques, d’endettement
notamment. Cela étant, ce modèle
d’intégration totale a été percuté
par trois chocs, sans parler de la
conjoncture : les nouvelles attentes
des clients – particulièrement les
Millennials –, le numérique –
notamment mobile –, les aléas géo-
politiques et climatiques. Avec, en
parallèle, le développement du
transport aérien « low cost ». Ce qui
fait la différence désormais, c’est la
marque et la spécificité du produit,
l’expérience unique que vous pro-
posez aux clients. Il y a une quin-
zaine d’années, l’Europe comptait
cinq grands voyagistes : TUI, Tho-
mas Cook, MyTravel, First Choice,
et Kuoni. Il n’en reste plus qu’un
aujourd’hui, T UI. Les a utres o nt d is-

HENRI GISCARD
D’ESTAING
Président
de Club Med

Il a dit


« Il y a de l’avenir
pour les agences
de voyages physi-
ques à partir du
moment où elles
apportent une expé-
rience et un service
spécialisé. »

Joël Saget/AFP

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Mardi 22 octobre 2019Les Echos

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