Les Echos - 22.10.2019

(avery) #1

Les Echos Mardi 22 octobre 2019 ENTREPRISES// 21


Le thème de la sécurité brandi
depuis l’accident de TER mercredi
dans les Ardennes est-il l’arbre qui
cache la forêt? « Ce qui s’est passé
ces derniers jours était une simple
étincelle jetée sur un ballot de paille
très sec », estime Thomas C avel de la
CFDT-Cheminots. Son organisa-
tion a déposé dès vendredi une
« alarme sociale », une demande de
concertation immédiate, car « nous
voulons travailler au fond et avoir
des réponses dans la durée ».
Moins exigeant, Roger Dillen-
seger (UNSA) se satisfait du « relevé
d’engagements » établi après une
longue table ronde vendredi soir,
qui répond à une partie des inquié-
tudes soulevées par la base. « Les
sujets sont posés, maintenant il faut
faire le travail de fond et obtenir
l’apaisement », dit le représentant
du deuxième syndicat maison. En
revanche, sur la forme, « le ton
menaçant tendant à vouloir passer
par la voie judiciaire [contre les sala-
riés ayant posé le sac, NDLR] est la
plus mauvaise méthode », dit-il.
Sur la table, quatre points ont été
d’ores et déjà abordés à la suite des

discussions demandées par la CGT et
continueront à être creusés cette
semaine. Points peut-être moins
mineurs qu’ils n’y paraissent. Le pre-
mier porte sur un renforcement de la
partie basse du poste de conduite de
certains TER, dits « AGC » (« auto-
rails de grande capacité »), pour
mieux protéger leurs systèmes d’aler-
tes en cas de collision – et éviter le scé-
nario de la semaine dernière, où le
conducteur a utilisé son propre por-
table et s’est risqué sur la voie pour
donner l’alerte. Un calendrier de
« rétrofit » de plusieurs centaines de
rames est attendu prochainement.
Second point à l’é tude, un report
de 3 à 6 mois du changement de
procédure de départ des trains en
gare, qui était prévu au 15 décem-
bre. La nouvelle logique, imposée
par une directive européenne, v ise à
déléguer plus de pouvoir de déci-
sion, en termes de départ des trains,
au mécanicien plutôt qu’à un chef
de service sur les quais. « Mais les
conducteurs ne sont pas assez for-
més », objecte la CFDT.
Troisième point proposé ven-
dredi, l’accélération de 200 recrute-

ments de personnels de sûreté,
notamment en Ile-de-France. « Il
s’agit d’une simple accélération : on ne
va pas créer des postes qui ne sont pas
prévus au budget », nuance une
source syndicale. Dernier sujet à tra-
vailler à moyen terme, les évolutions
métiers des agents de conduite.

Pas d’embauches
de contrôleurs
En creux en tout cas, il est clair qu’à
la veille de l’ouverture à la concur-
rence, la direction n’a aucune inten-
tion de remettre plus de contrôleurs
à bord des TER, comme le deman-
dent les syndicats qui dénoncent la
« déshumanisation » du service fer-
roviaire. Actuellement, 75 % des
rames de trains régionaux sont
équipées de ce dispositif dit « EAS »
(« équipement agent seul »), mais,
dans les faits, il arrive fréquemment
que ces trains comptent quand
même un contrôleur à bord.
Reste surtout à renouer les fils du
dialogue social. Ce qui semble
malaisé au moment où la direction,
soutenue par le gouvernement, pré-
voyait lundi de lancer des retenues

verra sa base installée tripler au
cours des cinq prochaines années,
tiré par l’Europe – où les appels
d’offres se multiplient –, les Etats-
Unis et la Chine, mais restera très
minoritaire (seulement 4 % d es n ou-
velles capacités sur cette période).
L’énergie hydroélectrique, elle,
ralentit, mais elle représentera
encore un dixième de la croissance.

Nouveau recul des coûts
Le boom annoncé du solaire est tiré
par des coûts en chute libre pour
les cellules photovoltaïques, désor-
mais produites massivement en
Chine. Ils devraient encore reculer
de 15 à 35 % d’ici à 2024. Dans plu-
sieurs pays, les nouvelles fermes
solaires coûtent désormais moins
cher à mettre en place que des cen-
trales fonctionnant au charbon ou
au gaz, relève l’AIE. Une première.
Les coûts baissent aussi pour

l’éolien à terre et en mer. L’AIE a
revu ses prévisions à la hausse
grâce aux Etats-Unis et à l’Europe,
où les perspectives sont meilleures
qu’attendu. Les politiques publi-
ques fixant des objectifs ambitieux
en sont partiellement responsa-
bles. La croissance est forte aussi en
Chine et en I nde, mais de nombreux
obstacles demeurent dans ce der-
nier pays : accès aux financements,
faiblesse du réseau électrique, diffi-
cultés pour acquérir des terrains.
L’Afrique subsaharienne est la
seule région pour laquelle l’AIE a
revu ses prévisions à la baisse. La
croissance y est bridée par la qua-
lité des réseaux, le risque é levé pour
les investisseurs et les retards dans
la mise en œuvre des politiques
publiques.
« Les renouvelables sont déjà la
deuxième source d’électricité du
monde, mais leur déploiement doit

s’accélérer », déclare le directeur
général de l’Agence, Fatih Birol, cité
dans u n communiqué. Pour specta-
culaire qu’elle soit, la croissance
prévue par l’AIE est très insuffisante
pour tenir les objectifs de l’Accord

de Paris. Il faudrait installer
280 gigawatts de capacités renou-
velables pour y parvenir, moitié
plus que le rythme actuel.

Le charbon toujours leader
Malgré c e boom des renouvelables,
les énergies fossiles ne sont pas
près de disparaître, car les besoins
en électricité de la planète progres-
sent à vive allure, tirés par les pays
émergents. La part des renouvela-
bles dans la production d ’électricité
passerait de 25 % aujourd’hui à
30 % dans cinq ans. Le charbon ver-
rait sa part réduite à moins de 35 %,
mais il continue à progresser en
valeur absolue (on construit de
nouvelles centrales à charbon) et
resterait la première source d’é lec-
tricité dans le monde. Quant aux
centrales à gaz, leur part resterait
stable sur la période, comme celle
du nucléaire.n

« Les
renouvelables
sont déjà
la deuxième source
d’électricité
du monde, mais
leur déploiement
doit s’accélérer. »
FATIH BIROL
Directeur général de l’Agence
internationale de l’énergie

sur salaires, estimant dévoyée la
procédure juridique de droit de
retrait. Plus largement, les rapports
sociaux sont tout sauf détendus, et
le droit de retrait invoqué par la
base serait peu spontané.
Pour un cadre, « la CGT a claire-
ment construit un rapport de force
pour aller jusqu’au 5 décembre »,
n’attendant plus que le prétexte de
l’accident au passage à niveau
ardennais. Pour sa part, le secré-
taire général de la CGT Cheminots,
Laurent Brun, charge les pouvoirs
publics, accusés d’avoir joué le
pourrissement. « Vendredi soir,
nous étions à deux doigts de trouver
des solutions » avec la direction, et
« c’est le gouvernement qui a interdit
toutes négociations », a-t-il avancé
sur les ondes de RMC.n

75 %


DES TER
sont équipés du dispositif EAS
(équipement agent seul).

Denis Fainsilber
[email protected]

Après le coup de semonce social du
week-end, le trafic est peu ou prou
revenu à la normale lundi à la SNCF,
avec des difficultés plus p rononcées
pour les TER et trains I ntercités, les-
quels ne rouleront toujours pas à
100 % mardi. Mais, sur le fond, la
page est loin d’être tournée et les
derniers jours de la présidence de
Guillaume Pepy risquent de se
dérouler dans un climat explosif.

TRANSPORT


Le trafic a repris,
de même que les pour-
parlers sur plusieurs
points concrets.

Mais le climat
s’est encore tendu
avec les possibles
suites financières
ou judiciaires à donner
à ce conflit sans préavis.

Vers une croissance « spectaculaire »


de l’énergie solaire


lL’Agence internationale de l’énergie prévoit 50 % de capacités d’énergies renouvelables


en plus dans le monde d’ici à 2024.


lLa croissance est tirée par le solaire grâce à la chute du coût des panneaux photovoltaïques


et à des politiques publiques encourageantes.


Vincent Collen
@VincentCollen

Les énergies renouvelables repar-
tent d e l’avant. Après une année 2018
décevante en raison d’un ralentis-
sement en Chine, les nouvelles capa-
cités de production d’électricité à
partir d’éoliennes ou de panneaux
photovoltaïques vont progresser de
12 % cette année, la croissance la plus
forte enregistrée depuis quatre ans.
Ces prévisions ont été dévoilées
lundi par l’Agence internationale de
l’énergie (AIE).
Le mouvement est tiré par l’é ner-
gie solaire qui progresse à vive
allure dans l’Union européenne, en
Inde ou encore au Vietnam. L’éolien
à terre est en forte croissance aussi,
en Europe, aux Etats-Unis et en
Chine notamment. L’AIE prévoit
1.200 gigawatts de capacités supplé-
mentaires pour les énergies renou-
velables d’ici à 2024, une augmenta-
tion de 50 % par rapport au parc
installé aujourd’hui.

L’équivalent de la totalité des
capacités de génération d’électricité
en service aux Etats-Unis sera
ajouté au parc existant au cours des
cinq prochaines années. Le solaire
représentera à lui seul près de 60 %
de l’augmentation et l’Agence cons-
tate une montée en puissance des
installations privées (sur les toits
des maisons, des immeubles, des
commerces...), en plus des centra-
les solaires de plus grande enver-
gure. Une croissance que l’AIE qua-
lifie de « spectaculaire ». La Chine
deviendrait le numéro un mondial
dans ce domaine en 2021, d épassant
l’Union européenne.
L’éolien terrestre arrive en
deuxième position. L’éolien en mer

ÉNERGIE


A la SNCF, le climat social n’est pas près de se détendre


à suivre


Klépierre impacté
par ses cessions

IMMOBILIER Le groupe Klé-
pierre, propriétaire d’une
centaine de centres commer-
ciaux en Europe, a annoncé
lundi un léger recul de son
chiffre d’affaires au troisième
trimestre, plusieurs cessions
l’ayant privé d’une partie de
ses loyers, mais a confirmé
ses objectifs annuels. Sur les
neuf premiers mois de 2019,
la foncière a dégagé un chiffre
d’affaires de 997,1 millions
d’euros, soit un déclin de
0,9 %. Klépierre a vendu des
sites au portugal et en Hon-
grie et en a ouvert un à
Utrecht aux Pays-Bas.

Partouche va
sortir de son plan
de sauvegarde

JEU L’exploitant de casinos
Groupe Partouche (42 éta-
blissements) a annoncé lundi
le lancement de deux opéra-
tions de refinancement, l’une
bancaire et l’autre obliga-
taire, pour un montant global
de 115 millions d’euros. La
société compte notamment
refinancemer son crédit syn-
diqué existant, de quoi sortir
avec trois ans d’avance de la
procédure de sauvegarde
qu’il avait sollicitée en 2013
pour étaler le paiement de sa
dette. Par ailleurs, le numéro
deux français des casinos
compte financer la rénova-
tion de son parc.

Les agriculteurs
veulent mettre
la pression sur
le gouvernement

AGRICULTURE La FNSEA et
les Jeunes agriculteurs se sont
donné rendez-vous ce mardi
matin devant les préfectures
pour « envoyer un message
fort » au gouvernement et
« obtenir des réponses » sur le
sujet de « l’agri-bashing » et
de la « déconsidération » du
monde agricole – évoquant en
vrac les actions des militants
anti-spéciste dans les élevages
ou la « pression » mise sur les
phytosanitaires avec le débat
sur les zones de non-traite-
ment de pesticides.

Le Danemark
commande
de nouveaux
camions Caesar

DÉFENSE Nexter a signé avec
le Danemark un contrat pour
la livraison de 4 nouveaux
camions équipés d’un système
d’artillerie Caesar en sus des
15 commandés en 2017. Pour
Nexter qui équipe l’armée
française de ces canons
d’appui-feu de longue portée,
qui se sont révélés très utiles
lors de la bataille de Mossoul
en Irak, la commande danoise
est importante : elle laisse
espérer des contrats d’expor-
tations avec d’autres forces
européennes. L’AIE prévoit
1.200 gigawatts
de capacités
supplémentaires
pour les énergies
renouvelables
d’ici à 2024.

Shutterstock

Free download pdf