Les Echos - 22.10.2019

(avery) #1

38 // Mardi 22 octobre 2019 Les Echos


Johnson & Johnson paie ses 100.000 procès
dans sa fonte en Bourse.

De la poudre ou du pain, le dilemme des actionnaires des grossistes
pharmaceutiques pris dans le scandale des opioïdes aux Etats-Unis est
très rousseauiste, à ce détail près qu’ils peuvent y perdre jusqu’à leur
perruque. Les 50 milliards de dollars d’accord amiable évoqués ne sont pas
très éloignés des 60 milliards de leur valeur boursière cumulée. Purdue,
le fabricant de l’OxyContin, s’est placé sous la protection du chapitre 11 de la
loi sur les faillites, et le titre du génériqueur Teva a fondu des deux tiers en
un an. Le spécialiste de la vente à découvert Citron Research constate que le
motif juridique invoqué par les autorités plaignantes (troubles à l’ordre pu-
blic) autorise à faire toutes les poches. Avec ses 336 milliards de dollars
de capitalisation, Johnson & Johnson, fournisseur du principe actif
à Teva mais « petit » fabricant d’opioïdes, en fait probablement partie.
Mais l’overdose qui le menace est celle des 103.300 plaintes à l’encontre
de tous ses produits, dont le talc, accusé d’être cancérigène. Leur nombre
a été multiplié par douze en huit ans pendant qu’à Wall Street l’action
perdait de la vitesse sur le Standard & Poor’s 500 (34 points de pourcentage
de sous-performance). Les investisseurs semblent anticiper des
dommages cinq fois plus lourds que les calculs du courtier Bernstein.
Avec 60 milliards de valeur perdue depuis son pic de 2018, il y a déjà le feu
aux poudres.

Le feu aux poudres


« Dividende : procédé qu’on
emploie pour utiliser les bénéfices,
quand on a épuisé tous les autres. »
L’entreprise a beaucoup évolué
depuis les « Propos de O. L. Baren-
ton, confiseur », et si l’on devait
mettre au goût du jour le clin d’œil
d’Auguste Detœuf, le fondateur
d’Alsthom, on définirait plutôt
le coupon comme « le moyen
employé pour retenir les action-
naires ». Le CAC 40 est au plus
haut une fois les dividendes
réinvestis, alors que l’indice « nu »
vivote 18 % sous le record, jamais
battu, de septembre 2000. Les
actions rapportent plus qu’une
partie du crédit « junk » (noté BB)
depuis deux ans, alors que
les défaillances risquent de
se multiplier, constatent Christian
Ginolhac et Cédric Besson chez
Gaspal Gestion. Pour rester
détachés par rapport aux
mauvaises surprises, ils s’impo-
sent néanmoins une grande
sélectivité (une cinquantaine de
titres sur 250 dans la zone euro).

Le dividende est le dernier rempart contre la désaffection des investisseurs en actions.
Du neuf avec de l’ancien

M&G prend un départ prudent, sans nuire
à la création de valeur de Prudential.

Un an et sept mois, cela fait un bail. Et pourtant, ce n’est pas si mal pour
mener à bien la scission d’un groupe financier international de l’enver-
gure de Prudential, actif dans des dizaines de pays. La séparation bour-
sière a donc bien eu lieu à la date prévue du 21 octobre quand les actions
M&G distribuées aux actionnaires de l’assureur-vie – une reçue pour
une détenue – ont commencé à s’échanger de leur côté. Certains porte-
feuilles estampillés européens auront peut-être du mal à conserver
une blue-chip dont le centre de gravité bascule vers l’Asie et les Etats-
Unis. La place de Londres, en revanche, n’aura pas trop à verser de lar-
mes sur son « Old Pru », qui reste coté sur les bords de la Tamise, com-
me la nouvelle société cotée qui regroupe les activités d’assurance bri-
tanniques et européennes et une société de gestion. Au soir de la pre-
mière cotation, la City se retrouve ainsi avec deux valeurs pour plus que
le prix d’une. Le léger recul de M&G en séance a été compensé par
la progression de Prudential, de quoi calculer une création de valeur de
l’ordre de 2 milliards de livres. Le Brexit, la baisse des rendements et des
commissions ne facilitent pas la tâche de la nouvelle recrue, dont la ca-
pitalisation boursière se situe au bas de la fourchette envisagée par les
oracles financiers, de 5,7 à 8,5 milliards de livres. C’est parfois le mieux
pour conserver un potentiel de progression.

// Budget de l’Etat 2019 : 39 0,8 milliards d’euros // PIB 2018 : 2 .350 milliards d’euros courants
// Plafond Sécurité sociale : 3 .377 euros/mois à partir du 01-01-2019 // SMIC horaire : 10 ,03 euros à partir du 01-01-2019
// Capitalisation boursière de Paris : 1.684,85 milliards d’euros (au 09-10-2019)
// Indice des prix (base 100 en 2015) : 104 ,86 en août 2019 // Taux de chômage (BIT) : 8,2 % au 2e trimestre 2019
// Dette publique : 2 .322,3 milliards d’euros au 3e trimestre 2018

=
Les chiffres de l'économie

Un certain détachement


crible


EN VUE


Kenneth Jacobs


M


atthieu Pigasse se voyait pro-
mis aux plus hautes sphères
politiques, un peu Macron à la
place de Macron. En 2014, le magazine
« Capital » avait titré « Guerre froide
entre les banquiers roses ». Ça n’a pas fait
un pli. Il y a quelque chose d’Iznogoud
chez le propriétaire des « Inrocks ». Il
ne sera pas président de la République
et bientôt ne sera plus PDG de Lazard
France. Entre-temps, l’auteur du
« Monde d’après » a failli mettre le jour-
nal « Le Monde » sens dessus dessous.
Qui trop embrasse? Si Pigasse aime le
rock et la lumière, c’est moins le cas de
son chef, le patron de la banque
d’affaires américaine Lazard. Ken-
neth Jacobs préfère la discrétion, sou-
vent plus efficace dans le monde de la
finance. Lorsqu’il s’agit, en 2009, de
trouver un successeur au légendaire
Bruce Wasserstein « le pape de la
finance moderne », « l’inventeur des
OPA hostiles », Ken Jacobs, 51 ans alors,

ne partait pas favori. Né en 1958 à White
Plains près de New York, entré chez
Lazard en 1988 après quatre ans chez
Goldman Sachs, c e gros travailleur avait
fait son chemin en développant l ’activité
en Amérique du Nord notamment
auprès des entreprises moyennes. Le
basketteur n’avait pas raté beaucoup
de paniers. N’empêche, totalement
inconnu du grand public, presque un
« John Doe de la finance », après les
stars que furent Michel David-Weill et
Wasserstein, sa nomination à la tête de
la b anque Lazard, acquise à l’unanimité,
créa la surprise. Jacobs a de fortes atta-
ches françaises. Sa femme est la fille de
Paul Mentré, ex-président du Crédit
National, un autre grand de la finance.
Agnès Mentré est productrice de films.
Dans son palmarès figure « The Wrest-
ler » (Le Catcheur). Qui est KO?

(


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La Bourse de Paris se redresse



  • La Bourse de Paris a entamé la
    semaine sur une note positive. Les
    investisseurs ont semblé écarter le
    scénario d’un Brexit sans accord,
    en dépit du refus du Parlement
    britannique de voter, lundi, sur le
    dernier accord qui a été négocié
    avec l’UE. Par ailleurs, les derniè-
    res nouvelles en provenance de
    Washington sur les relations com-
    merciales ont relancé les espoirs
    d’une issue favorable sur le dossier
    et contribué à la hausse du mar-
    ché. Le CAC 40 a pris 0,21 %, à
    5.648,35 points, dans un volume
    d’échanges modéré de 3,3 mil-
    liards d’euros. Depuis le début de
    l’année, l’indice progresse de
    19,40 %.


Le CAC 40 a été soutenu par les
valeurs b ancaires. Crédit Agricole a
gagné 2,12 %, Société Générale
1,98 % et BNP Paribas 1 ,75 %. Les
titres liés aux matières premières,
sensibles à l’évolution des relations
commerciales sino-américaines,
ont progressé, à l’instar d’Imerys
(+4,80 %), d’ArcelorMittal
(+2,59 %) et d’Eramet (+2,99 %). Les
équipementiers automobiles ont
aussi profité des annonces. Plastic
Omnium a gagné 4,67 %, Faurecia
3,59 % et Valeo 3 ,73 %. A l’opposé,
Safran a cédé 2 ,02 %, Vivendi 1 ,97 %,
Engie 1 ,20 % tout comme L’Oréal.
Pour son premier jour de cotation,
Hoffmann Green Cement a ter-
miné en baisse de 1,64 %, à 18 euros.
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