Les Echos - 22.10.2019

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04 // FRANCE Mardi 22 octobre 2019 Les Echos


d’euros de chiffres d’affaires, et non
1 milliard d’euros comme prévu ini-
tialement. Le ministre de l’Action et
des Comptes publics, Gérald Dar-
manin, a précisé que 765 entrepri-
ses, soit 1.500 dirigeants, seraient
concernées, sachant que « la majo-
rité de ces dirigeants paie ses impôts
en France ». Le ministre a réagi aux
critiques selon lesquelles cet article
serait inapplicable en raison des
conventions fiscales. « Ces conven-
tions ne concernent pas tout le
monde et ne se valent pas », a-t-il
argumenté.


  • UN GESTE SUR
    LES TRAVAUX D’ISOLATION
    Les 20 % de ménages les plus aisés,
    qui devaient être exclus des aides à
    la rénovation énergétique, pour-
    ront finalement continuer de béné-
    ficier du CITE (crédit d’impôt tran-
    sition énergétique) pour l’isolation
    des murs. Pour les 8 0 % de ménages
    restants, une aide supplémentaire
    sera accordée en cas de rénovation
    globale. Concernant l’intégration
    des propriétaires bailleurs, la
    mesure n’a pas été retenue pour
    l’instant. Les parlementaires ont
    demandé un rapport sur le sujet.

  • LES « TROUS NOIRS
    FISCAUX » PERDURENT
    Le rapporteur général du budget, le
    député Joël Giraud (LREM), a été


contraint de retirer son amende-
ment qui visait à supprimer une qua-
rantaine de niches fiscales dont le
coût et le nombre de bénéficiaires ne
sont p as documentés d ans le budget.
Il semblerait que ces « trous n oirs fis-
caux », comme il les nomme, abri-
tent des « chiens qui mordent ».
« Les chiens s e sont décidés à sortir des
niches, parfois sous la forme de parle-
mentaires, et les cabinets étaient en
ébullition », a-t-il justifié.
Le rapporteur a fait marche
arrière sur la défiscalisation en loi
Malraux sur les bâtiments histori-
ques. Même opposition concernant
le crédit d’impôt famille, bénéficiant
aux entreprises qui financent des pla-
ces en crèche : il y aura bien une éva-
luation, mais le dispositif est main-
tenu. En revanche, Joël Giraud a
obtenu une évaluation d’ici à 2022 du
régime des impatriés dans la pers-
pective du Brexit. Il faut que
« nous sachions s’il convient d’infléchir
ou de conserver ce régime, qui repré-
sente un coût important, d’environ
200 millions d’euros », a-t-il indiqué.


  • NOUVEAU NETTOYAGE
    DE PETITES TAXES
    Les députés ont poursuivi leur tra-
    vail de nettoyage de taxes à faible
    rendement. Parmi elles, la taxe
    Apparu sur les loyers excessifs des
    logements de petite surface a suscité
    de longs débats. Sa suppression a


finalement été adoptée. Les discus-
sions ont révélé que son rendement
se chiffrait à seulement
500.000 euros. Cette taxe « n’atteint
pas son objectif – lequel par ailleurs ne
doit pas être oublié », a estimé Gérald
Darmanin, tout en avançant que la
loi Elan s’attaquait déjà au sujet.
Les députés ont failli faire tom-
ber une partie de l a taxe sur les t ran-
sactions financières, plus précisé-
ment celle sur le trading de haute
fréquence, qui rapporte seulement
50.000 euros. « Toute activité a dis-
paru, s’est exclamé le député Char-
les de Courson. Si nous votons la
suppression de la taxe, vous perce-
vrez des recettes fiscales supplémen-
taires. » Gérald Darmanin a ren-
voyé cette discussion à la deuxième
lecture, en attendant de mieux éva-
luer cette taxe.


  • HAUSSE CONTROVERSÉE
    DE LA TAXE
    SUR LES BUREAUX
    Ce n’est pas une petite taxe et elle va
    encore augmenter. L’Assemblée a
    adopté une surtaxe sur les bureaux
    situés dans les quartiers d’affaires
    de Paris et des Hauts-de-Seine pour
    financer le Grand Paris. Le prési-
    dent du département des Hauts-de-
    Seine, Patrick Devedjian, a dénoncé
    « un coup de poignard dans le dos du
    quartier d’affaires de Paris La
    Défense », à l’heure du Brexit.n


Le constat est connu : malgré de
réels progrès sous l’effet d’un cadre
juridique renforcé, dans la récente
loi Pacte notamment, les retards de
paiements moyens ne baissent
plus. Ils sont ressortis à 11 jours en
moyenne en 2018, selon l’Observa-
toire des délais de paiements. Pour
rappel, le délai convenu ne peut
dépasser 60 jours à compter de la
date d’émission de la facture ou, à
titre dérogatoire, 45 jours. « Mal-
heureusement, pour le moment, une
entreprise sur deux, une région sur
deux et un hôpital sur quatre payent
encore leurs factures hors des délais
prévus, certains s’affranchissant
même délibérément des compensa-
tions explicitement prévues par la
loi », souligne le rapport.

Créer une base de données
Face à ce qu’il qualifie de « fléau »,
Terra Nova préconise la création
d’un fonds d’aide aux TPE ou PME
alimenté à parité par le montant d es

amendes récoltées par la DGCCRF
(17,2 millions l’année dernière) et
par un prélèvement sur les ressour-
ces de mauvais payeurs du secteur
public. « Il serait juste que les mon-
tants ainsi récoltés reviennent aux
entreprises qui souffrent le plus de
ces retards de paiements », estiment
les auteurs du rapport, Djellil Bou-
zidi et Thibaud Frossard.
Comment? En finançant des
médiations interentreprises, un
fonds de garantie, ou en dévelop-

pant l’affacturage auprès des TPE
qui connaissent mal ce type de pro-
duit. Le centre de réflexion suggère
même de mettre en place des obliga-
tions dont le taux d’intérêt dépen-
drait du comportement en matière
de délais de paiements.
Pour Terra Nova, les retards de
paiements ne diminueront pas sans
effort en matière de statistiques.
Grâce à la mise en place du « name
and shame », on connaît quelques
mauvais payeurs, uniquement dans
le secteur privé, mais sans vision
exhaustive. Cette procédure de dési-
gnation des mauvais élèves devrait
être étendue au secteur public en
créant une base de données des
retards de paiements des acheteurs
concernés. « Aujourd’hui, nous ne
disposons que d’une information
agrégée », déplore Djellil Bouzidi.
Au p assage, le paiement des intérêts
moratoires des fournisseurs lésés
des collectivités locales ou de l’Etat
pourrait être rendu automatique.n

Macron face


à l’archipel social


I


l se garde bien de
le montrer, mais
le gouvernement n’est
pas mécontent de ce qui
s’est passé ces derniers
jours à la SNCF. Avec leur
« grève sauvage »,
les cheminots se sont mis
à dos une bonne partie
de la population, excédée
d’être prise en otage au
moment des départs en
vacances. Et ce mouvement
social reste très catégoriel.
Comme la plupart de ceux
qui ont surgi depuis la fin
du grand débat au
printemps, que ce soit
dans l’Education nationale
au moment du bac ou
à l’hôpital dans les services
d’urgence.
La « convergence des
luttes », dont rêvent
à haute voix la CGT ou
les Insoumis, ne se réalise
pas pour l’instant, les foyers
de contestation restant
très localisés. Les appels
aux mobilisations
interprofessionnelles
lancés par plusieurs
grandes centrales
syndicales ont fait pschitt.
Chacun mène le combat
de son côté, sur son île.
Une tendance lourde
de la société française,
bien décrite par le
politologue Jérôme
Fourquet (« L’Archipel
français », Seuil).
Mais la médaille a un
revers. Inquiétant pour le
gouvernement. Comme cet

été dans les lycées, le
conflit a surgi sans coup
férir, de la base, largement
en marge des
organisations syndicales,
contraintes souvent de
courir après. Les méthodes
d’action, très contestables
et très contestées, ont
surpris par leur radicalité
et leur caractère
incontrôlable, à l’instar de
celles retenues par les
« gilets jaunes » l’an
dernier. Tout en soulignant
le côté hautement
inflammable du climat
social dans bon nombre
d’entreprises ou de
services publics.
Depuis le début de l’acte II
de son quinquennat,
Emmanuel Macron tente
de relancer le dialogue
social et de remettre dans
le jeu les syndicats qu’il
avait jusqu’alors tenus à
distance. Le chef de l’Etat
consulte, affiche même sa
volonté de négocier avec
eux la réforme des
retraites. Mais,
singulièrement affaiblies,
les grandes centrales
ne font plus la pluie
et le beau temps.
Sur les retraites, sujet
anxiogène s’il en est, la
moindre étincelle peut vite
déclencher un incendie.
L’exécutif en a conscience et
s’emploie à déminer autant
que faire se peut. Les
catégories sociales en
colère sont écoutées et
ménagées, à défaut d’être
contentées. Ce n’est pas un
hasard si le secrétaire d’Etat
aux Transports, Jean-
Baptiste Djebbari, a baissé
de ton lundi à l’égard des
grévistes de la SNCF. On
n’est jamais trop prudent.

[email protected]

Si le mouvement à la SNCF reste très catégoriel,
il a de quoi inquiéter l’exécutif par son côté
incontrôlable. Il ne sera pas facile de bâtir le
« nouveau contrat social » voulu par le chef de l’Etat.

Une campagne pour améliorer le taux
de vaccination contre la grippe

SANTÉ Nouvelle communication « offensive », possibilité de
faire le vaccin en pharmacie... Le gouvernement a lancé lundi
la campagne de vaccination contre la grippe avec un objectif :
augmenter le taux de protection des populations à risque, qui
sous-estiment souvent la gravité de la maladie. Chaque année,
la grippe touche de 2 à 6 millions de personnes, surcharge les
urgences et fait 10.000 morts en moyenne.

en bref


Ingrid Feuerstein
@In_Feuerstein

La première étape du marathon
budgétaire est en passe d’être fran-
chie. L’Assemblée nationale est
appelée à voter ce mardi sur le volet
recettes du projet de loi de finances.
Au-delà d es deux principales mesu-
res de baisse de l’impôt sur le
revenu et de suppression de la taxe
d’habitation, de multiples débats
fiscaux ont animé le Palais-Bour-
bon durant cette première lecture.
Tour d’horizon.


  • DOMICILIATION FISCALE :
    76 5 SOCIÉTÉS CONCERNÉES
    Au cours du débat, les députés ont
    élargi le champ des règles de domi-
    ciliation fiscale pour les chefs
    d’entreprises françaises. L’obliga-
    tion pour les dirigeants et manda-
    taires sociaux de résider fiscale-
    ment en France s’appliquera aux
    entreprises de plus de 250 millions


FINANCES
PUBLIQUES

L’Assemblée nationale
est appelée à voter
ce mardi sur le volet
recettes du projet
de loi de finances.

Budget 2020 : les ajustements


votés par les députés


Domiciliation fiscale des dirigeants, ressources des collectivités, rénovation énergétique : les élus du Palais Bourbon ont obtenu
des aménagements durant les débats. Jacques Witt/Sipa

Comment mettre fin à la « culture »


du retard de paiement


Alain Ruello
@AlainRuello

Comment en finir avec la « culture »
française du retard de paiement qui
serait à l’origine de la faillite d’une
PME sur quatre, de dizaines de mil-
liers d’emplois perdus ou qui ne
voient pas le jour et qui coûterait
26 milliards d’euros en trésorerie?
Le centre de réflexion Terra Nova,
classé à gauche, avance plusieurs
propositions dans un rapport auquel
« Les Echos » ont eu accès et diffusé à
quelques députés dans l’espoir qu’il
alimente des amendements au pro-
jet de loi de finances pour 2020.

ENTREPRISES


Le centre de réflexion
Terra Nova préconise
la création d’un fonds
d’aide aux PME.

Dessins Kim Roselier pour


« Les Echos »


Pascal

Pochard-Casabianca/AFP

RetrouvezNicolas Barrédans


lejournalde7hpour«L’ éditoéco»


dansle6h-9hdeMatthieuBelliard


LE FAIT
DU JOUR
POLITIQUE

Stéphane
Dupont

« Une entreprise
sur deux paie
encore ses factures
hors des délais
prévus. »
TERRA NOVA
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