pouvoir surfer sur l’essor desréseaux sociaux, leur principal outil mar-
keting. »Ils ysuscitentled ésir enfaisantporterses tee-shirtsàdes
personnalités très en vuecomme lerappeur A$APRocky,lemême
qui, dans sachansonMultiplysortie en 2014, accuserapubliquement
le collectif de s’êtreservi de luipour vendreleursvêtements.Au fil
des années, ils s’imposentcomme des créateursdemodevivant
entr eParis, Ibiza etNewYork, multipliantles collaborations (Vans,
Nike, Ik ea...), échangeantavecleur studio de création parl’intermé-
diairedeWhatsApp et s’affichantpleinementpendantles défilés des
autres membres ducollectif.
Comme les membres de BeenTrill, Marcelo Burlon,cofondateur
de NewGuards Group, estàlaf ois DJ et directeur artistique de
County ofMilan.«Nous ne nousconsidérons pascomme des desi-
gners, mais plutôtcomme des directeurscréatifs.Notremétier,c’est
àlafois diriger une équipe de design,réfléchirauconceptd’undéfilé
et gérernosréseaux sociaux.Pourcela, nous observons beaucoup
notrepublic, safaçondes’habiller,deconsommer,defairelafête... »,
explique le quadraargentintato ué.
Pour
mieuxcerner le métier de créateur de
mode,KanyeWest est allé jusqu’àfaireun
«stage»(très médiatisé)chez Fendi. Dans
la foulée, en janvier 2009, il vientenbande
assisteràlaF ashionWeek deParis. Sonentourage, alorsanonyme,
intrigue les invités des défilés.Notammentuni nconnu enbaskets
jaunes,portantd’épaisses lunettesàmonture ro uge et une dou-
doune bleue sans manches:Virgil Abloh.Unepremièreincursion
dans le monde de la mode immortalisée paruncliché duphoto-
grapheTommyTon prisàlas ortie du défilé Comme des Garçons.
Parodiée dans un épisode deSouthPark,l’image deviendraculte.
Dix ans plustard,ces anonymes sontdevenus des starsdusecteur,
inscrits au calendrier officiel de laFédération de la hautecouture
et de la mode française.LesfondateursdeBeen Trill sa vent ce
qu’ils doivent àKanye West. En saluantlas alle lorsdufinal de son
premier défilé masculinpour Louis Vuitton, en juin 2018,Virgil
Abloh esttombéenlarmes dans les bras durappeur.Et, si Been
Trill aperdu de son auradepuis lerachat du nom, en 2015,par
PacSun, unechaîne californienne de magasins de streetwear, ses
fondateursont fa it des émules.«Jereçoistous les joursdes mes-
sagesdejeunes créateursenquêtedeconseils,certains voudraient
même entrerdans l’escarcelle deNewGuards Group,affi rme
Marcelo Burlon.Beaucoup d’acteursdel’industrie s’inspirentde
notrebusinessmodel.»
Cette figureducréateur touche-à-tout et frénétique, que les
membres deBeen Trill ontfait émerger,est-elle éphémèreou
annonce-t-elle une mutation durable de l’industrie de la mode,
comme l’assureMarcelo Burlon?Impossibleàdire. La question
n’est pastantdesavoir si lesystème de la mode est prêt que de
saisir si les créateurseux-mêmes le sont.Le mois dernier,dans une
interviewàVo gue US,Virgil Ablohaannoncémettr eensuspens ses
voyages etfaireune pause de trois mois.Le médecin lui aurait dit :
«Cerythme auquel vous avez poussé votrecorps–parcourirtous
ceskilomètres,réalisertouscesprojets–n’est pas bon pour votre
santé.»Plus de setàIbiza ni d’ouverturedeboutiqueàSingapour
ou de défiléàParis, Virgil doitrester tranquillementchez lui, à
Chicago,pour tr availler sur sescollections.Àl’ancienne.
Dehautenbas,
VirgilAbloh,
MatthewWilliams
etHeronPreston,
àNewYork;
l’actriceMaisie
Williams,
lerappeurGunna,
ledirecteur
artistiquede
LouisVuitton,
VirgilAbloh,et
lecollectionneur
devoitures
ArthurKar,
audéfiléHeron
Preston,le
15janvier2019,
àParis;
lerappeuret
hommed’affaires
Kanye Westaux
côtésdeHeron
Preston,àNew
Yorken2013.
87
lemagazine