Le Monde - 05.10.2019

(Marcin) #1
Festival desrésidences d’artistes
édition 2019La fin desforêts*
CollectionLambert,Avignon
11 oc tobre–10novembre

Exposition, arts plastiques,
cinémaet vidéo,musique,
performances,rencontres
http://www.vivavilla.info
#vivavillafestival

CASA DE VELÁZQUEZ
VILLAKUJOYAMA
VILLA MÉDICIS
*Titreemprunde Benjamin Bertrand, lauréat de la Villaté àune piècechorégraphiqueKujoyama

DE L’EUROPE ET DESAFFAIRES ÉTRANGÈRESMINISTÈRE
avec le soutien de en partenariat avec

Graphisme

:Auror eBrunetetN

ina Pilon

Parmi les multiPles avaNies eNduréesParFraNcis
Ford coPPolasur letournage au longcoursd’ApocalypseNow,il
yavait le cas de DennisHopper .Dans cetteadaptation d’Au cœur des
ténèbres,de Joseph Conrad, laperformanceduréalisateur d’Easy
Riderse révèle encoreplus elliptique quecelle deMarlon Brando, et
presque autantmémorable. Sa présencerelève de l’hallucination :
un photographe enchemise indienne,bandana autour de latête,
lunettes fumées,avec plusieursappareils photoautour ducou,
accueille les membres hagards d’unepatrouille de l’armée améri-
caine, dans un îlot situé au-delà de la frontièrevietnamienneavec le
Cambodge, oùrègne sur une tribu indigène un officier de l’armée
américaine quiaperdu laraison.L’hallucination tientaussi àlaper-
sonnalitéerratique deHopper ,perdu durantune bonne partie de la
décennie 1970, entreparadis artificiels, happenings et alcool, dans
une gestion improbable de sa carrière.Un acteur dontlesuccès
phénoménal d’Easy Rideren 1969 aurasoldéladisparition au lieu
de signer son inscription dans lepaysage du cinéma américain.
La réapparition improbable de DennisHopper dans le cauchemar
hippie Côteouest du dernier tiersd’ApocalypseNowajouteun
indicesupplémentaireàlacompréhension dece chef-d’œuvre.Le
film de Coppola ne metpasseulementenscène le cauchemar
vietnamienàune époque, latoutefindes années 1970, oùcette
guerredevient centrale dans le cinéma américain.Avec Dennis
Hopper,ApocalypseNowsolde une èrefinissante,celle des espoirs,
des révolutions, du FlowerPower, justeavant l’arrivéedeRonald
Reagan àlaMaison Blanche.
L’irruption de DennisHopper dansApocalypseNowobéissait à
un désir précis de sapart.Ili dolâtraitMarlon Brando depuis
l’adolescence.Tourneràses côtésétait sonrêve.Aupointqu’il
avait fait spécifier dans soncontratqu’il aurait au moins une
ligne de dialogueavec lavedettedeSur lesquais.Sauf quece
dernier,effrayé parlemodedevie deHopper et saconsomma-
tion déraisonnable de drogues,exigeait non seulementdenepas
partager l’écranavec ce partenaire, mais même de nepaslecroi-
ser sur le plateau.«Que pouvons-nousfairepour vous aider à
interpréterce rôle ?»,avait demandé un assistantdeFrancis Ford
CoppolaàHopper.«Unbon kilo decocaïne »,avait répondu
Hopper,obtenantd’ailleurslamarchandise souhaitée.Hopper
manifestait d’autres manies.Ilneprenait jamaisde douche.Au
pointdecréer uncercle invisible autour de lui.Hopper,accom-
pagné de sapetiteamie du moment,avait l’habitude defaire

SURToUS voSéCRAnS StupéfiantDennisHOPPER.


l’amour entourédeplusieursdizaines debougies. Ce rituel ano-
din allaitpass er moins inaperçu lorsque lesbougies, aprèsavoir
provoqué unfeudans satente, enflammèrentles décors.Le film
qu’iltournait s’intitulaitApocalypseNow.Dufilm, Hopper ne
retenait que le titre. C’était l’histoiredesavie.
ApocAlypse now: the finAl cut(3 h02), de frAncisford coppolA,
éditédAns uncoffretblu-rAy pArpAthé.

TexteSamuel BLUMenFeLD

Rue des Archives/E


verett

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