Aidants :
des enjeux, des réponses
Ce 6 octobre, la Journée nationale des aidants met en lumière le rôle fondamental et difficile
des Français qui accompagnent quotidiennement un proche fragilisé. Si la loi clarifie petità
petit leur statut, ilreste beaucoup à fairepour les soulager. Focus sur ces acteurs trop peu
visibles de la solidarité active.
Del’importancedereconnaîtrelesaidants
3questionsàStéphaneJunique,présidentd’HarmonieMutuelle
À quoi sert la Journée nationale
des aidants?
11 millions de personnes soutiennent, accom-
pagnent, apportent une aide irremplaçable
dans la vie quotidienne d’un de leurs proches.
Leur soutien est moral, organisationnel, et
parfois financier. Ce sont aussi de vrais facili-
tateurs des parcours de santé. Ils sont de plus
en plus impliqués pour prodiguer des soins,
gérer et administrer des médicaments. Ils
coordonnent les interventions à domicile des
professionnels de santé. Cette forme de
solidarité a longtemps été sous-estimée. Elle
était très éloignée des préoccupations des
pouvoirs publics, des acteurs de santé et de
solidarité. Au regard de l’allongement de la
durée de vie, notre pays a pris conscience que
cette communauté des aidants est une pépite
qu’il faut valoriser. Cette Journée nationale
permet de comprendre qu’ils sont indispensables
au quotidien. C’est aussi un moment qui met
en évidence une forme de solidarité qui fonc-
tionne.Toutes les sociétés sont concernées
par des défis d’accompagnement et de meilleure
prise en charge de la situation des aidants.
Aujourd’hui, quelles aides
« officielles »reçoivent-ils?
Un certain nombre de mesures visent à recon-
naître des compensations ou des prises en
charge. La loi de 2015 renforçait les droits
des proches aidants en permettant au salarié
d’arrêter temporairement ou de réduire son
travail pour une durée de 3 mois. Le congé de
solidarité familiale permet de prendre un
congé de 3 mois, renouvelable une fois, pour
accompagner un proche en fin de vie. Il y a
aussi le droit au répit qui consiste à verser
500 € pour prendre en charge l’aidé et
permettre à l’aidant de souffler une semaine
par an : 400 000 personnes sont concernées
par cela.
Comment aller plus loin?
Il faut renforcer davantage la reconnaissance
du rôle des aidants. On est à la veille de la
réforme des retraites. Lors du débat, la
dimension des aidants doit être prise en
compte dans le calcul des trimestres, dès lors
qu’une personne a été contrainte d’arrêter de
travailler pour élever un enfant handicapé ou
pour s’occuper d’une personne malade. Cette
piste permettrait, en outre, d’apporter une
réponse à l’inégalité hommes/femmes, car ce
sont encore en majorité des femmes qui
jouent le rôle d’aidant, surtout lorsqu’il s’agit
d’aider un enfant. Sachant qu’elles sont déjà
pénalisées par le système des retraites. Le
gouvernement réfléchit à une indemnisation
journalière pour les aidants familiaux, qui
pourrait être calculée selon les mêmes règles
que l’allocation journalière de présence
parentale. J’y suis très favorable parce que je
pense que cette reconnaissance permettra de
prendre en charge les besoins dans les années
qui viennent. Enfin, je plaide, avec un certain
nombre d’acteurs des solidarités, pour qu’un
congé des aidants minimal soit mis en place
dans toute l’Europe, ce qui serait un pas de
plus vers cette Europe sociale et humaine à
laquelle les mutualistes sont attachés.
La Maison derépit de
la métropole deLyon
I
naugurée en juin 2019 par Brigitte Macron, la
Maison de répit est un lieu d’un genre nouveau.
Répondant au besoin des aidants de se reposer, elle
accueille les personnes en situation de dépendance
seules ou accompagnées de leur proche aidant, pour des
séjours de courte durée.L’ occasion pour eux de souffler
un peu et de réfléchir à la situation : «L’objectif du
séjour est aussi de faire une analyse de ce qui est compli-
qué à vivre pour les aidants, et de trouver une solution
pour que leretour au domicile soit plus apaisé», confie
Henri de Rohan-Chabot, délégué général de France
Répit. Pour accompagner les familles lyonnaises qui
séjournent à la Maison, médecins, psychologues, infir-
mières et assistantes sociales prodiguent soins et conseils
gratuitement. Quant au séjour, s’il est facturé 20 euros
par jour, de plus en plus de mutuelles le prennent désor-
mais en charge.Avec déjà plus de 600 séjours depuis
son ouverture, la Maison de répit peut s’enorgueillir
d’un double succès : améliorer la qualité de vie des
familles, et réduire l’impact économique de la dépen-
dance. «Si on donne du répit aux familles, elles
coûteront moins cher à la société parce qu’on évite tous
les coûts cachés : les aidants qui font hospitaliser leurs
proches, qui prennent des médicaments, qui voient des
médecins pour eux-mêmes...»
PUBLICITÉ
11 millions
deprochesaidants
enFrance
52 %
sontsalariés
58 %
sontdesfemmes
57 %
s’occupentd’une
personneâgée
31 %
desaidantsonttendance
àdélaisserleursanté
64 %
desaidantsignorent
qu’ilssontaidants
(sourceBaromètredesaidantsBVAavril2018)
500 000
aidantssont
desenfants,adolescents
ouétudiants
(sourceJeunesAiDantsEnsemble)
L’association
Je t’Aide
S
i les aidants sont davantage médiatisés ces
dernières années, c’est en partie grâce au
collectif Je t’Aide, composé d’une vingtaine de
structures impliquées quotidiennement auprès
des aidants.Tout au long de l’année, l’association
multiplie les actions : plaidoyers en faveur du change-
ment de perception des aidants, prix Initiatives Aidants
en partenariat avec Harmonie Mutuelle récompensant
les mesures les plus utiles, mobilisations régulières et
surtout organisation de la Journée nationale des aidants.
Chaque 6 octobre depuis 10 ans, la manifestation porte
la voix des aidants à travers 250 événements dans
l’Hexagone. Un rôle essentiel que résume avec simpli-
cité Olivier Morice, délégué général de l’association :
«Si vous êtes aidant sans connaître le mot, et que le
6 octobre vous vousretrouvez dans le témoignage de
quelqu’un qui se dit ‘aidant’, alors la Journée natio-
nale des aidants aura été un succès.» Devant le travail
colossal effectué par les proches aidants, les missions
premières de Je t’Aide sont d’appuyer leurs droits et
d’accélérer la reconnaissance de leur statut. «On
estime que 20 % des aidants en France sont en burn
out, ou en risque de burn out. Ce sont pour eux que
nous nous battons», conclut Olivier Morice.
L’engagement d’Harmonie Mutuelle
auprès de ses salariés
P
arce que soutenir les initiatives des
autres ne suffit pas toujours,de plus en
plus d’entreprises ont développé pour
leurs employés et collabo-
rateurs des mesures internes. C’est
notamment le cas d’Harmonie
Mutuelle, acteur essentiel de la
solidarité active. Dès 2015, le don
solidaire deRTT y a été mis en
place. Basés sur le volontariat, les
jours « offerts » sont mutualisés et
mis à disposition, dans la société,
de tous les salariés aidants – pas
seulement d’un enfant, comme le
stipule alors la loi Mathys, mais de
n’importe quel proche. «La soli-
darité est une valeur forte chez
nous», précise Noëlla Le
Corvaisier, Responsable Égalité des Chances &
Diversité chez HarmonieMutuelle. «Quand un
salarié se fait aider par ses collègues, un lien
solide se crée, le collaborateura envie derevenir
au travail.» Ce sont ainsi, depuis 2015, près de
1000 jours deRTT qui ont été donnés par les
salariés de l’entreprise. Une démarche
inspirante qui n’éclipse pas les autres actions à
destination des employés et/ou adhérents de la
marque : la plateforme d’entraide communau-
taire «La Santé des Aidants»
accessible à tous les collaborateurs
des 300 sites Harmonie Mutuelle
en France leur permet d’échanger
des informations et de s’entraider.
Et l’entreprise de multiplier encore
les initiatives dans ce sens.
L’ assistance téléphonique pour les
aidants, comme la mise en place
du télétravail encadré pour tous font
partie de cette volonté. Le programme
La Santé Gagne l’Entreprise déve-
loppe de plus un meilleur équilibre
vie professionnelle/vie personnelle,
venant s’ajouter à une série de
services qui prouvent, comme le souligne Noëlla
Le Corvaisier, que «la solidarité au sein
d’Harmonie Mutuelle n’est pas qu’une valeur
mais un engagement quotidien, porté par tous
les collaborateurs». La responsabilité d’entre-
prise et le bien-être au travail ne sont pas de
vains mots chez Harmonie Mutuelle.
«LASOLIDARITÉAU
SEIND’HARMONIE
MUTUELLEN’EST
PASQU’UNE
VALEURMAISUN
ENGAGEMENT
QUOTIDIEN,PORTÉ
PARTOUSLES
COLLABORATEURS»
Qui sont les aidants?
Stéphane Junique,
président d’Harmonie Mutuelle t
Aider les aidants : trois exemples à suivre
Offrir du répit aux proches aidants, provoquer et accélérer leurreconnaissance, montrerl’exemple dans l’entreprise:
voici trois initiatives-clés en faveur des aidants.
© Aurélia Blanc