Cahier du « Monde » No 23245 daté Samedi 5 octobre 2019 Ne peut être vendu séparément
Main droite de danseuse
balinaise (anonyme).
BEAUX-ARTS DE PARIS, DIST RMN-GRAND
PALAIS/IMAGES BEAUX-ARTS DE PARIS
S
ous le joli titre de « L’esprit com
mence et finit au bout des doigts »,
phrase tirée d’un roman de Paul
Valéry, la Fondation Bettencourt
Schueller célèbre au Palais de
Tokyo, du 16 octobre au 10 novem
bre, ses vingt ans d’engagement en faveur des
métiers d’art. Près de 200 œuvres signées des
plus grands talents de la main sont déployées
sur les quelque 850 m^2 du musée.
« Ce secteur est une richesse pour la France
et sa diversité – 281 métiers d’art sont réperto
riés dans l’Hexagone –, et il est unique au
monde, souligne Olivier Brault, le directeur
général de la fondation. Nous ne souhaitons
pas montrer au public uniquement les tré
sors de savoirfaire tirés du passé, mais un
héritage qui s’est développé avec une incroya
ble pertinence contemporaine, en fécondant
la création d’aujourd’hui. »
L’exposition souligne d’autant mieux la
place des artisans d’art français dans ce
paysage en devenir qu’elle se tient au Palais de
Tokyo, construit en 1937 et consacré à la créa
tion émergente. Scénographiée par l’artiste
Isabelle Cornaro, elle a été pensée par Laurent
Le Bon, président du Musée Picasso, comme
un voyage en quatre étapes au cœur des ac
tions de la fondation familiale, reconnue
d’utilité publique depuis 1987.
« Les jeunes ont du mal à entrer dans une ins
titution muséale, constate le commissaire.
Or, nous montrons ici des objets qui n’ont pas
l’habitude d’être au musée, quelque chose de
vivant et d’innovant. Il n’y a rien de passéiste.
Nous attestons au contraire de la contempora
néité des métiers d’art et d’une vision singulière
dans ce débat entre la main et l’esprit. »
Dès l’entrée, dans une mise en scène façon
cabinet de curiosités, c’est donc la main qui
accueille le visiteur. Et pas n’importe laquelle.
Celle de tous les possibles. Des mains célèbres
telle La Main d’Ingres tenant un crayon, sculp
tée par JacquesEdouard Gatteaux, des mains
photographiées par le professeur et clinicien
Paul Richer, collaborateur du professeur Char
cot, ou celles d’Eadweard Muybridge dans les
années 1880. Mais aussi des mains multiples,
libres, anonymes... comme celle de cette
mystérieuse danseuse balinaise. Ces dessins,
clichés, moulages d’anatomie rarement vus
- une centaine au total du XVe siècle à nos
jours –, ont été puisés dans les collections de
l’Ecole supérieure des beauxarts de Paris, hé
ritière notamment de l’Académie royale de
peinture et sculpture et de l’Académie royale
d’architecture, fondées par Louis XIV.
Dans un deuxième espace, les mains
s’incarnent et entrent en action, prolongées
par des outils ou des machines. Les lauréats
du prix Parcours – créé par la Fondation
Bettencourt Schueller en 2014 pour mettre
en lumière les institutions ou personnalités
qui contribuent à la diffusion et à la prati
que de savoirfaire – sont présentés dans
une ambiance d’atelier.
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LES
MÉTIERS
D’ART
EN MAJESTÉ
Le prix Liliane Bettencourt pour l’intelligence de la main fête sa 20e édition au Palais de Tokyo, à Paris
exposition
« l’esprit commence et finit
au bout des doigts »,
au palais de tokyo, à paris,
du 16 octobre
au 10 novembre 2019