Le Monde - 05.10.2019

(Marcin) #1

Intérieurs


jours.


Jusqu’au 21 décembr e,“M”invitelep hotograp he
françaisFrançois Halard.Capable de dé voiler la beauté
cachée des lieux qu’il visitedans le mond eentier,
il publie un deuxièmevolumedes es photographie s.

Bâtiment emBlématique duxxesiècle,
la villaMalaparte,sur l’île de Capri,ainspiréde
nombreux artistes. C’est ici que son illustrepro-
priétaireaécritLaPeauet queJean-Luc Godard
atourné la fin duMépris...C’est aussi danscette
maison accrochéeàlafalaise queFrançois
Halardaeuune révélation en pleine séancede
travail voilà des années:iln ’avait pasbesoin de
photographier lescélèbres marches de la villa;
il pouvait s’intéresser aux détails, auxcéra-
miques au sol,àlacourbed’un canapé...
Bref,dans cetendroit presqueparfait, ilfaisait
ce qu’ilvoulait.«J’ai prisconscienceque je pou-
vaismeréappropriertous les lieux que je prenais
en photo, que je pouvais imaginer mon propre
encadrement. J’ai alorsretrouvé la même dis-
tancequecelle de mes clichés d’adolescence»,se
souvientlephotographe de 58 ans,célèbrepour
ses images d’intérieurs.
L’enfancedeFrançoisHalardest marquéepardes
problèmes debégaiementetdedyslexie. C’est
alorspar sonregardqu’il s’ exprime,avec l’appareil
photodeson père,décor ateur etcollectionneur.
Durant ses jeunes années, il immortalise sa propre
chambresans relâche.«Jen’aurais pas pufairele
genredephotos que jefais aujourd’hui si jen’avais
pas vécucetteexpériencedel’introversion »,
explique-t-il dans son nouveau livre,François
Halard(vol. 2) (Actes Sud/Rizzoli), d’où sonttirées
les images decettecarte blanche.
Souvent qualifié de photographe«dedécor ation»,
il est enréalitébien plus quecela :ils ait extraire
l’âme d’un lieu de manièresubjective,etr aconter
sa proprehistoireensurimpression,avec un œil
souvent mélancolique.«Jepeux prendrebeaucoup
de photos de presque la mêmechose.Je m’accorde
toujoursletemps derentrerdans une histoire. »
Dans son livre, il montreainsi26photos d’une
seule piècedel’atelier de l’artisteLouise Bourgeois,
travaillantsur les traces, la mémoiredulieu,
comme une obsession,s’inspirantdes artistes
dontili mmortalise les intérieurs. De la même

faço n, il rend un hommage appuyé aux photos de
SaulLeiterquand ilva photographier son appar-
tement, un jour de neigeàNew York.«Toutesces
images, c’est une manièredecollectionner,devivre
avecceque j’aimeàtraversmon propreregard.»
Le choix des sujets est simple:uniquementdes
gens qu’il affectionne,comme lepeintr eetsculp-
teur Cy Twombly, le photographe de mode
RichardAvedon ou lepeintr eitalien Giorgio
Morandi. Dans la maison dece dernier,àBologne,
il révèle la beautédel’intérieur dépouillépardes
détails, destextures. Dès qu’il entend parler d’une
adresse,ce grandvoyageur qui vit entreNew York,
Arles, la GrèceetParis, sautedans unavion. Avec
la métropole américainecommerésidenceprinci-
pale depuis ses 22 ans.«Àl’époque, le groupe de
presseCondéNast m’aproposé de travailleravec
lui et c’est ainsi qu’adébutémacarrièreavec
Vogue,Vanity Fair...»S’il se détourne de plus en
plus de lacommande, c’estpour seconsacrer aux
livres qu’ilréaliseavec le directeur artistiqueBeda
Achermann.«Ilmepousseàêtreplusradical,plus
abstrait,àlaisserparexemple monécrituresur les
pagesdes livres pour lerendreplus personnel.»Et
ainsipoursuivreletrava il entamé àlavilla
Malaparte. Marie GoDFRAiN

François Halardvol. 2, 452 pages,actes sud(version
française).
François Halard:avisual diary, 492 pages,rizzoli
(version anglaise).
(1)Portrait de CyTwomblyàGaeta,Italie, 1994.
(2) Prison Sainte-Anne, pour la collection
Lambert,Avignon, 2014.
(3)Portrait de Barcelo pour le livreEl Planeta de los toros,
Paris, 2017.
(4)ChambreLuigi Ghirri,Roncocesi, Italie, 2011.

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carteblanche

François Halard

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