Surlacôted’Opa le,
leSpêcheurSdiSent
“phOqueS Off”.
Lesprofessionnelstempêtent
contre la proliférationdu
mammifère marin. Ilsl’accusent
de piller le sréservesdep oissons
et vont jusqu’àlet uer.
TexteLaurie Moniez
Ce dimanChe15 septembreau
matin,desdizainesdebadauds assistent au
sauvetaged’unbébéphoquesur la plagede
Malo-les-Bains, àDunkerque.L’animal, affai-
bli, sans doute piégépar la maréehaute
de la nuit,n’a paspurejoindre l’eauàtemps.
Échoué surcette grande étendue desable
fin,ils aigneaunivea udelabouche.Quelques
heuresauparavant, destémoins onttenté
d’arrêterunpêcheuràpiedentrain de lui
asséner descoups de bottes dans latête.
Recueilli parlaL igue deprotection desani-
maux(LPA) du Calaisis ,lev eaumarin âgéde
troi smois meurt six joursplustard. Gabrielle
Paillot,militante, sout iendelaLPA,met alors
en lign eune pétitionpour réclamer«l’applica-
tionstricte de l’ article 521-1ducodepénal à
l’encontre du pêcheur quiaassassiné cepauvre
bébéphoque».Enmoins dequinze jours, elle a
déjà recueilli plus de95000 signatures.LaLPA
du Calaisis etSeaShepherdont déposé une
plaintecommunepour atteinteàune espèce
protégée.Lesuspect, identifiéparlap olic e,
risq ue troisansdepriso net150000 euros
d’amende.«L’enquête estencours au commis-
sariatdeDunkerque,confieleprocureur
SébastienPiève.Des témoinsont ét éentendus,
nousen sommesaustade de l’identification.»
En Manchenord-est, le longdelacôte
de Dunkerquejusqu’à la baie de Somme,
la populationduphocidé n’acessé de croître
cesdix dernièresannées, au granddam des
pêcheurs quil’accusentd’engloutir soles, plies
et flets. Selon lerappor tÉco-phoques,étude
scientifique financéepar la région Hauts-de-
Franceet le parc naturelmarin desestuaires
picardsetdelamer d’Opale, le nombre
maxima ldecemammifère re censéde
la baie de SommeàDunkerque aété de
709phoques veaux mari ns (prése ntsdepuis
plusieursdécennies) en juillet 2017,et
402phoques gris (arrivésplusrécemment
et dontleseffectifs ont augmentéexponen-
tiel lement depuisunedécennie)en
juillet 2016.Des chiffre senhausserégulière,
mêmes’ils restent stables depuis2015
dans certainescoloniespréciseler apport.
L’animal aboosté le tourisme local. Maisles
pêcheurs sont àboutdenerfs.«Deux pans
de notreéconomie sont en traindetomber :
la pêcheprofessionnelle et la pêchedeloisir,
explique FabriceGosse lin,présidentdu
comité anti-phoques et despêcheurs àpied.
Lesphoquesetl es cormoransont vidé les
stoc ks de poissons.»Selon ce faroucheoppo-
sant àlaprolifé ration de labête,l’activité des
pêcheurs estentrain de mouriràcausedesquantitésdepoissons avaléespar lesveaux
mari ns.En2017, ilsauraient ainsi mangé
750tonnesdepoissons dans labaie de
Sommeetlabaied’Authie selon lerapport
Éco-phoques.«Ilyavait un gisement de
400tonnesdesolesaularge de labaie de
Sommeettoutadisparu»,dénonceFabrice
Gosselin.À63ans,cepêcheuràpiedet
àlacanne deBoulogne-sur-Mer,devenu
porte-parole d’uneprofession excédée,
demande doncun planderégulationpour
fairefaceàcequ’ilqualifie de«catastrop he
écologique».Toutencondamnantl’individu
accusé d’avoirfrappé le bébéphoque, il
demande aux politiques d’entendre leur
colère.«NicolasHulot,quand il étaitministre,
n’amêmepas daigné nousrépondre,dit-il en
pointant ce qu’ilnomme“l’écologie dogma-
tique”. Il yavait unecommissi on phoques
quiaété enterrée.Lebien-être animal
doitvaloir aussipourles poissons!»
De soncôté, la présidente de SeaShepherd
France,LamyaEssemlali,répèt einlassable-
mentque si lesphoques sont pr ésents, c’est
quel’écosystèmeestcapable de lessoutenir.
«C’est un discoursd’une ignorance acca-
blantedelapartdes pêcheurs,estime -t-elle.
Il n’yapas de surpopulation, lesprédateursse
reprodui sent lentementenfonction desproies
disponibles.»Au lieu de désigner l’ animal
commebouc émissaire, elle inviteàregarder
lesconséquencesdelapêcheindustr iellesur
lesstocks de poissons.LeportdeBoulogne-
sur-Mer, premierdeFranceentonnage,
débarque32000 tonnes de poissons paran.
«Plutôtque de parler d’un planderégul ation
desphoques, parlon sdelarégul ation de la
pêche»,rétor quel’écologiste.
Commeaveclel oupdansles Pyrénées,les
phoques divisent su rlaCôted’Opale.Etl es
casdemassacressemultipl ient.«Ilyaune
recrudescencedecetyped’atteintes àcette
espèce pourtantprotégée»,constate l’avocat
de SeaShepherd, LucasVincent,listant les
différentscas recensés cesderniers mois.
En janvierprochain,ili ra plaiderauTGI de
Quimper. En février,deux phoquesavaientété
découv erts décapitésàConcarneau. L’ONG
avaitproposé10 000 euros àtoute personne
permettantd’identifier le ou lescoupables.
Un témoin acontacté lesgendarmes,réclamé
la somme,etr évélél’identitédupêcheur
quis’était vantéd’avoir tranchélat êted’un
phoqueattrapé dans lesfiletsd’unbateau. Le
propriétairedunavir eseralui aussiconvoqué
au TGI.«Onespèredes peinesexemplaires»,
indi quel’avocatdeSea Shepherd.Ce bébé phoque
échoué sur la
page de Malo-
les-Bains, le
15 septembre,
àDunkerque, a
été mortellement
blessé par
un pêcheur.
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