Le Monde - 03.10.2019

(Michael S) #1

COMMUNIQUÉ JEUDI 3 OCTOBRE 2019❶


Spécial hépatologie


NEUF MILLE :c’est le nombre de
nouveaux cas annuels de carci-
nomes hépatocellulaires (CHC),
première cause de tumeurs pri-
mitives du foie. Le CHC motive
plus de 25 % des greffes de cet or-
gane. Si l’hépatite C a longtemps
été le principal pourvoyeur de
CHC, dans les dix prochaines
années ses étiologies principales
dans les pays industrialisés sont
amenéesàdevenirla NASH(stéa-
tose hépatique non alcoolique)
ou la consommation excessive
d’alcool.LaNASHestcaractérisée
par unefi brose sévère associée
à une inflammation du foie. Elle
est précédée par un stade appelé
«maladiedufoiegras»quitouche
de 10 à 20 % des adultes, soit
72 millionsde personnes en Europe.
Elle trouve son origine dans le
surpoids, le diabète, etc. Autant de
pathologies à la source du syndrome
métabolique. Cette maladie mobilise

POUVEZ-VOUS NOUS DÉCRIRE
Intercept Pharma?
Interceptestunlaboratoirepharma-
ceutique, fondé en 2002 à New York
par son actuel directeurgénéral, le
Dr Mark Pruzanski.L’originalité de
notre organisation est d’être dédiée
aux maladies hépatiques progres-
sives non virales. La création de la
sociétévisaitàdévelopperunemolé-
cule ciblant le récepteur nucléaire
FXR(farnesoid X receptor),spéci-
fi que des acides biliaires, décou-
vert en 1999. Ce fut chose faiteavec
la première description del’acide
obéticholique. Ces travaux sont le
pilier du développement de notre
traitement initial contre la cholan-
gite biliaire primitive (CBP),premier
médicamentautorisé depuis trente
anspourcettepathologie.

Sur quels types de pathologies
hépatiques intervient
aujourd’hui Intercept?
Nous sommes spécialisés dans les
maladies progressives du foie non
virales, telles la CBP et la stéato-
hépatite non alcoolique (NASH), à
distinguer de la stéatose hépatique
(NAFLD). Ces deux pathologies ont
pour origine commune un mode de
vietropcalorique,maisleurdegréde
gravité est très différent.LaNAFLD,
caractérisée par la présence de gras
au niveau du foie, concerne environ
1 Français sur 5. Sa prise en charge
repose sur le suiviau long cours
de mesures hygiéno-diététiques.

InnoverǮMOBILISATIONCONTRELESMALADIES


HÉPATIQUESCHRONIQUESNONVIRALES


LES MALADIES DU FOIE,


DES VIRUS AU SYNDROME


MÉTABOLIQUE


Les pathologies hépatiques métaboliques touchent un nombre croissant de Français.


Poury faire face, Intercept Pharma s’engage.Entretienavec le Dr François Boer, directeur médical
de la fi liale française du laboratoire.

©JARENWICKLUND(Handsomefatherplayingwithdisabled son)-fotolia.com/DR


Malheureusement, seuls 10 % des
patientsatteignentetmaintiennent
les objectifs de perte de poids.Dans
la NASH, l’accumulation de graisse
hépatique est associée à une inflam-
mation et à unefi brose. Ces patients
sont exposés à un risque de morta-
lité important et à une progression
rapide de la maladie. En effet 20 %

de ceuxayant un niveau 3 defi brose
développentunecirrhose(fibrosede
niveau 4) en moins de deux ansavec
un risque de mortalité liéeau foie
multiplié par 3.Dans ces situations,
la modification des habitudes de vie
n’est pas suffisante, de nouvelles
options thérapeutiques sont néces-
saires. En France, une récente com-
munication de l’Inserm (cohorte
Constance)évalue à plus de 200 000
les personnes à haut risque de déve-
lopper une cirrhose et/ou un cancer
dufoie.
Pourêtretraités,cespatientslesplus
àrisquedoiventêtredépistés.

la NASH, aux côtés des profession-
nelsdesantéetdesociétéssavantes:
l’Afef (Association française pour
l’étudedufoie), leCregg(Clubderé-
fl exiondescabinetsetgroupesd’hé-
pato-gastroentérologie), l’ANGH
(Association nationale des hépato-
gastroentérologues des Hôpitaux
généraux).Avec cesexperts, nous

©YODIYIM - STOCK.ADOBE.COM / DR

Quels sont les traitements misà
disposition par le laboratoire?
A la suite del’étude clinique Poise,
l’acide obéticholique a obtenu son
autorisation de mise sur le marché
(AMM) américain puis européen en
2016 dans la CBP et a bénéficié en
Franced’uneautorisationtemporaire
d’utilisation(ATU)decohortefi n2016.

© INTERCEPT PHARMAILLUSTRATION / DR

Surpoids,diabète, alcool et syndrome métabolique sont désormais les principales causes


de maladies du foie. Leur dépistage est nécessaire, au même titre que celui del’hépatite C.


ǮTRIBUNE


L’HÉPATOLOGIE,


UNEDISCIPLINE


D’AVENIR


SI L’HÉPATITE C bénéficie désor-
mais de traitements efficaces, les
pathologies hépatiques sont tou-
jours bien présentes. Le champ
d’action des hépatologues reste
identique et repose sur trois piliers.
Lepremierconcerne80 000hospita-
lisations pour cirrhose décompen-
sée liée pour une majeure partieà
des problèmes nutritionnels ouà
uneconsommationd’alcool.
En France, l’alcool est responsable
de 50 000 décès par an.Les atteintes
hépatiquesliéesau syndromeméta-
bolique sont amenées, commeaux
Etats-Unis,à devenir une cause pré-
dominantedegreffedefoie.
Cet aspect « hospitalisation » est
complété par un grand nombre
de consultations pour le suivi des
maladies chroniques compensées
du foie : maladiesauto-immunes,
génétiques,vasculaires,virale B,les
hépatopathiesmétaboliques(NASH)
ouliéesàl’alcool.
La cohorte Constances a montré
que près de 12 millions d’adultes
présentaientau moins un facteur
de risque de maladie du foie et que
2 % souffraient d’unefi brose sévère.
Acesdeuxpremièresdimensionsde
la pratique del’hépatologie s’ajoute
donc,compte tenu de la prévalence
desfacteursderisque,unetroisième
dimension : les soins primaires.
L’enjeu est de dépister les patients
avec unefi brose sévère pour amé-
liorer le pronostic de la cirrhose et
du cancer du foie par un diagnostic
précoce et defl uidifier les parcours
de soins. Pour cela, une connexion
et une prise en charge harmonisée
entre hépatologues, diabétologues,
cardiologues... mais aussi spécia-
listes de la médecinegénérale, et la
mise en place d’outils de prévention
sont primordiales.Un séminaireau-
tourdecesréflexionsalieuau cours
des «journées del’Afef » à Marseille
ce3octobre.
Enfin, des recommandations Afef
seront publiées prochainement
pour proposer des modèles de par-
cours de soins pluridisciplinaires.
Sans oublier une quatrième dimen-
sion, la recherche etl’innovation
dans le domaine del’hépatologie, de
trèshautniveauenFrance.ȕ

Pr Christophe Bureau
Hépato-gastro-entérologue
au CHU deToulouse
et secrétaire général
de la Société française
d’hépatologie(Afef).

©AFEF / DR

http://www.grandanglesante.fr


«Noussommesengagés


dansdenombreux


projetsderecherche


etd’accompagnement


danslaCBPetla


NASH,auxcôtésdes


professionnelsdesanté


etdesociétéssavantes.


Dr François Boer


Notre engagement se poursuit dans
la NASH avec deux études cliniques:
Regenerate, chez des patients pré-
sentant unefi brose due à laNASH,et
Reverse, pour des patients atteints de
NASH associée à une cirrhose com-
pensée. Nous nous préparons actuel-
lement à déposer un dossier de de-
mande d’AMMaux Etats-Unis et en
Europeavantla fi nde l’année.

Au-delà des traitements,quel
est l’engagement d’Intercept?
Nous sommes engagés dans de
nombreux projets de recherche et
d’accompagnement dans la CBPet

travaillons à identifier et à valider
de nouveaux critères diagnostiques
dela NASH,reposantsurdestechno-
logies non invasives (prise de sang,
échographie avec module spéci-
fi que ou FibroScan),facilement réa-
lisables. Nous œuvrons à optimiser
le parcours de soins en favorisant la
collaboration entre hépatologues et
diabétologues, spécialistes amenés
à rencontrer les patients à risque.
Cette collaboration se concrétise
également à travers la participation
active de plus de 20 centres français
dansnosétudescliniques.
ȖG. H.

LeCHC motive plus


de 25 % des greffes


du foie.


de nombreuses équipes de recherche
autour d’anti-fibrosants. Quant à
l’hépatite C,le combatn’est pas ter-
miné. Si des traitements permettent
aujourd’hui de guérir près de 90%

des patients, 75 000 personnes
restent toujours à dépister. Elles
ignorent être porteuses de ce virus
qui infecte leur foie silencieuse-
ment et qu’elles peuvent trans-

mettre sans le savoir. Dans le
but d’atteindrel’objectif d’éra-
dication de la maladie, fi xé en
2025 par lesautorités de santé
françaises,laplacedesmédecins
généralistes aévolué tant sur le
dépistagequesurlaprescription
des antiviraux à action directe,

ouverte aux non-spécialistes
depuis peu.Dans ce cadre, l’év a-
luationdelafi broseenmédecine
de ville va prendre une place
croissante.Unpointclédanslesuivi
et le dépistage non invasif des
maladies chroniques hépatiques,
quellequesoitleurorigine.
ȖGézabelle Hauray
Free download pdf