Libération - 05.10.2019 - 06.10.2019

(Steven Felgate) #1
Marie Peyrat, marquise Arconati Visconti (1840-1923). Photo anonyme

Évolution Titre Auteur Éditeur Sortie Ventes
1 (1) Soif Amélie Nothomb Albin Michel 21/08/2019 100
2 (18) Sans la liberté François Sureau Gallimard 26/09/2018 87
3 (0) Encre sympathique Patrick Modiano Gallimard 03/10/2019 81
4 (5) Le Cœur de l’Angleterre Jonathan Coe Gallimard 22/08/2019 72
5 (2) Capital et idéologie Thomas Piketty Seuil 12/09/2019 69
6 (6) Le Bal des folles Victoria Mas Albin Michel 21/08/2019 67
7 (4) Tous les hommes n’habitent pas... Jean-Paul Dubois L’Olivier 14/08/2019 53
8 (11) Francis Bacon en toutes lettres Didier Ottinger (dir.) Centre Pompidou 11/09/2019 47
9 (8) A la première personne Alain Finkielkraut Gallimard 19/09/2019 47
10 (9) La Clé USB Jean-Philippe Toussaint Minuit 05/09/2019 45

Ventes


Classement datalib
des meilleures ventes
de livres (semaine du
27/09 au 03/10/2019)


Sorti fin octobre il y a deux ans, le précédent livre de Pa-
trick Modiano, Souvenirs dormants – qui reparaît en Folio –,
était entré dans notre classement à la huitième place.
­Arrivé en librairie plus tôt, et généreusement accompagné
par l’auteur, Encre sympathique atterrit aujourd’hui direct
au troisième rang, pas très loin de Soif (lire page 48), et juste
derrière le «tract» de François Sureau.
En 2017, au début du mois de novembre, quand Astérix et
la Transitalique écrasait les collègues, le roman annuel


d’Amélie Nothomb, Frappe-toi le cœur, était descendu
presque tout au fond du tableau.
Cette rentrée, l’heureuse auteure de Soif se démène de son
côté pour porter la bonne parole. Elle le fait avec ce ton
qu’elle a désormais, un mélange de cocasserie et d’autorité
qui passe très bien à la télévision comme à la radio. Sur la
liste hétéroclite établie par les jurés Goncourt, elle n’est
certes pas la plus incongrue. Elle est même un des deux
choix vraisemblables. cl.d.

Source : Datalib et l’Adelc, d’après un
panel de 260 librairies indépendantes
de premier niveau. Classement des
nouveautés relevé (hors poche, scolaire,
guides, jeux, etc.) sur un total de
96 834 titres différents. Entre
parenthèses : le rang tenu par le livre
la semaine précédente. En gras : les
ventes du livre rapportées, en base 100,
à celles du leader. Exemple : les ventes
de Sans la liberté représentent 87 % de
celles de Soif.

La troisième édition du
Mois de l’imaginaire a dé-
marré pile le soir du
30 septembre et va durer
jusqu’aux Utopiales, festi-
val international de scien-
ce-fiction qui se déroule à
Nantes du 31 octobre au
4 novembre. Plus de
50 éditeurs sont mobilisés,
des libraires, des média-
thèques, etc., afin de ren-
dre davantage visibles les
littératures de l’imaginaire
sous les icebergs Game of
Thrones, 1984, la Servante
écarlate. http://www.face-
book.com/Moisimaginaire/

Un mois


à fond


Emma Becker obtient le
prix du RomanNews après
le prix Blú Jean-Marc Ro-
berts pour la Maison
(Flammarion, lire le
compte rendu page 48).
Victor Jestin a le prix litté-
raire de la Vocation pour
la Chaleur (Flammarion)
et Flora Souchier le prix
poésie de la Vocation pour
Sortie de route (Cheyne
éditeur). Victoria Mas
remporte le prix Patrimoi-
nes avec le Bal des folles
(Albin Michel), c’est sa
troisième récompense
cette rentrée.

Prix de


saison


Julia Deck signe Propriété
privée (Minuit) ce samedi
à 18 h aux Cahiers de Co-
lette (23-25, rue Rambu-
teau, 75004). L’historien
Julian Jackson présente
son De Gaulle (Seuil) le
8 octobre à 18 h 30 à Com-
pagnie (58, rue des Ecoles
75005). Michael Cailloux
(illustrations) et Thierry
Magnier (texte) présentent
l’album Talismans pour
petits tracas (éditions
Thierry Magnier) à la
­Librairie des Abbesses
le 9 à 18 h (30, rue
­Yvonne-Le Tac 75018).

Rendez-


vous


Sur Libération.fr


La semaine littéraire Lisez
un peu de poésie le lundi, pour-
quoi pas un extrait de la Nuit de la
bouche d’Etienne Michelet (Edi-
tions Abrüpt) ; vivez science-fic-
tion le mardi avec les Machines
Fantômes d’Olivier Paquet (L’Ata-
lante) ; feuilletez les Pages jeunes


le mercredi, avec la Reine sous la
neige de François Place (Galli-
mard Jeunesse) ; le jeudi, c’est po-
lar : Rose Royal de Nicolas Mathieu
(Editions In8) ; vendredi lecture,
recommandations du cahier
­Livres et coups de cœur des librai-
res sur le site Onlalu.

Librairie éphémère


Le capitaine Dreyfus et la


marquise, affaire d’amitié


Par Olivier Gabet
Directeur du musée des Arts décoratifs


«L


a marquise sortit à cinq heures», cette phrase fa-
meuse qu’André Breton attribua à Paul Valéry
pour, dans un même désamour, discréditer le ro-
man, n’est pas faite pour Marie Peyrat, marquise
Arconati Visconti (1840-1923). Née dans une famille patricienne
de la IIIe République, femme de gauche et engagée, anticléricale,
passionnée d’histoire au point de suivre les cours de l’Ecole des
chartes, veuve d’un richissime aristocrate italien, philanthrope et
un brin misogyne, mécène du musée des Arts décoratifs, la mar-
quise fut surtout une femme libre. Au fil d’une correspondance sui-
vie sur près de vingt-cinq ans avec le capitaine Alfred Dreyfus (1859-
1935), on comprend ce qui la lia si intimement avec l’homme de
l’affaire qui secoua la France et l’Europe au tournant du siècle : une
même admiration pour Jean Jaurès, un enthousiasme partagé pour
le débat démocratique de l’époque, quand la démocratie s’écrivait
dans les discussions au Parlement, mais aussi une culture artistique
et littéraire généreuse, ouverte au «connoisseurship» des frères Rei-
nach, Salomon et Théodore, comme au collectionnisme ambiant
dans le feu des querelles d’amateurs d’art. Si les lettres d’Alfred
Dreyfus sont plus nombreuses, étonnamment politiques pour un
citoyen que l’on se plut à croire effacé, celles de la marquise pétillent
de références à ses lectures et à ses conversations. En ce début du
XXe siècle, chacune signe une éblouissante amitié égale, entre
homme et femme, parfaite parité des sentiments et des idées. Ja-
mais empesées, leurs écritures croisées fascinent par leur fraîcheur
et leur jeunesse. En juillet 1906 – année de la réhabilitation de Drey-
fus –, la marquise ­conclut une missive en une pirouette affectueuse :
«Adieu mon bon et cher ami, respirez, marchez, faites une vie de co-
quillage si vous pouvez...»•


Alfred Dreyfus
Lettres à la marquise. Correspondance inédite
avec Marie Arconati VISCONTI
Grasset, 582 pp., 23 €.


46 u Libération Samedi 5 et Dimanche 6 Octobre 2019

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