Libération - 05.10.2019 - 06.10.2019

(Steven Felgate) #1
sous des températures éle-
vées coïncident souvent en
Irak avec les explosions de
colère d’une population qui
ne s’en sort plus. Ces mani-
festations, sporadiques ces
dernières années, naissent de
problèmes qui ont plus de
quinze ans. L’absence de ser-
vices de base, d’accès à l’eau,
à l’électricité, la détérioration
des infrastructures... Le fac-
teur générationnel est égale-
ment important. La contes-
tation contre les élites vient
de jeunes qui n’ont connu
que ce délabrement et la
guerre, qui sont très dure-
ment frappés par le chômage
(24 % chez les moins de
25 ans) et qui dénoncent la
corruption et le confession-

nalisme. Leurs manifesta-
tions sont autant d’appels
à une vie digne.
La répression des mani-
festations est très forte,
avec un bilan qui s’élève
à plus de 40 morts...
La réaction du pouvoir est
violente mais n’a rien de nou-
veau. Depuis 2011, l’année du
retrait américain, où on a
­assisté à un durcissement des
autorités, la répression des
manifestations est continue.
Le système est aux abois. Il
est tellement dans l’incapa-
cité de répondre aux deman-
des de la population que sa
seule issue est de recourir à la
répression violente.
Comment expliquer que
les manifestations aient

lieu à Bagdad et dans le
sud chiite du pays?
Les provinces du Sud sont
à vif parce qu’elles éprouvent
un sentiment de trahison
­vis-à-vis des élites chiites.
­Elles ont accédé au pouvoir
en 2003 mais ne servent que
leurs intérêts. Le limo-
geage du général Al-Saadi,
l’homme de la lutte contre
l’EI et une figure du sud
­chiite, a également joué un
rôle. Les régions sunnites de
l’est et du nord du pays sont
plus calmes pour l’instant
parce que leur population est
épuisée par la guerre intense
contre l’EI, qui s’est achevée
il y a moins de deux ans.
Recueilli par
Nelly Didelot

La politologue Myriam Ben-
raad, spécialiste de l’Irak,
analyse le mouvement
de contestation populaire qui
secoue Bagdad et le sud
d u p ay s d e p u i s q u a -
tre jours, malgré une violente
­répression.
Quelle est l’origine de ces
manifestations?
Le bilan du nouveau gouver-
nement [en place depuis octo-
bre 2018, ndlr] est jusqu’ici
désastreux. Aucune amélio-
ration n’est palpable, les pro-
messes de campagne n’ont
pas été suivies, on assiste
même plutôt à une dégrada-
tion de l’état du pays. Par
ailleurs, on sort tout juste de
l’été, qui a été très chaud. Les
conditions de vie difficiles

Irak : «Des manifestations nées de


problèmes qui ont plus de quinze ans»


Législatives en Tunisie :
«Donne-moi une bonne
raison d’aller voter»
Entre les deux tours d’une présidentielle
­aux allures de «big bang» politique, quelque
sept millions de ­Tunisiens sont appelés ce
­dimanche à élire leurs députés. Dans la région de
Béja, l’atmosphère ­oscille entre rejet et désespoir.
Lire notre ­reportage. Photo AP

LIBÉ.FR

3 500


Iraniennes, au moins, assisteront au match


de foot Iran-Cambodge, jeudi à Téhéran.


En Iran, les femmes ne sont pas admises dans les


­stades pour les rencontres de foot masculin.


­Néanmoins, rappelle l’agence officielle Irna,


­«conformément aux promesses de la Fédération


iranienne et à la demande explicite de la Fédéra-


tion internationale de foot, les femmes iraniennes


­peuvent voir ce match au stade» Azadi, d’une


­capacité de 100 000 places. Le mois dernier, une


jeune femme qui s’était déguisée en homme pour


assister à un match s’est immolée par le feu devant


un ­tribunal en apprenant qu’elle risquait une


peine de six mois de prison.


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