Le Monde - 09.10.2019

(Rick Simeone) #1
0123
MERCREDI 9 OCTOBRE 2019
styles

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208, la cure de jouvence


de peugeot


Cette nouvelle version de la petite urbaine a un objectif :


faire revenir le constructeur dans le trio de tête européen


de la catégorie. Et en profiter pour se convertir à l’électrique


AUTOMOBILE


L


orsque apparaît une pe­
tite Peugeot, l’ombre tuté­
laire de la 205 (1982­1998)
n’est jamais très loin. La
deuxième génération de la 208,
commercialisée ce mois­ci, n’in­
voque pas seulement les mânes
du modèle qui, à l’aube des an­
nées 1980, tira la marque d’un très
mauvais pas et s’imposa comme
une vraie rivale de la Volkswagen
Golf. Elle lance ouvertement des
clins d’œil à sa glorieuse aînée,
dont elle se réapproprie les for­
mes géométriques avec son capot
bien droit, son sigle fixé sur la cus­
tode et la chute verticale de la vitre
arrière. Plus question de dessiner
un modèle urbain comme une
savonnette ou un monospace. La
rupture est nette avec la première
208, petite voiture homogène
bien sous tous rapports mais trop
« centriste » pour faire entendre sa
différence. L’objectif est de revenir
dans le trio de tête européen de la
catégorie, dominé par la Renault
Clio, suivie de la Vokswagen Polo
et de la Ford Fiesta.
Pécher par excès de modestie
n’est vraiment plus le genre de la
maison Peugeot. Portée par une
marque qui éprouve suffisam­
ment de confiance en elle pour
appliquer des tarifs (de 15 500 à
26 300 euros) sensiblement supé­
rieurs à ceux de ses rivales, la 208

se présente comme l’outsider qui
va réveiller la catégorie en lui ad­
ministrant une cure de jouvence,
si ce n’est un traitement de choc.
L’équation Peugeot, qui a déjà
assuré le succès de la 308, et plus
encore du SUV 3008, se distin­
gue d’abord par un style défini
comme « hyperexpressif ». Fidèle
à sa ligne directrice, la 208 pro­
cède à des choix plus tranchés que
sa rivale française, la Renault Clio.
Elle se veut aussi moderne, mais
plus avenante, comme le fut na­
guère la 205 pour damer le pion à
la Supercinq de Renault.
Cette voiture aux lignes tendues
affirme sa présence avec un vrai
« nez », une calandre surdimen­
sionnée, un pare­brise et un
hayon fortement inclinés. Les sty­
listes, bien leur en a pris, ont fait

l’économie des accastillages de
chrome qui surchargent trop sou­
vent les véhicules qui cherchent à
se hausser du col. Classique sans
être conservateur, ce langage for­
mel délivre un message à
l’adresse d’une clientèle en quête
d’une voiture dite « valorisante ».
Bref, une petite bagnole qui sorte
du lot. Plus « polarisante » que ses
concurrentes, la 208 doit cepen­
dant en assumer les contrepar­
ties. Son style extérieur assez an­
guleux, sa taille (4,05 m) comme
son porte­à­faux contenus lui
donnent du tonus mais limitent
sa polyvalence. L’espace aux pla­
ces arrière est assez quelconque
et le volume du coffre pas très gé­
néreux (270 litres).
L’habitacle traduit également
la volonté de proposer une ap­

proche très typée. Devenu une si­
gnature de la marque, le « i­cock­
pit » installe ses cadrans en posi­
tion haute et accueille une nou­
velle instrumentation en 3D
avec un affichage sous forme
d’hologramme, très lisible, pour
les versions hautes. On retrouve
le petit volant à double méplat et
un traitement soigné, hormis
quelques revêtements d’assez
médiocre qualité.

Du genre alerte
Très soucieux de soigner les pres­
tations dynamiques de ses voitu­
res, le constructeur peut comp­
ter sur le vaillant trois­cylin­
dres essence de 1,2 litre, proposé
ici en version 75, 100 ou 130 ch,
alors qu’un diesel (100 ch) se des­
tine pour l’essentiel aux flottes

d’entreprise. Sur route, la 208 est
du genre alerte, avec une direc­
tion toujours aussi réactive et
une suspension rigoureuse sans
être inconfortable.
Pour ce modèle ambitieux,
toute la question est de savoir si,
sur un segment des urbaines
polyvalentes sociologiquement
très homogène, jouer la carte de
la différenciation constitue la
meilleure stratégie. Plus consen­
suelle, la Clio s’inscrit davantage
en osmose avec la catégorie,
quitte à manquer d’aspérités. En
fait, avant de battre des records
de ventes, la 208 songe à monter
en gamme et à permettre à Peu­
geot de gagner de l’argent, objec­
tif ambitieux compte tenu de
l’âpreté de la concurrence au sein
de cette catégorie.
L’autre grand pari de la Peugeot
208, fabriquée à Trnava, en Slova­
quie, c’est sa conversion à l’élec­
trique. Extérieurement sembla­
ble à la version conventionnelle,
hormis sa calandre plus sophisti­
quée, l’e208 installe une batterie
de 50 kWh sous le plancher et re­
vendique une autonomie de
340 km. Son moteur développe
100 kW (136 ch) et délivre des ac­
célérations aussi franches qu’ins­
tantanées qui rappelleraient cel­
les de la 205 GTI de la grande épo­
que si la voiture ne devait pas em­
barquer 330 kg de batteries. Ce
lest, même s’il altère le confort
lorsque la chaussée se dégrade, se
fait oublier en usage courant, où
l’on retrouve la souplesse et la
fluidité propres à la conduite
d’une voiture électrique. Rechar­
geable sur une borne de forte
puissance (jusqu’à 100 kW),
l’e208 (à partir de 32 100 euros,
bonus de 6 000 euros non dé­
duit) présente, assurent ses con­
cepteurs, un coût d’usage global
comparable à celui d’une 208
haut de gamme équipée d’un mo­
teur thermique.
Pour Peugeot, proposer une ver­
sion électrique esthétiquement
semblable à la version thermique
doit contribuer à rassurer la
clientèle et l’encourager à sauter
le pas vers le zéro émission. Un
argument que l’on peut entendre,
mais qui apparaît surtout dicté
par les contraintes qui pèsent sur
PSA. Le groupe, en effet, ne dis­
pose pas encore des moyens de
développer une plate­forme spé­
cifique susceptible de mettre à
profit les avantages architectu­
raux qu’offre un véhicule 100 %
électrique, capable de proposer
une habitabilité record dans un
encombrement réduit.
jean­michel normand

PROPOSER 


UNE VERSION ÉLECTRIQUE 


ESTHÉTIQUEMENT 


SEMBLABLE 


À LA VERSION THERMIQUE 


DOIT CONTRIBUER 


À RASSURER LA CLIENTÈLE


ET L’ENCOURAGER 


À SAUTER LE PAS 


VERS LE ZÉRO ÉMISSION


Série 1, le charme retrouvé de la berline


La troisième génération de la « petite » BMW s’est donné les moyens de tenir la dragée haute à l’Audi A3 ou à la Mercedes Classe A


A


force de s’installer au vo­
lant de véhicules haut
perchés, avalanche de
SUV oblige, on avait presque ten­
dance à oublier l’attrait que cons­
titue la conduite d’une berline.
Plaisir d’autant plus vif lorsqu’il
s’agit d’un modèle premium,
comme c’est le cas de la troisième
génération de Série 1, l’un des mo­
dèles emblématiques de BMW.
Un modèle important pour la
marque bavaroise, car il lui per­
met, depuis 2004, de rajeunir de
manière notable l’âge moyen de
la clientèle maison – si ce n’est de
la démocratiser tout à fait.
Même si les puristes regrette­
ront l’abandon sur ce nouveau
modèle de l’historique propul­
sion aux roues arrière au profit de
la traction aux roues avant, le
plaisir de conduire n’a pas dis­
paru, loin de là. A peine moins
agile que l’ancienne version, plus
confortable, mieux finie, offrant
un espace moins confiné, cette

nouvelle Série 1, fondée sur la
plate­forme du monospace Ac­
tive Tourer et des SUV X1 et X2,
s’est donné les moyens de tenir
la dragée haute à ses principa­
les concurrentes (Audi A3, Merce­
des Classe A).

Des lignes fluides
Alors qu’Audi reste le plus sou­
vent fidèle à un classicisme stylis­
tique parfois agaçant et que Mer­
cedes cède à la frénésie des
écrans, la Série 1 parvient à un
équilibre mêlant élégance clas­
sique et technologies désormais
obligatoires, sans verser dans le
bling­bling. Autrement dit, la
grande tablette trônant à la droite
du conducteur, ce n’est pas le
genre de la maison... Chez BMW,
on préfère proposer l’affichage
tête haute en couleurs. Plus effi­
cace et plus discret. De fait, l’habi­
tacle est digne de celui d’une
Série 3. Elégante sans être sur­

chargée, la nouvelle Série 1 offre
une silhouette extérieure plus af­
firmée que les deux précédentes
générations. La face avant (chro­
mée ou en nid­d’abeilles selon les
motorisations) est un tantinet

agressive, mais les optiques qui
remontent sur les ailes et les feux
arrière étirés sont de bon goût. De
profil, les lignes sont fluides avec
une ceinture de caisse saillante.
Comme le rappelle un respon­

sable de la marque : « Même à l’ar­
rêt, une BMW se doit d’apparaître
en mouvement! »
Au volant, qu’il s’agisse des mo­
torisations (de 116 à 306 ch) es­
sence et même diesel (étonnam­

ment discret), cette Série 1 offre
des sensations agréables. Un peu
plus légère, un peu plus large,
d’une longueur quasi similaire
(4,31 m) à la précédente généra­
tion et disposant d’un centre de
gravité abaissé de 2 cm, la « pe­
tite » BMW se révèle maniable
lorsqu’il le faut, nerveuse en cas
de dépassement et confortable­
ment apaisée en conduite ur­
baine. Dommage que son rayon
de braquage – plus large (11,3 m
contre 10,9 m) en raison du pas­
sage de la propulsion à la trac­
tion – ne plaide pas en sa faveur.
La BMW Série 1, proposée à par­
tir de 27 150 euros et uniquement
disponible en cinq portes, de­
mandera tout de même une ral­
longe budgétaire de quelques
milliers d’euros pour être riche­
ment équipée d’options en tout
genre. Des suppléments qui, chez
un constructeur comme BMW, se
payent au prix fort.
alain constant

La e208 revendique une
autonomie de 340 km.
PEUGEOT

La nouvelle Série 1
est un peu plus
légère et un peu
plus large que
la génération
précédente.
BMW
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