Les Echos - 02.10.2019

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34 // Mercredi 2 octobre 2019 Les Echos


à 6.000 m² de bureaux sont en cours
de réalisation au niveau de la gare.
Parallèlement à ces projets, la ville a
entrepris de rénover pour un mon-
tant de 2,9 millions d’euros son cen-
tre culturel, le Lièvre d’or, construit
dans les années 1970 et situé au
cœur du quartier Dunant-Kennedy.
Depuis décembre dernier, ce bâti-
ment accueille une des 200 Micro-
Folie en cours de déploiement en
France. Créés sous l’égide du minis-
tère de la Culture, ces musées
numériques de proximité intègrent
souvent des Fab Lab, voire parfois
des salles de musique équipées
d’instruments. Objectif : revitaliser
au plan culturel les territoires prio-
ritaires ainsi que les bassins de vie
défavorisés.n

liard d’euros de l’Agence nationale
pour l’amélioration de l’habitat
(Anah). 222 villes moyennes vont
bénéficier de cette manne.

Musées numériques
de proximité
A l’instar de la ville de Dreux où
Habitat Drouais qui va de cons-
truire, rue aux Tanneurs, un
immeuble locatif doté d’un com-
merce au rez-de-chaussée. Pour
revitaliser le tissu économique de la
ville, des aides à la rénovation des
vitrines sont prévues. Ainsi qu’une
boutique éphémère pour aider les
entrepreneurs à tester leurs pro-
duits sur une période de quelques
mois avant de s’installer en centre
ville. Par ailleurs, deux i mmeubles 5

mées en prises de participation ce
qui permettra à l’État de récupérer
sa mise, majorée d’une plus-value.
Elithis est par ailleurs le maître
d’ouvrage d’une autre tour à énergie
positive. Occupée par des bureaux,
elle est située à Tours.
Contribuer à la renaissance des
villes par la transition énergétique,
la réhabilitation des logements, ou
la revitalisation des commerces,
c’est d’ailleurs le moteur du plan
d’action Cœur de ville lancé en 2018
par le ministère de la Cohésion des
territoires. Ce programme cumule
5 milliards d’euros sur cinq ans d ont
un milliard d’euros de la Caisse des
dépôts en fonds propres et 700 mil-
lions d’euros de prêts, 1,5 milliard
d’euros d’action logement et 1,2 mil-

friche portuaire près du centre-ville
de Strasbourg. Y sont répartis une
soixantaine de logements ainsi que
des espaces de bureaux. Pour les
occupants, la facture énergétique
est proche de 0 euro grâce à ses
1.200 m² de panneaux photovoltaï-
ques posés en toiture et sur sa
façade sud qui permettent à la tour
de produire 10 % de plus que l’éner-
gie consommée, indique le groupe
Elithis, maître d’o uvrage. Pour
autant, ses coûts de construction
sont comparables à ceux d’une tour
standard. L’opération a bénéficié
d’aides du Programme investisse-
ments d’avenir (PIA) selon un
schéma de financement original.
Les subventions accordées par la
Caisse des dépôts ont été transfor-

Eliane Kan


P


artout en France, les villes et
agglomérations se prépa-
rent activement à être plus
inclusives et plus respectueuses de
l’environnement. Entre autres à
Toulouse où opère Occitalys Fon-
cier, un organisme de foncier soli-
daire (OFS). Ayant émergé grâce à
la loi pour l’accès au logement et un
urbanisme rénové (Alur), cette
société coopérative (Scic) propose
une nouvelle forme d’accession
sociale à la propriété. « Nous disso-
cions de manière pérenne le bâti du
foncier », résume Pierre Marchal,
le directeur du groupe des Chalets



  • qui, avec d’autre partenaires, a
    créé cet OFS. Propriétaire de 15.000
    logements locatifs et opérateur de
    programme d’accession sociale à
    la propriété, ce groupe a pour
    actionnaire principal le Conseil
    départemental de la Haute-Ga-
    ronne. « Nous proposons le Bail réel
    solidaire (BRS) pour baisser le coût et
    à garantir la vocation sociale des
    logements, notamment dans les
    zones où le prix du foncier est plus
    élevé. »
    Premier du genre en France, ce
    programme porte sur la résidence
    l’Eclat, un immeuble en BRS de
    19 logements sur quatre étages,
    entouré de jardins, au cœur du très
    prisé q uartier Saint-Michel. Comme
    le prix de revente est fixé à l’avance,
    l’accessibilité sociale e st exempte du
    risque de spéculation immobilière.
    80 % du financement pour acquérir
    le foncier à très long terme ont été
    assurés par un prêt contracté
    auprès de la Banque des territoires.
    Le reste provenant des fonds pro-
    pres de OFS. Le démarrage du chan-
    tier est prévu fin octobre début
    novembre, tandis que la moitié des
    logements est déjà vendue.


Revitalisation
des commerces
L’avenir des villes passe aussi par
des immeubles économes en éner-
gie. A l’exemple de la tour Elithis
Danube, première tour de loge-
ments à énergie positive au monde
inaugurée en 2017. Haut de
56 mètres, cet immeuble de 16 éta-
ges au design très effilé domine
l’écoquartier D anube, une ancienne


RÉAMÉNAGEMENT//Favoriser la mixité sociale, miser sur la transition énergétique et sur la revitalisation des


centres-villes constituent autant de priorités pour les villes et territoires.


Des initiatives plus inclusives et plus vertes


pour accélérer la transformation urbaine


Gimer, le directeur général d’Habi-
tat 76, premier bailleur social de la
Seine-Maritime avec plus de 30.000
logements répartis sur 200 commu-
nes. Dans le cadre du programme
« Territoires à énergie positive pour
la croissance verte », la Banque des
territoires a octroyé à cet office
public de l’habitat un prêt de 3,2 mil-
lions d’euros afin d’optimiser la per-
formance énergétique des 31 loge-
ments sociaux de la résidence
Alizari. Résultat, chauffer un appar-
tement trois pièces ne coûte que
15 euros par mois!
La production d’énergie dans les
parties communes est assurée par
des panneaux photovoltaïques en
toiture, un système de chauffage
par ventilation double-flux et une
chaudière à granulés dont le sur-
plus d’énergie vient chauffer l’eau
de la résidence pour personnes
âgées située à quelques mètres. Les

coûts de construction du projet Ali-
zari se sont d’ailleurs élevés à
5,56 millions cofinancés par l’État,
la Caisse des dépôts, la métropole
de Rouen, l’Ademe, la Caisse d’épar-
gne, Logiliance, Habitat 76,
l’Agence de l’eau Seine-Normandie
et la mairie de Malaunay.

Les objets connectés
comme vecteur
Performante au plan énergétique,
la résidence Alizari se démarque
aussi par les services numériques
délivrés à ses occupants via des
objets connectés. Par exemple, à
l’aide d’une application dédiée, les
occupants peuvent ouvrir et fermer
les stores pour simuler à distance
l’occupation des lieux pendant les
vacances, piloter le chauffage et
l’électricité ou encore suivre leur
consommation d’énergie. Ces tech-
nologies sont encore peu utilisées

modélisation des données du bâti-
ment). Ce processus fournit via une
application dédiée une maquette
numérique 3D partagée entre tous
les intervenants du chantier. Cette
démarche évite notamment les ris-
ques de malfaçons, par exemple
une porte mal positionnée. Ce qui
contribue à améliorer l a qualité et l a
gestion des logements.
Tous les nouveaux bâtiments
d’Habitat 76 disposent ainsi d’une
telle maquette virtuelle. D’ici peu,
les candidats au logement pourront
visiter virtuellement leur futur
appartement tandis que les locatai-
res pourront dès 2021-2022 visuali-
ser le plan de leur appartement, cli-
quer sur l’équipement défectueux
de manière à demander à leur
bailleur l’intervention d’un dépan-
neur. De quoi gagner davantage en
qualité de service.
—E. K.

Pour les occupants de la résidence
Alizari située à Malaunay, u ne petite
ville normande d’environ 6.000
habitants, la transition énergétique
et la transformation numérique
sont déjà une réalité. « Ces locataires
vivent en effet depuis deux ans dans
un bâtiment labellisé Passiv Hauss
qui délivre des services numériques et
produit deux fois plus d’énergie qu’il
n’en consomme », explique Eric


Certaines fonctionnalités de
ses 31 logements à énergie
positive sont pilotables
depuis une application.
Tels que le chauffage
ou l’ouverture des volets.
D’autres services sont
annoncés pour faciliter
la vie des locataires
et du bailleur.


A Malaunay, la résidence Alizari


multiplie les services en ligne


HIGH-TECH


Propos recueillis par
Erick Haehnsen

« La réglementation européenne
a imposé la disparition des lam-
pes à incandescence pour l’éclai-
rage public. En concertation avec
les communes de l’Aube, 90 % de
l’éclairage public comportent à
présent de lampes LED et des
lampes à vapeur de sodium
haute pression qui sont perfor-
mantes du point de vue des con-
sommations électriques (– 50 %)
et des nuisances lumineuses.
« Dans le même esprit, nous
avons installé 153 bornes de
recharge, soit 306 prises, pour la
mobilité électrique. Aussi bien en
milieu u rbain qu’en milieu rural.
Ce programme de 1,2 million
d’euros a été financé à hauteur de
500 .000 euros par l’Ademe dans
le cadre du Programme d’inves-
tissement d’avenir (PIA),
25 0.000 euros par les communes
et 250.000 euros par n otre syndi-
cat. Pour les communes, la prise
revient seulement à 1.800 euros.
Il suffit de parcourir au maxi-
mum 10 km pour trouver une
prise de recharge. Leur localisa-
tion ainsi que leur état et leur dis-
ponibilité apparaissent automa-
tiquement dans les GPS des
smartphones et des voitures.
Dans un avenir proche, il sera
possible de réserver une prise.

Audités sur la fiabilité
et les compétences
« Côté logement, nous venons
d’ouvrir la plate-forme renovau-
be-sde-aube.fr avec laquelle nous
nous positionnons auprès des
particuliers comme tiers de con-
fiance pour aider les “passoires
énergétiques” à monter e n
gamme. Dans la cadre de la pro-
chaine l oi Énergie C limat, l’objec-
tif, c’est de consommer, moins de
330 kWh/m²/an à compter de


  1. Nous proposons alors de
    réaliser une évaluation person-
    nalisée du logement, de chiffrer
    les travaux nécessaires (isola-
    tion, système de chauffage, fenê-
    tres...) et de mettre les particu-
    liers en relation, grâce à la plate-
    forme, avec des artisans que
    nous avons préalablement audi-
    tés en termes de compétence et de
    fiabilité.
    « Ces artisans sont labélisés
    RGE (Reconnu garant de l’envi-
    ronnement) et signent une con-
    vention de partenariat avec
    nous. Les particuliers auront la
    garantie de s’adresser à des pro-
    fessionnels qui savent déjà tra-
    vailler ensemble de façon coor-
    donnée. 99.000 logements sont
    concernés dans le départe-
    ment. »n


Témoignage de Joëlle
Guinot, directrice du
Syndicat départemental
d’énergie de l’Aube qui
gère 8.700 km de lignes
électriques et 70.000
foyers lumineux pour
432 communes avec
un budget annuel
de 20 millions d’euros.

Mettre les


ménages en


relation avec


des artisans


de confiance


SYNERGIE


A Toulouse, en plein cœur du quartier Saint-Michel, un immeuble de 19 logements destinés à l’accession sociale à la propriété va sortir
de terre. Le prix de revente est fixé à l’avance, l’accessibilité sociale est exempte du risque de spéculation immobilière. Photo Les Chalets

par les locataires qui bénéficient
d’une formation dispensée par le
gardien de la résidence.
A l’origine, Alizari a été conçu
comme un lieu d’expérimentation
pour tester de nouveaux usages et,
le cas échéant, les dupliquer dans

d’autres projets. Par ailleurs, cette
résidence innovante est la troi-
sième construction d’Habitat 76 à
avoir recours au BIM (Building
Information Modeling, en français

La production
d’énergie dans les
parties communes
est assurée
par des panneaux
photovoltaïques
en toiture.
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