Les Echos Mercredi 2 octobre 2019 // 35
appartements sont ventilés par une
VMC (ventilation mécanique con-
trôlée). Quant au chauffage et à l’eau
chaude sanitaire, ils sont assurés
par le réseau de chauffage urbain
de Grigny qui est alimenté à 70 %
par de l’énergie géothermique. Par
ailleurs, une toiture végétalisée de
30 centimètres d’épaisseur assure
le confort d’été des occupants. Con-
çue également pour absorber une
partie du carbone produit dans
l’atmosphère, elle recouvre une
grande partie des bâtiments. Le
reste étant occupé par 475 m² de
panneaux photovoltaïques qui pro-
duisent de l’électricité pour alimen-
ter les parties communes.
Le surplus d’énergie est revendu
à Enedis, le fournisseur d’électricité
du bâtiment, de sorte à abaisser les
charges communes des locataires.
Et ce, conformément au label Habi-
tat et Environnement Profil A qui
estampille cette résidence. Délivrée
par l’organisme Cerqual, cette certi-
fication repose sur des critères qua-
litatifs de confort d’été et d’hiver et
de performances é nergétiques. A ce
label s’ajoute celui de Bepos Effiner-
gie qui stipule que la consomma-
tion énergétique est inférieure de
20 % à la réglementation R T 2020. A
cet égard, l’opération a également
été l’une des premières à bénéficier
du label E + C-.n
Eliane Kan
P
our renforcer l’attractivité d e
son centre-ville, la ville de
Grigny (Essonne) p eut
compter sur sa première résidence
à énergie positive et bas carbone.
Occupée depuis quelques mois seu-
lement, elle est située sur la zone
d’aménagement concerté, à l’angle
de la rue de la Liberté et de la rue
Saint-Exupéry. « Les deux bâtiments
qui la constituent abritent 93 loge-
ments sociaux allant du T1 au T5 »,
décrit Pascale Guigou, responsable
de l’agence construction de
l’Essonne chez 3F. Ce bailleur social,
membre du groupe Action Loge-
ment, gère 250.000 logements en
France dont la moitié en Ile-de-
France où une dizaine d’autres
immeubles à énergie positive sont
prévus d’ici un à deux ans.
La première opération réalisée
sur Grigny a été menée en concerta-
tion avec la mairie afin d’attirer les
classes moyennes et assurer la
mixité des lieux. Voilà pourquoi 3F
a bénéficié d’un prix avantageux du
terrain. Ce qui lui a permis de con-
sacrer davantage de budget à la
construction de cet immeuble. Le
coût de l’opération (achat du ter-
rain, honoraires, taxes, etc.) a coûté
14 millions d’euros. Soit 150.000
euros par logement, à comparer
aux 100.000 euros que coûte habi-
tuellement un logement social de
taille comparable. « Son finance-
ment a été assuré à 82 % par des prêts
PLUS (Prêt Locatif à Usage Social) et
PLAI (Prêt Locatif Aidé d’Intégra-
tion) accordés majoritairement par
la Caisse des dépôts, 11 % par des sub-
ventions de l ’État, d’Action Logement
et de la région et le reste sur fonds
propres », indique Pascale Guigou.
Facture diminuée de 40 %
Pour produire plus d’énergie qu’il
n’en consomme, et baisser de 40 %
la facture énergétique de ses loca-
taires, cette résidence abrite des
solutions très performantes. A
commencer par son isolation inté-
rieure et extérieure en laine de
roche. A cela s’ajoutent des baies et
fenêtres à triple vitrage disposant
d’un cadre bois à l’intérieur du loge-
ment et en aluminium à l’extérieur
pour une meilleure performance
énergétique. Côté confort, les
INNOVATION// Le bailleur 3F a ouvert, il y a quelques mois, les portes de sa première résidence à énergie posi-
tive. Située à Grigny, elle contribue à donner une image de modernité au centre-ville où elle est implantée.
Le logement social fait sa mue énergétique
Fortes d’un riche passé industriel,
les agglomérations du Grand Bel-
fort et du Pays de Montbéliard unis-
sent leurs efforts pour convertir
leur économie à l’industrie 4.0 et à
celle de l’hydrogène. Intitulé
« Transformation d’un territoire
industriel », leur projet prévoit,
entre autres, l’acculturation numé-
rique des habitants dès l’école pri-
maire mais aussi la reconversion de
sites industriels inoccupés ainsi
que la réhabilitation à grande
échelle de friches en cœur de ville.
De quoi redynamiser l’espace
urbain et favoriser l’implantation
de nouvelles entreprises sur un des
territoires les plus industrialisés de
France. Le projet Belfort-Montbé-
liard fait d’ailleurs partie des 24 lau-
réats de l’appel à projet Territoires
d’innovation de grande ambition
(Tiga) du programme d’investisse-
ments d’avenir (PIA) initié par
l’Etat. L’enveloppe globale prévue à
cet effet s’élève à 450 millions
d’euros dont 150 millions en sub-
vention et 300 millions en prises de
participation.
Pour les deux agglomérations
Belfort-Montbéliard, cet appel à
projet représente un potentiel de
près de 70 millions d’euros. « Au
titre du PIA, la Banque des territoires
va nous accorder 15,9 millions
d’euros dont 4,8 millions d’euros en
subvention et 11,1 millions d’euros au
travers de prises de participation en
fonds propres ou quasi fonds pro-
pres », se réjouit Charles Demouge,
président de Pays de Montbéliard
Agglomération, chef de file du con-
sortium Nord Franche-Comté qui y
voit la perspective de lever en cofi-
nancement 53,1 millions d’euros à
l’horizon 2028. Le consortium n’a
d’ailleurs pas attendu de contrac-
tualiser avec la Banque des Territoi-
res pour se mettre au travail. « Les
premières actions vont démarrer
début 2020 », indique Isabelle Giet,
responsable administration et
finances à la direction de l’enseigne-
ment, de la recherche et de la for-
mation au sein de l’agglomération.
Partenariat
avec l’université
Ces actions intéressent notamment
la commune du Vieux-Charmont
où va démarrer une expérimenta-
tion de phytomanagement sous la
conduite du laboratoire de Chrono-
environnement de l’Université de
Franche-Comté. L’idée étant de
dépolluer les sites grâce à des plan-
tes capables de piéger ou d’extraire
la pollution des sols. Le projet de
réhabilitation de friches urbaines
concerne aussi les anciens sites
industriels situés le long des rives
du Doubs, dans la partie Nord Fran-
che-Comté. Une expérimentation
va être menée à Valentigney. Son
pilotage est confié à une filiale de
Sedia, société d’économie mixte
spécialisée dans des opérations
d’aménagement pour l’urbanisme,
l’habitat ou des parcs d’activité. Le
programme prévoit d’intégrer des
technologies vertes de dépollution
et de reconvertir les bâtiments
industriels dans le respect des
valeurs architecturales du lieu. I l est
aussi prévu d’exploiter les qualités
du site p our développer les énergies
renouvelables. De quoi renforcer
l’attractivité du centre-ville et favo-
riser l’implantation d’entreprises
susceptibles de diversifier le tissu
industriel actuel. —E. K.
Parmi les agglomérations
les plus industrialisées de
France, le Grand Belfort
et Pays de Montbéliard
veulent rénover à grande
échelle leurs friches
urbaines. Ces opérations
s’inscrivent dans le cadre
d’un projet plus large
qui vise à transformer
leur territoire industriel.
Belfort et Montbéliard reconvertissent leurs friches urbaines
RÉHABILITATION
3F gère 250.000 logements
dans l’Hexagone dont la moitié
en Ile-de-France.
Photo Immobiliere3F-Grigny
La date
2028
C’est l’horizon que se donne
Charles Demouge, président de
Pays de Montbéliard Aggloméra-
tion, pour lever 53,1 millions
d’euros en cofinancement afin de
reconvertir les sites industriels
locaux. Cette somme viendra
s’ajouter au 15,9 millions accor-
des par la Banque des territoires.
tion des réseaux d’énergies y met-
tent la main à la pâte. Notamment
en d éveloppant une large palette d e
services couvrant parfois l’audit de
faisabilité, l’accompagnement
technique pour le cahier des char-
ges, l’assistance à l’appel d’offres, la
sélection de la maîtrise d’ouvrage,
le suivi des travaux, le bilan énergé-
tique après travaux... Voire la
recherche de financement.
C’est le cas du Syndicat des éner-
gies et de l’aménagement numéri-
que de la Haute-Savoie (Syane) qui,
depuis 2012, a accompagné 77 pro-
jets, tous lauréats d’appels annuels
à manifestation d’intérêt, cumu-
lant pour 31,4 millions d’euros de
travaux éligibles. Dont 4,8 millions
d’euros de subventions. « Nous
avons ainsi économisé 7,8 GWh par
an et évité l’émission de 2.500 tonnes
annuelles de CO 2 , explique Jean-
Pierre Scotton, directeur général
des services du Syane. Nous appor-
tons de 30 % à 40 % de subvention,
soit jusqu’à 80 .000,00 euros, pour
chaque opération. Ce qui génère un
effet de levier. » Quant aux rénova-
tions énergétiques, elles sont ambi-
tieuses et complètes. En témoigne
le chantier, récemment inauguré,
de la maison polyvalente de
Vovray-en-Bornes qui touche l’iso-
lation (murs, toiture, remplace-
ment des menuiseries), la ventila-
tion mécanique (double flux dans
la grande salle ; simple flux pour les
sanitaires et les vestiaires), le sys-
tème de chauffage (pompe à cha-
leur géothermique et rénovation
du réseau de chauffage), l’eau
chaude sanitaire (ballon thermo-
dynamique), éclairage (luminaires
Erick Haehnsen
280 millions de m², c’est ce que
représente le parc des bâtiments
publics des collectivités territoria-
les en France. Dont 150 millions de
m² pour les seuls b âtiments
d’enseignement (écoles, collèges,
lycées...) qui, avec 30 % de la con-
sommation énergétique des bâti-
ments communaux, sont les plus
gourmands. Depuis plusieurs
années, certains syndicats de ges-
Les syndicats départe-
mentaux étoffent
la palette de leurs
services pour accélérer
la transformation
énergétique des
bâtiments publics.
De nouveaux modèles
de financement pour rénover
les bâtiments publics
SOLUTIONS
LED avec gradation et détecteurs).
Résultat : 69 % d’économie d’éner-
gie permettant d’éviter un rejet de 2
tonnes de CO 2 par an.
Pour accélérer davantage la
rénovation énergétique des bâti-
ments publics, la Fédération natio-
nale des collectivités concédantes
et régies (FNCCR) et la Banque des
Territoires ont lancé en novembre
dernier le programme « Territoire
d’énergie » pour la période 2018 à
- Point fort, l’Intracting : un dis-
positif financier qui consiste à réali-
ser des travaux de performance
énergétique générant des écono-
mies d’énergie avec un temps de
retour inférieur à 10 ans. « Nous
avons prédiagnostiqué des opéra-
tions standardisées pour 130 bâti-
ments publics susceptibles de réali-
ser le plus d’économies d’énergie et
d’être les plus rémunératrices en ter-
mes de certificats d’économie d’éner-
gie. Puis nous allons lancer des
Appels à manifestation d’intérêt
auprès des communes », détaille
Didier Arz, DGA de Morbihan
Energies, qui possède les
24.000 km de réseaux électriques
des 250 communes du Morbihan
dont l’exploitation a été confiée à
Enedis. « Pour celles qui le souhai-
tent, nous calculerons le gain poten-
tiel sur facture qui pourra être réalisé
et proposerons de basculer les actuel-
les dépenses d’énergie vers des annui-
tés de remboursement d’investisse-
ment en rénovation énergétique. »
Morbihan Energies a l’ambition
de massifier les projets en étant
l’interlocuteur unique des 250 com-
munes du département auprès de
la Banque des Territoires. A l’exem-
ple de cette dernière, l’entité bre-
tonne va proposer le conseil, le
financement et la supervision des
opérations. Restera à convaincre les
municipalités. « Nous avions déjà
mis en place ce schéma pour réaliser
15 centres de production photovoltaï-
ques (80 sont en route), souligne
Didier Arz qui compte installer une
comptabilité analytique globale et
pour chaque opération. Les déci-
deurs devraient se montrer sensibles
car nous apportons une offre globale
clé en main. Par ailleurs, les chantiers
de rénovation énergétique devraient
générer des marchés supplémentai-
res à des entreprises locales. »n
Les bâtiments
scolaires avec 30 %
de la consommation
énergétique, sont les
plus gourmands.
150.000
EUROS
C’est le coût moyen par
logement de la résidence
à énérgie positive construite
par 3F à Grigny. A comparer
aux 100.000 euros que coûte
habituellement un logement
social de taille comparable.