Les Echos - 02.10.2019

(Brent) #1

Les Echos Mercredi 2 octobre 2019 FRANCE// 05


Quelles seront vos priorités
budgétaires?
La ville comporte un grand nom-
bre d’agents, entre 50 et 55.
équivalent temps plein (ETP),
selon les périmètres choisis. On est
sur une masse salariale en aug-
mentation régulière, qui repré-
sente 2,4 milliards d’euros. Il y a un
besoin de restructuration et d’effi-
cacité. Nous devrons travailler sur
la question des horaires de travail.
La loi Dussopt nous donne une
année pour passer aux 1.607 heu-
res de travail annuel, or la durée
actuelle avoisine les 1.550 heures.
La différence entre le taux légal et
ce qui est effectué représente, selon
la CRC, un gain de 2.100 emplois
ETP. La loi Dussopt est aussi l’occa-
sion de tout remettre à plat avec les
agents, dans le dialogue social et le
plus tôt possible. On parlera pro-
ductivité, bien-être au travail,
réduction de l’absentéisme qui tra-
duit un mal-être dans bien des cas.
Pour redonner de la fierté aux
agents et que les Parisiens soient
fiers de leurs agents.

Peut-on réduire les dépenses
de personnel?
Certainement sur le périmètre

Exclurez-vous d’augmenter
les impôts locaux?
La pression sur les loyers et le prix
d’achat est telle qu’il faut être extrê-
mement prudent avec la fiscalité.
Peut-être faut-il faire une exception
avec les résidences secondaires. Il y
en a tellement, ainsi que des loge-
ments vides à Paris, que l’on doit tra-
vailler sur la possibilité de davan-
tage taxer ces biens. Je proposerai
par amendement au PLF 2020 de
déplafonner la surtaxe sur les rési-
dences secondaires pour ne pas la
limiter à 60 %. Je tiens aussi à poin-
ter des artifices comptables comme
les loyers capitalisés des bailleurs
sociaux qui représentaient
220 millions d’euros l’an dernier. Le
budget est équilibré par les droits de
mutation, de 1,5 milliard d’euros en


  1. Enfin, il y a eu 200 millions
    d’e uros de cession d’actifs, qui ne
    pourront pas continuer indéfini-
    ment. Je demanderai un audit de la
    chambre régionale des comptes
    dès le début de mon mandat.


CÉDRIC VILLANI
Député LREM
et candidat à
la Mairie de Paris

social dans les entreprises. Pari
perdu, estime la CFDT.
A trois mois de l’échéance, la cen-
trale a présenté, mardi, un bilan très
négatif de la mise en œuvre des
ordonnances Pénicaud sur le sujet
alors que 50 % des employeurs con-
cernés sont déjà entrés dans le nou-
veau système. « Nous estimons que
parmi les entreprises qui ont déjà mis
en place un CSE, neuf sur dix ne sont
pas passées par un accord avec les
représentants des salariés, elles se
sont contentées du minimum légal »,
a déploré Philippe Portier, le secré-
taire national en charge du sujet à la
direction de la CFDT. Contraire-
ment à ce que souhaitait la centrale,
aucune obligation de négocier et de
conclure n’a été inscrite dans la loi.

Baisse très forte des moyens
« Cela conduit à une baisse très forte
des moyens des représentants du p er-
sonnel mais aussi à une centralisa-
tion du dialogue social qui s’accom-
pagne d’une perte de proximité par
rapport aux salariés », a-t-il regretté.

Sans compter que la loi ne prévoit
pas que les s uppléants assistent aux
réunions du CSE... « C’est comme si,
dans une équipe de rugby, on interdi-
sait aux remplaçants de s’entraî-
ner », a dénoncé Philippe Portier,
qui souligne également « l’augmen-
tation de la charge de travail des
élus », donc une professionnalisa-
tion que critiquait pourtant le gou-
vernement.
Malika Poumbga, syndicaliste
CFDT c hez Marionnaud, qui
compte quelque 3.000 salariés, a
attaqué la réforme avec son exem-
ple à l’appui : « Nous n’avons plus
que 25 élus pour 465 établissements.
Comment peut-on correctement
représenter les salariés? » Rares
sont les employeurs qui, comme
Korian, cité en exemple par la cen-
trale, sont allés au-delà du mini-
mum. Le groupe a notamment
prévu 2 à 4 représentants de proxi-
mité dans chaque établissement.
« Pour cela, il faut un accord, or notre
direction n’en a pas voulu », a
dénoncé Malika Poumbga.n

Leïla de Comarmond
@leiladeco


Les entreprises de plus de 10 sala-
riés ont jusqu’au 31 décembre pour
mettre en place les nouvelles ins-
tances représentatives du person-
nel que la réforme du Code du tra-
vail de 2017 a substituées aux CE,
CHSCT et délégués du personnel
qui coexistaient jusqu’à présent.
Pour le gouvernement, leur fusion
dans une structure unique, le
comité social et économique
(CSE), va renforcer le dialogue


SOCIAL


Le syndicat dénonce
une « mise en place
au rabais » des
conseils sociaux
et économiques
dans les entreprises
de plus de 10 salariés
au 31 décembre.


La CFDT s’inquiète du recul


du dialogue social en entreprise


Auprès de ses clientsetdeses salariés, Sondès
aimerendreservice.Passionnée parl’hôtellerie, elle
se dévoue cœur et âmeàson métier.Portrait d’une chef
d’entreprise ultradynamique.

SondèsAYARI
B&BHOTELSCREILCHANTILLY,
PARISESTBOBIGNYUNIVERSITÉ
&ROMAINVILLENOISY-LE-SEC

Découvrez son portrait surlachaîne B&BHOTELS


«Êtreentrepreneur,


c’estsurtoutunétatd’esprit»


Histoiresd’Hôteliers&Entrepreneurs
ÉPISODE 10 - OCTOBRE 2019

COMMUNIQUÉ


D’


abord agentdevoyages, Sondès
décide de postuler chez B&B
HOTELS en 2005.Sa
personnalitéet
son expérience
séduisentleGroupeetelle
devient directrice«mobile».
Sonrôle :remplacerles
directeursd’hôtels pendant
leursabsences, parexemple
lors de leursvacan ces.«J’ai
fait un minitour deFranceet
découvertdifférentesméthodes
de travailetd’organisation »,
explique-t-elle.

Toujoursenthousiaste etcréative
En 2006,àl’occasion del’ouvertured’un hôtel du
réseauàCreil,elleseporteca ndidatepourdevenir
gérant mandataire.Pourquoi ?«J’avais envie de
mener mon propreprojetetdecontinueràévoluer.
Pour moi,laclédel’épanouissementpersonnel
est d’êtreautonomeetlibredansses décisions »,
avoueSondès. Cettepremièr eréussitelui donne
des ailes :«ilesttoutàfait normal d’avoir peur
del’inconnu maisl’affronterestuneexpérience
enrichissante.Êtreentrepreneur, c’est surtout un
étatd’esprit quisemanifestepar del’enthousiasme,
de lavolonté etde la créativitéenchaque occasion».

L’aventured’unevie
Ellegèredésormaistroishôtelsen régionparisienne
et une trentaine de salariés. Ce qu’elle
appréciele plus chez B&B HOTELS?La
collaboration etl’espritde partenariat
entreles membres du Groupe, qui
partagenttous la mêmepassion.
Hyperactive, Sondès estaussi
membredel aFédérat ion Française
des femmes chefsd’entreprise.
Dansce cadre, elle se mobilise
auprès des écoles afin de sensibiliser
lesjeunesfemmesàl’entrepreneuriat.
Devenue conseil lère,juge et présidente
d’audienceaux prud’hommes de Seine-Saint-
Denis en 2018, elleaeu«l’opportunitéd’êtreformée
par de hautsmagistrats. J’en tireunenseignement
en tantque qu’employeur:j’ajusteenpermanence
mes actions pourêtreconformeàlaloi mais aussiau
contratmoral que j’estime
avoir enversmonéquipe,
àsavoir delesformer
etde transmettremes
connaissances ».Preuve
quel’ouvertured’esprit
et la curiosité, dont
Sondès ne manque pas,
sont des pilierspour
tous lesentrepreneurs! Conception

&réalisation:

-Crédits:B&BHOTELS,QuentinO’Bear

,DR

Volonté


Implication


hotelbb.com

peu moins que le record 2017 de
270 millions, mais l’objectif fixé
avec les pouvoirs publics est
une fois de plus dépassé. De
plus, au cours des cinq derniè-
res années, le montant des frau-
des mises au jour a crû de 50 %
par rapport aux cinq années
précédentes. Plus de la moitié
des fraudeurs sont des assurés
sociaux. Ainsi, l’un d’entre eux a
déclaré 14.000 euros de revenus
pour bénéficier de la couverture
maladie universelle complé-
mentaire, alors qu’il gagnait
dix fois plus. Il a écopé de
13.000 euros d’amende.

Des professionnels
de santé pointés du doigt
En revanche, en montants, les
assurés ne pèsent que 22 % de la
fraude. Ce sont les professionnels
de santé qui fraudent le plus en
valeur : 47 % du total. Tel cet infir-
mier qui facturait des soins réali-
sés par sa conjointe, en exercice
illégal de la profession. Le couple
a eu de la prison avec sursis plus
175.000 euros à rembourser.
Autre exemple : un médecin
fractionnant ses feuilles de soins
et falsifiant les dates pour se faire
rembourser plusieurs consulta-
tions au lieu d’une a dû rembour-
ser 52.000 euros de préjudice et
payer 75.000 euros d’amende.
Les établissements de santé
ont été à l’origine de 30 % des
fraudes en valeur, principale-
ment en trichant sur le codage
des actes afin d’obtenir un
meilleur remboursement.n

Solveig Godeluck
@Solwii

La traque a duré trois ans, de
2016 à 2018. L’assurance-mala-
die est parvenue avec l’aide de la
gendarmerie, de la police, des
douanes et de la justice à faire
démanteler un trafic de Subu-
tex. En scrutant ses bases de
données, elle a repéré 165 assu-
rés domiciliés dans 31 départe-
ments, qui consultaient chacun
de nombreux médecins et cou-
raient les pharmacies afin de se
faire prescrire de grosses quan-
tités de ce substitut à l’héroïne.
Au final, cinq trafiquants ont été
arrêtés et deux médecins con-
damnés à de la prison ferme.
Cette affaire est emblémati-
que de la façon dont travaille, de
plus en plus, la Sécurité sociale
pour atteindre des objectifs
de lutte contre la fraude : en
réseau, et en exploitant les bases
de données. La Caisse nationale
d'assurance-maladie (CNAM) a
présenté mardi son bilan 2018
en la matière.
En 2018, les montants de
fraude détectés se sont élevés à
261 millions d’euros. C’est un

SANTÉ


En 2018, la Caisse
nationale d'assu-
rance-maladie a
détecté 261 millions
d’euros de fraude.

Assurance-maladie :


la lutte contre


la fraude s’organise


« Il faut tout remettre à plat avec


les agents de la Ville de Paris »


actuel mais progressivement, en ne
remplaçant pas la totalité des
1.000 départs à la retraite par an et
en gardant en tête que des dépenses
nouvelles peuvent s’ajouter par rap-
port à la police municipale, des
engagements sur la propreté, l’éco-
logie, etc.n

Propos recueillis par
Grégoire Poussielgue
@Poussielgue
et Matthieu Quiret
@MQuiret


Quel regard portez-vous
sur les finances de la Ville
de Paris?
Le rapport de la Chambre régio-
nale des comptes de 2016 alertait
déjà sur la dégradation de l’état
des finances. Depuis, certains élé-
ments se sont améliorés, d’autres
se sont aggravés. La situation
actuelle n’est pas bonne et la tra-
jectoire budgétaire n’est pas soute-
nable. Nous avons une dette qui a
quasiment doublé en six ans, qui
s’élève autour de 6 milliards
d’euros. La durée de désendette-
ment frôle les dix années, s’appro-
chant dangereusement des douze
années considérées comme une
limite de bonne gestion. Autre
indicateur, l e taux d ’épargne nette,
c’est-à-dire le taux d’épargne une
fois retiré le remboursement des
emprunts, e st autour de 5 %, ce qui
est très bas comparé à d’autres
métropoles en France plus pro-
ches des 10 ou 13 %.


Pourtant, la municipalité fait
valoir que les notations des
agences de crédit sont excel-
lentes, l’épargne brute a aug-
menté pendant le mandat,
l’endettement par habitant est
faible, le contrat financier
avec l’Etat respecté...
La notation est bonne car le taux de
la fiscalité directe est bas et les agen-
ces considèrent qu’il reste des mar-
ges d’augmentation et un potentiel
fiscal. Mais le niveau des loyers et du
foncier est tellement élevé que cela
reste théorique. Pour financer mes
priorités d’investissement, notam-
ment sur la transition écologique et
l’amélioration du quotidien des Pari-
siens, je veux dégager des marges de
manœuvre sur le fonctionnement.


« La trajectoire
budgétaire actuelle
n’est pas
soutenable. »

lLe député de l’Essonne et candidat dissident de LREM pour la Mairie


de Paris livre ses priorités en matière budgétaire et financière.


lIl souhaite augmenter les horaires de travail des agents municipaux.


Joel Saget/AFP
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