Les Echos - 02.10.2019

(Brent) #1

08 // MONDE Mercredi 2 octobre 2019 Les Echos


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EN PARTENARIATAVEC

estimé du commerce mondial en
2019 se situe dans une fourchette
allant de 0,5 % à 1,6 % », prennent
soin de préciser les économistes de
l’Organisation.
« L’assombrissement des perspec-
tives [...] est décourageant mais pas
inattendu. Au-delà de leurs effets
directs, les conflits commerciaux
accentuent les incertitudes, ce qui
pousse certaines entreprises à retar-
der l’augmentation des investisse-
ments, indispensables à la producti-
vité [...] », a commenté Roberto
Azevêdo, le directeur général de
l’OMC, dans un communiqué.
L’escalade des tensions commer-
ciales, notamment entre les Etats-
Unis et la Chine, et le r alentissement
économique mondial sous-tendent
ces prévisions moroses. Pour ses
calculs, l’Organisation se base sur
une croissance du produit intérieur
brut mondial de 2,3 % cette année.

La faible croissance anticipée du
commerce en 2019 prend pour
hypothèse un rebond des échanges
commerciaux au cours du second
semestre.
Or, au premier semestre, la crois-
sance de ces échanges ne s’est éle-
vée qu’à 0,6 %. Les exportations des
pays industrialisés affichent une
hausse de seulement 0,2 %. Les
importations o nt grimpé de 1,8 % en
Amérique du Nord et de 0,2 % en
Europe. En revanche, elles ont
reculé de 0 ,7 % en Amérique d u Sud
et de 0,4 % en Asie.

Les commandes
à l’export en berne
La faible demande d’importations
des pays asiatiques affecte plus par-
ticulièrement la Corée, le Japon et
l’Allemagne, précise l’Organisation.
Et les augures ne sont guère favora-
bles dans les prochains mois. Les

indicateurs économiques men-
suels en témoignent. « L’indice des
nouvelles commandes à l’exporta-
tion est passé de 54 en janvier 2018 à
47,5 en août 2019, soit la plus faible
valeur depuis octobre 2012 », préci-
sent les économistes. Une valeur
inférieure à 50 signale en effet une
contraction.
Pour l’heure, l’Organisation
espère encore un rebond du com-
merce mondial l’an prochain. Mal-
gré une révision à la baisse de 3
dixièmes de point par rapport à ses
prévisions d’avril dernier, elle anti-
cipe une croissance de 2,7 %. Nom-
bre d’incertitudes pourraient
remettre en cause ce scénario. Un
Brexit désordonné aurait un
impact significatif p our l’Europe. Et
une escalade des tensions entre les
Etats-Unis, la Chine et l’Union euro-
péenne constitue une menace sup-
plémentaire.n

COMMERCE


Richard Hiault
@RHIAULT

Le moteur du commerce mondial
est sérieusement grippé. Mardi,
l’Organisation mondiale du com-
merce (OMC) a nettement revu à la
baisse ses prévisions de croissance
des échanges pour cette année. Ses
chiffres ont été divisés par plus de
deux. Pour l’organisation qui espé-
rait encore, en avril dernier, une
croissance du commerce mondial
de 2,6 %, la progression ne sera plus
que de 1,2 %. C’est le plus bas niveau
observé depuis ces dix dernières
années. Encore s’agit-il d’une
moyenne. « En raison du degré
d’incertitude élevé associé aux prévi-
sions commerciales dans les condi-
tions actuelles, le taux de croissance

lL’ Organisation mondiale du commerce a divisé par deux ses prévisions


de croissance des échanges internationaux.


lEn 2019, la hausse du commerce international devrait atteindre seulement


1,2 % avant un rebond espéré, en 2020, à 2,7 %.


Commerce mondial : plus basse


croissance depuis dix ans


lement, dominé par l’opposition
fujimoriste a riposté en votant, à une
majorité de 86 voix sur 130, la sus-
pension pour un an de Martin Viz-
carra pour « incapacité morale ». Il a
décidé de son remplacement par la
vice-présidente Mercedes Araoz,
une économiste de 58 ans, laquelle a
prêté serment dans la foulée.
« Nous sommes face à un coup
d’Etat », a fulminé le député Jorge
del Castillo, allié de l’opposition,
pour justifier la fronde du Parle-
ment. « J’espère que les forces armées
et la police ne se joindront pas à cette
mascarade », a-t-il ajouté. Le Parle-
ment se réunira à nouveau vendredi
pour voter une motion destituant
Martin Vizcarra de façon définitive,
a indiqué le président de la Cham-
bre, Pedro Olaechea.
Cette crise est l’aboutissement
d’une querelle politique de plusieurs
années au Pérou au sujet du mode
de nomination de juges au Tribunal
constitutionnel. Le Tribunal consti-
tutionnel, la plus haute instance
judiciaire du Pérou, est actuelle-
ment saisi de la demande de remise
en liberté d e la leader d e l’opposition
Keiko Fujimori, fille de l’ex-prési-
dent Alberto Fujimori (1990-2000).
Keiko Fujimori est incarcérée
depuis onze mois dans le cadre du

Michel De Grandi
@MdeGrandi

Le Pérou a décidément bien du mal
à garder un président à sa tête.
Après avoir succédé en 2018 à Pedro
Pablo Kuczynski, acculé à la démis-
sion en raison de soupçons de cor-
ruption, Martin Vizcarra a été à son
tour pris dans une tornade politi-
que. Dans un discours télévisé à la
nation, il a commencé par annoncer
la dissolution du Parlement, une
première au Pérou depuis 1992, et la
convocation d’élections législatives
anticipées le 26 janvier. Mais le Par-

AMÉRIQUE DU SUD


Le président a pro-
noncé la destitution
du Parlement qui,
en retour, l’a suspendu
pour un an.

La vice-présidente a
immédiatement prêté
serment pendant
que des élections
anticipées ont été
fixées à janvier.

Le Pérou à nouveau en plein


chaos politique


Catherine Chatignoux
@chatignoux


Faute de plan exprimant la soli-
darité des Européens vis-à-vis
des réfugiés et des migrants
arrivant en Grèce, le gouverne-
ment de Kyriákos Mitsotákis a
pris des mesures d’urgence
lundi pour tenter de limiter les
arrivées de migrants sur les
îles de la mer Egée et déconges-
tionner les camps surpeu-
plés. L’incendie qui s’est déclaré
dimanche, provoquant la mort
d’une femme et d éclenchant des
émeutes dans le camp de Moria,
sur l’île de Lesbos, témoigne des
conditions déplorables d ans l es-
quelles vivent les demandeurs
d’asile. Ils sont actuellement
13.000 entassés dans des tentes
prévues pour accueillir un
maximum de 3.000 personnes.
Or ces derniers mois, la Grèce a
été confrontée à un nouvel
afflux de migrants.
Plus de 45.000 migrants,
afghans et syriens dans leur
majorité, sont entrés sur le terri-
toire depuis le début de l’année,
alors que les deux autres desti-
nations méditerranéennes des
migrants, l’Espagne (30.000) et
l’Italie (7.500), ont vu les arri-
vées reculer cette année. La
situation est particulièrement
critique en Grèce puisque la
route des Balkans est fermée et
que les Européens n’acceptent
plus aucun demandeur d’asile
enregistré en Grèce depuis sep-
tembre 2017, date qui a marqué
la fin du programme de solida-


GRÈCE


Au lendemain d’un
incendie dans le
camp de deman-
deurs d’asile de
Moria, à Lesbos, le
gouvernement a
décidé d’accélérer le
renvoi des déboutés
vers la Turquie
et les procédures
d’asile.


Mesures d’urgence


en mer Egée pour


décongestionner


les camps de réfugiés


vaste scandale de corruption Ode-
brecht – du nom du géant du BTP
brésilien – qui éclabousse la classe
politique latino-américaine et a fait
tomber le précédent président.

Les fujimoristes détiennent
actuellement la majorité au Parle-
ment mais, en d égringolade d ans les
sondages, ils redoutent la perspec-
tive d’élections anticipées. D’autant
plus qu’en vertu d’une réforme
adoptée en 2018 par référendum,
plus aucun parlementaire au Pérou
ne peut postuler à un second man-
dat. Martin Vizcarra, au contraire,
jouit d’une forte popularité en rai-
son de son intransigeance face à
l’opposition, même si lui-même ne
bénéficie du soutien d’aucun parti
politique. Plusieurs manifestations
de soutien à sa décision de dissoudre
le Parlement ont d’ailleurs eu lieu
lundi soir à travers le Pérou. La plus
importante a rassemblé environ
2.000 personnes à Lima.n

Le Parlement se
réunira vendredi
pour voter une
motion destituant
Martin Vizcarra.

rité vis-à-vis des pays méditerra-
néens de premier accueil des
migrants. Actuellement, on
compte 70.000 migrants et
demandeurs d’asile en G rèce, e n
attente du résultat de leur pro-
cédure d’asile ou de renvoi vers
la Turquie. Les camps ne sont
plus en mesure d’absorber
l’accélération du flux des arri-
vants.
Lundi, le gouvernement a
annoncé son i ntention d e
reconduire 10.000 migrants en
Turquie d’ici 2020, alors que
seulement 1.800 l ’ont été c es der-
nières années. En dépit de
l’accord signé en mars 2016
entre l’UE et la Turquie qui pré-
voyait de tels renvois, le gouver-
nement précédent d’Alexis Tsí-
pras refusait de considérer la
Turquie comme un « pays sûr »
et ne laissait partir que les volon-
taires et un nombre limité de
déboutés du droit d’asile.

Les autorités vont également
accélérer les transferts sur le
continent d e demandeurs
d’asile. Au moins 3.000 person-
nes devraient rejoindre les
camps installés dans les envi-
rons d’Athènes d’ici la fin octo-
bre. Depuis la semaine dernière,
700 migrants environ y ont été
conduits. La construction de
centres fermés est également
à l’ordre du jour pour y détenir
les déboutés du droit d’asile ou
les migrants illégaux. Les
patrouilles en mer Egée vont
aussi être renforcées et, selon le
gouvernement, 23 patrouilleurs
supplémentaires ont d’ores et
déjà été déployés depuis la
semaine dernière pour tenter de
dissuader les b ateaux de
migrants. Le Premier ministre a
enfin annoncé la réforme du
droit d’asile en Grèce, dont il
souhaite accélérer drastique-
ment la procédure.n

Les patrouilles
en mer Egée
vont aussi être
renforcées.
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