Courrier International - 10.10.2019

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Courrier international — no 1510 du 10 au 16 octobre 2019 AFRIQUE.EUROPE. 25


rien. Toutefois, grâce ou à cause de sa noto-
riété, les Marocains découvrent la vio-
lence de la procédure qui entoure cet acte
considéré comme un délit. Oui, les poli-
ciers l’ont arrêtée. Oui, ils l’ont placée en
garde à vue. Oui, elle a dû être soumise à
des examens gynécologiques contre son
gré. Oui, c’est violent. Oui, elle encourt

—Le360 (e x t r a i t s) Casablanca

C


ette affaire odieuse, qui se voit étalée
en toute impudeur, à coups de rap-
ports gynécologiques, aura toutefois
un mérite. L’affaire Hajar Raissouni a fait
l’effet d’un électrochoc à la société maro-
caine. Une journaliste [au quotidien ara-
bophone Akhbar Al-Yaoum], arrêtée pour
avortement illégal... Rendez-vous compte.
De quoi défrayer la chronique, choquer le
monde et démonter bien des certitudes.
Voilà que, pour la première fois, c’est
une personnalité publique qui se retrouve
clouée au pilori de la justice et de la vindicte
populaire. Non pas que ce soit la première
à être arrêtée pour un avortement clandes-
tin, bien qu’elle se défende du contraire.
Quand bien même celle-ci aurait avorté,
elle ne serait ni la première ni la dernière
de cette très très longue liste de femmes,
dont bon nombre font partie de nos entou-
rages, qui ont eu recours à cette pratique un
beau jour pour des raisons qui leur appar-
tiennent et que nul n’est en droit de juger.
Hajar Raissouni, bien malgré elle, se voit
endosser aujourd’hui le rôle de porte-parole
d’une cause à laquelle elle n’avait jamais été
associée auparavant. Mais qu’est-ce qui fait
la différence entre cette jeune femme et
toutes les autres qui sont un jour passées
sur la table froide d’un cabinet de gynéco-
logue douteux pour avorter dans la souf-
france et dans le silence? Rien. Absolument

MAROC


L’affaire Hajar Raissouni,


un électrochoc


La journaliste Hajar Raissouni a été condamnée à un an
de prison ferme pour avortement illégal. Cette éditorialiste
appelle à la défense des libertés individuelles et de la presse.

une peine de prison [arrêtée le 31 août, elle
a été condamnée le 30 septembre à un an de
prison ferme]. Oui, c’est moche. Et figurez-
vous que tout cela n’est pas nouveau. C’est
dans la loi, c’est écrit noir sur blanc dans
le Code pénal. Alors? Que fait-on mainte-
nant? Va-t-on enfin se décider à faire bloc,
tous ensemble, pour forcer le gouverne-
ment à dépénaliser l’avortement et éviter
aux femmes ce type de violences? Ou va-
t-on se contenter d’exprimer son indigna-
tion sur Facebook, outil d’un militantisme
de pacotille, et oublier ce combat aussi
vite qu’on a oublié qu’on a aussi “milité”
contre les incendies en Amazonie, le plas-
tique qui pollue et les gardiens de voitures
de Casablanca?

Idées reçues. C’est aussi la première fois
qu’une femme connue du grand public,
de surcroît réputée proche de l’idéologie
islamiste, se trouve confrontée à ce type
d’accusations. Bien des idées reçues s’ef-
fondrent. Oui, figurez-vous que toutes les
femmes, sans exception, sont concernées
par l’avortement. Qu’elles portent le voile,
qu’elles prient cinq fois par jour. Voilà donc
une vérité exposée au grand jour et qui fera
peut-être réfléchir à deux fois les morali-
sateurs (-trices) qui se donnent le droit de
juger les autres. Et dans ce cas de figure,
la femme est la pire ennemie de la femme.
Cette affaire odieuse, qui se voit étalée
dans la presse et sur les réseaux sociaux,
qui viole l’intimité de la jeune femme, aura
toutefois un mérite. Celui de mettre en
lumière un sujet ô combien important,
passé à la trappe depuis l’avènement au
pouvoir des islamistes : le respect des liber-
tés individuelles.
—Zineb Ibnouzahir
Publié le 8 septembre

↙ Dessin de Glez,
paru dans le Journal du jeudi,
Ouagadougou.

Législatives


●●● Les premières estimations
des sondages à la sortie des
urnes, lors du vote du 6 octobre,
donnent Ennahda vainqueur,
avec 40 sièges sur 217. Le parti
islamiste perd toutefois près
de 28 sièges au sein du nouveau
Parlement. Il serait talonné par
le parti Qalb Tounes (“Au cœur
de la Tunisie”) de Nabil Karoui,
qui remporterait de 33 à 35
sièges. Ils sont suivis par
cinq formations qui pourraient
chacune compter entre
14 et 18 députés. “C’est une vraie
mosaïque qui se dégage”, constate
Business News. Si ces résultats
sont confirmés, la formation
d’une majorité parlementaire
de 109 voix sera ardue.


sur mesure pour barrer la route à
Nabil Karoui? [Le gouvernement
de Chahed avait proposé, en juin,
un amendement qui excluait les
candidats ayant eu recours à de
la publicité politique, alors que
Karoui avait largement utilisé sa
chaîne, Nessma TV, pour vanter
ses actions caritatives. Un amen-
dement que le président Essebsi,
décédé le 25 juillet, s’était abstenu
de valider.]
Que faire? Accepter le résul-
tat des urnes et accepter l’autre,
même si c’est le diable, même si
c’est un clown. C’est ça la démo-
cratie. Le combat ne peut pas avoir
lieu avec des injures sur Facebook
et encore moins en jouant des
rouages juridiques à double tran-
chant. Une justice aux ordres du
pouvoir exécutif peut se retourner
contre vous en un rien de temps,
dès lors qu’il y a un changement
de la direction du vent.
À défaut de vouloir accepter
l’autre et le résultat des urnes, on
va devoir accepter que quelqu’un
vienne voter à notre place, et ce
n’est pas du tout cela qu’on veut.
Pour les générations futures, pour
construire un avenir meilleur pour
nos enfants, il vaut mieux avoir un
Kaïs Saïed ou un Nabil Karoui élus
démocratiquement qu’un Habib
Bourguiba ou un Zine El-Abidine
Ben Ali qui nous sont imposés et
qui réfléchissent et votent à notre
place. Le prix est élevé à court et
moyen terme, certes, mais sur le
long terme, notre salut ne viendra
que par ce chemin démocratique.
—Nizar Bahloul
Publié le 23 septembre

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