Les Echos - 07.10.2019

(Michael S) #1

Le site bourguignon, qui comprend une halle mutualisée de réparation et de maintenance, est capable d’accueillir jusqu’à 8 engins simultanément. Photo © Traces Ecrites


montant du marché est de 50 mil-
lions d’euros sur trois ans. Ces
wagons, destinés au transport de
bobines d’acier, seront livrés à par-
tir de 2020, à raison de 200 par an.
Le client est Ermewa, la branche
location de wagons du groupe qui
fait lui-même partie du pôle logisti-
que de la SNCF.

Forte hausse
du chiffre d’affaires
Le site, qui a embauché une cin-
quantaine de salariés en six ans,
tourne déjà à plein régime. En 2019
comme en 2020, l’entreprise
compte sortir 700 wagons, avec
neuf contrats en cours, contre
moins de 400 il y a trois ans. Et ce
dynamisme pousse évidemment le
chiffre d’affaires à la hausse. En

2019, il devrait atteindre 85 millions
d’euros contre 55 millions en 2018.
« Nous avons fait de la construction
de wagons un axe stratégique de
notre activité. Notre objectif était
d’obtenir 10 % de part de marché au
niveau européen. Avec 70 0 wagons
fabriqués sur un total de 5.000 à
8.000 produits chaque année en
Europe, nous y sommes. Et cela
devrait d urer car n ous avons de nom-

breux dossiers en cours! » se félicite
le directeur général Julien
Mathiaud.

5 autres sites dédiés à
la maintenance ferroviaire
Inveho, qui compte 5 autres sites
dédiés à la maintenance ferroviaire,
profite des besoins de renouvelle-
ment des flottes de fret. Les loueurs
souhaitent disposer de wagons
mieux adaptés à leurs besoins, plus
performants techniquement, avec
des tares réduites, et une charge
maximale supérieure, 90 tonnes
contre 80 tonnes auparavant. Le
groupe parie aussi sur un renou-
veau du fret, plus propre que le
transport routier, qui répond aux
enjeux de réduction des émissions
de gaz à effet de serre. Au niveau

européen, l’ambition est de passer
de 18 % de part de marché pour le
fret à 30 % d’ici à 2030.
Fort d’un savoir-faire séculaire,
Inveho produit surtout des wagons
pour le secteur de la sidérurgie, les
produits du BTP et le transport de
granulats. Mais il est en train d’élar-
gir sa gamme, en se positionnant
notamment sur le marché de la
citerne gaz. Il a aussi l’intention de
percer dans le domaine du porte-
conteneurs et des wagons céréa-
liers, des produits à moindre valeur
ajoutée sur lesquels il sera bientôt
en mesure de proposer une offre
pertinente par rapport à ses con-
currents allemands et est-euro-
péens, afin de disposer d’un porte-
feuille plus complet de produits qui
devrait nourrir sa croissance.n

Inveho signe sa plus grosse commande de wagons de fret


Christine Berkovicius
—Correspondante à Orléans


Numéro un de la maintenance et de
la construction ferroviaire en
France, Inveho, détenu par le
groupe Ermewa, vient d’engranger
la plus grosse commande de son
histoire. Soit 600 wagons de fret à
construire pour le site d’Orval. Le


Le numéro un de
la maintenance
et de la construction
ferroviaire en France
revendique désormais 10 %
de part de marché
de la construction
de wagons au niveau
européen. Son site du Cher
tourne à plein régime.


Laurent Marcaillou
—Correspondant à Toulouse

A Bagnères-de-Bigorre dans les
Hautes-Pyrénées, le personnel du
groupe espagnol Construcciones y
Auxiliar de Ferrocarriles (CAF) a le
sourire. CAF vient de remporter un
appel d’offres de SNCF Mobilités –
sous réserve de la décision du con-
seil d’administration le 24 octobre –
pour la construction de 28 rames
automotrices électriques de trains
Intercités pour les lignes Paris-Li-
moges-Toulouse et Paris-
Clermont-Ferrand. Cette com-
mande ferme de 700 millions
d’euros va t ripler l’activité de l’usine.
Elle est assortie d’une option sur
75 rames supplémentaires, dont 15
pour Bordeaux-Marseille.
Ces trains remplaceront les
anciennes rames Corail à partir de


  1. Ils seront construits à Bagnè-
    res-de-Bigorre et au siège de CAF à
    Beasain dans le Pays basque espa-
    gnol. Actuellement, l’usine des Hau-
    tes-Pyrénées commence la rénova-
    tion des rames du RER A pour la
    RATP après avoir rénové l es voitures
    de la ligne D du métro de Lyon l’an
    dernier, mais elle a peu de fabrica-
    tions neuves. « Nous avions de l’acti-
    vité mais pas de vision à moyen terme,
    reconnaît Francis Nakache, direc-
    teur général de CAF France. Cette
    commande est une bouffée d’oxygène
    et va nous faire changer d’échelle. »
    L’usine portera rapidement son
    effectif de 100 à 350 salariés afin de
    livrer les rames entre 2023 et 2025.
    La commande représente quatre
    ans de travail et p ourrait se p oursui-
    vre avec les options. Pour l’honorer,
    le site investira 30 millions d’euros
    dans la construction de
    11.000 mètres carrés d’ateliers n eufs
    et la rénovation de 9.000 mètres
    carrés de locaux anciens d ’ici à la fin
    2020, en installant des transbor-
    deurs, des parkings et des machi-
    nes. La surface des ateliers récents
    sera t riplée et il y aura des n ouveaux
    bureaux et un centre de formation.


Renouveau total du site
« C’est un renouveau total du site qui
va revenir au niveau de ce qu’il était à
l’époque de Soulé », se félicite Fran-
cis Nakache. CAF a racheté en 2008
l’usine de l’ancien groupe Soulé,
après son démantèlement. Il y effec-
tue le montage final et le câblage de
trains, de métros et de tramways, la
fabrication d’équipements et la
rénovation des rames. C’est un site
polyvalent qui partage les tâches
avec l’usine basque de Beasain, tan-
dis que le groupe achète les
moteurs et certains équipements.
Son offre a été jugée meilleure p ar la
SNCF sur les critères de perfor-
mance technique et de coût. Les
nouvelles automotrices pourront
atteindre 200 km/h et seront mieux
équipées, avec des sièges ergonomi-
ques, un accès autonome pour les
personnes à mobilité réduite, le
wi-fi, des prises USB, etc., pour
apporter du confort sur les lignes
longue distance.n

Le constructeur espagnol
CAF est l’attributaire
pressenti d’un contrat
de 700 millions d’euros
de SNCF Mobilités pour
construire 28 rames
de trains Intercité.

CAF France


va tripler


son activité


avec une


commande


d’Intercités


La filière des travaux ferroviaires


rationalise ses équipements et ses coûts


Didier Hugue
—Correspondant à Dijon


La filière de la réparation ferroviaire
muscle son arsenal pour répondre
au défi de la rénovation des lignes
secondaires françaises. L’enjeu : 2 à
3 milliards d’euros de travaux
annuels sur les voies ferrées dès
20 20. C’est ce qu’a indiqué SNCF
Réseau, le propriétaire de l’infras-
tructure en présentant son qua-
trième « paquet ferroviaire » lors
d’un rassemblement du secteur fin
septembre à Montceau-les-Mines.
Là, en Saône-et-Loire, les opérateurs
mais aussi leurs fournisseurs tentent
de faire monter en puissance depuis
un an leur nouvelle plate-forme de
réparation e t de maintenance
d’engins ferroviaires de travaux, bap-
tisée « Mecateamcluster® ». A
terme, une activité de conception et
construction y est envisagée.


TRANSPORT


Né s ur un coin de table en
mars 2011 autour de Didier Stain-
messe, dirigeant d e Novium à Saint-
Vallier (Saône-et-Loire), concep-
teur fabricant d’engins de travaux
ferroviaires, et de quelques indus-
triels locaux, le site attire les opéra-
teurs nationaux : TSO, Eiffage, ETF,
Colas... ainsi que les constructeurs
d’engins comme Framafer, Matisa
ou encore Geismar. « Ils peuvent
trouver ici tous les services et bientôt
toutes les compétences », assure
Didier Stainmesse. Une dizaine de
millions d ’ euros ont p ermis, via une
SEM, d’aménager un terrain de
12 hectares embranché avec le
réseau national. La ville de Sâone-
et-Loire est placée sur un axe
majeur de circulation des trains,
son accessibilité réduit les frais de
déplacement de ces engins très
lourds. Un argument de poids pour
la filière à qui SNCF Réseau a fixé à
terme un objectif : réduire de 30 %
ses coûts. Le secteur représente un
marché de 100 millions d’euros de

maintenance par an sur
1.500 machines, il emploie 400 à
500 personnes.

Trois voies écoles
Le site bourguignon, porté par
110 adhérents, comprend une halle
mutualisée de réparation et main-
tenance capable d’accueillir jusqu’à
8 engins simultanément. Elle est
déjà occupée à 75 %. La plate-forme
soulagera les autres sites des opéra-
teurs dans l’Hexagone. Elle com-
prend aussi des moyens de forma-
tion, avec trois voies écoles, dont
une à grande vitesse, ainsi qu’un
bâtiment, tout juste achevé, dédié à
l’enseignement. Les entreprises
locales y trouvent aussi leur intérêt.
« Nous pourrons y former nos futurs
collaborateurs, car nous manquons
cruellement de personnel en con-
duite et pose de caténaires », con-
fesse Olivier Delcourt, président de
DVF, opérateur dijonnais de tra-
vaux ferroviaires, qui atteint les
20 millions d’activité consolidée.

« C’est aussi un lieu où l’on peut pro-
poser des nouvelles technologies
dans le contrôle non destructif, notre
métier », note Sylvain Viggianiello,
directeur d’Ascot-Mistras à Chalon-

sur-Saône. « J’y fais mon marché de
savoir-faire et le cluster offre aux
PME une visibilité nationale », argu-
mente de son côté Jean-Claude
Cothenet, président de Métalliance,
constructeur local d’engins très
spéciaux, notamment pour l e ferro-
viaire. « Outre la convention d’affai-

res, nous avons organisé pour la pre-
mière fois un salon avec une
quarantaine d’exposants », se féli-
cite Frédéric Debleds, directeur de
l’association Ecosphère, gestion-
naire de la plate-forme.

Le fret aussi
Erion, société commune au suisse
Stadler et à l’espagnol Renfe, a
investi dans l’enceinte de Meca-
teamcluster® une dizaine de mil-
lions dans une halle p ouvant
accueillir simultanément vingt
locomotives de fret. « Cet emplace-
ment embranché et sécurisé est idéal
pour notre activité de maintenance
lourde », souligne Samuel Penneçot,
le directeur d es o pérations. A terme,
le site devrait s’étendre de huit hec-
tares supplémentaires pour agréger
d’autres spécificités, innover et faire
du transfert technologique. « Tous
nos procédés actuels méritent d’être
revus, pour être notamment moins
coûteux de l’ordre de 30 % », ponctue
Didier Stainmesse.n

lLes opérateurs de travaux ferroviaires se sont retrouvés fin septembre dans l’ancienne cité


minière de Montceau-les-Mines sur la nouvelle plate-forme de réparation des engins de travaux.


lL’enjeu : la montée en puissance des rénovations de voies secondaires et une économie de 30 %


demandée par SNCF Réseau.


Le secteur représente
un marché de
100 millions d’euros
de maintenance
par an sur
1.500 machines,
il emploie 400
à 500 personnes.

50


MILLIONS D’EUROS
Le montant du marché
sur trois ans.

PME & REGIONS


Les EchosLundi 7 octobre 2019

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