Les Echos - 07.10.2019

(Michael S) #1

Les Echos Lundi 7 octobre 2019 FRANCE// 03


Accéder auxmeilleuresécolesdemanagement


Uneseule journée d'épreuves écrites :8avril 2020


Unlargechoix de 17 programmespost-bac visés
dans14 écolesdemanagement

Desoutil sd’entraînementofficiels
pourse familiariseraux épreuves écrites

http://www.concours-sesame.net ©Is
toc

k

tout cas été contraint de redire
« toute sa confiance » a u ministre de
l’Intérieur, dans un entretien au
« JDD ». Lui, comme le président
de la République, s’étaient
d’ailleurs immédiatement dépla-
cés jeudi. C’est aussi Edouard Phi-
lippe qui a annoncé, dimanche
dans le « JDD », avoir saisi l’inspec-
tion des services de renseignement
pour lancer deux missions d’éva-
luation sur la détection d’éventuels
signes de radicalisation d’agents
chargés de la lutte antiterroriste, à
la Direction du renseignement de
la préfecture de Paris (DRPP) mais
aussi pour l’ensemble des services
de renseignement, placés sous très
forte pression. Christophe Casta-
ner, qui devrait affronter un feu
roulant mardi lors des questions
d’actualité, doit aussi être audi-
tionné dans les prochains jours par
la commission parlementaire au
renseignement.

Débat sur l’islam
Pas sûr que cela suffise à calmer
l’opposition. Si un proche du chef
de l’Etat pointe dans les propos,
jeudi, de Christophe Castaner
« une maladresse sous le coup de
l’émotion, il aurait pu se protéger
derrière le secret de l’instruction », il
avance en défense que « cela aurait
pu se passer sous n’importe quel
ministre de l’Intérieur et n’importe
quelle mandature ». « Ce qui s’est
passé vient conforter la nécessité
comprise par l’exécutif de réformer
la Préfecture de police, et vite. Sur le
fond, on a un sujet extrêmement
lourd sur la chaîne du renseigne-
ment », note un bon connaisseur
du ministère de l’Intérieur qui
estime que tout cela « va nécessiter
davantage de moyens. Jusqu’ici, on
ne fait que colmater les manques
qui existent depuis le mandat de
Nicolas Sarkozy ».
En haut lieu, on redoute
l’angoisse des Français face à ce
drame. « Sur la radicalisation, ils
doivent se dire que si la police n’est
pas capable de gérer cette porosité en
son sein même, comment peut-elle
la gérer ailleurs? s’inquiète un pro-
che d’Emmanuel Macron. C’est ce
débat sur l’islam qui n’a pas eu lieu
et se réinvite sous différentes formes.
Tant qu’il n’aura pas lieu, il ressort
de manière éruptive. » « Le prési-
dent devrait s’occuper de l’islam
politique plus encore que des retrai-
tes, pointe un conseiller ministé-
riel. Aujourd’hui, c’est un non-dit
qui est en train de nous dévorer. »n

Tuerie à


la Préfecture :


l’exécutif peine


à répondre


Impôt sur le revenu : Philippe écarte
toute nouvelle baisse importante en 2021

FISCALITÉ Le Premier ministre, Edouard Philippe, a écarté diman-
che une nouvelle baisse importante de l’impôt sur le revenu en 2021,
après celle de 5 milliards accordée en 2020, dans un entretien au
« Journal du dimanche ». « Si vous me demandez si l’on baissera à
nouveau l’impôt sur le revenu de 10 ou même de 5 milliards d’euros en
2021, je ne le crois pas! » assure celui pour qui la priorité demeure
« la revalorisation du travail [...]. Nous voulons que le travail paie
davantage. Ceux qui travaillent doivent avoir un avantage réel sur les
autres. Le pouvoir d’achat, il vient d’abord du salaire! »

en bref


LE FAIT
DU JOUR
POLITIQUE

Cécile
Cornudet

s’est-il défendu sur TF1.
L’homme censé incarner
le volet « régalien »,
désormais prioritaire,
de l’acte II, est un ministre
chahuté. Et même un
temps boudé, au printemps,
lorsque l’on ne le voyait plus
aux dîners politiques
du président. Et pourtant,
il reste une pièce maîtresse
de l’exécutif, un poids lourd
et l’un des rares, soutenu sans
équivoque au sommet de
l’Etat. Son autorité est-elle
entachée? : « Certainement
pas », affirme Edouard
Philippe au « JDD ».
Dans ce soutien, beaucoup
de choses se mêlent. De l’affectif

chez Emmanuel Macron
qui considère toujours à part
ses ralliés de la première heure.
De l’utilité quand la Macronie
n’offre pas beaucoup de
remplaçants. Une forme
de solidité, ou du moins
de résilience, quand le
dispositif sécuritaire paraît
si fragile. Le choc en interne
provoqué par l’attentat de
la préfecture paradoxalement
le sert : ajouter de la
déstabilisation à la
déstabilisation ?. Ne nous
y trompons pas : « Ce jeudi
est notre 11 septembre à nous »,
entend-on dans les milieux
policiers.
Et puis, qui d’autre que
Christophe Castaner
accepterait sans broncher
d’être cornaqué par le Premier
ministre dès que la situation
tangue? Qui mettrait ainsi son
crédit d’ancien socialiste au
service d’un discours
forcément transgressif sur
l’immigration (réforme de

l’AME...)? A défaut de toujours
tenir les rênes de la maison
Beauvau, il tient les rôles
qu’Emmanuel Macron
lui octroie.
Dans son répertoire, il y a
celui du paratonnerre.
Quand l’attention politique
est focalisée sur un homme,
quand l’attention médiatique
décidément l’amplifie,
les yeux ne regardent pas
ailleurs. Du côté de ces
services de renseignement,
aujourd’hui mis en cause,
qui n’ont pas vu arriver
l’impensable. Un homme
habilité secret-défense
devenant terroriste au cœur
de l’antiterrorisme. « Trop
d’assurance ; une incapacité
des services à penser
l’hybridation des nouveaux
terroristes », avance le
criminologue Alain Bauer.
Castaner, paratonnerre utile
dans l’« enfer » de l’Intérieur.

[email protected]

Qu’est-ce qui fait tenir Castaner?


I


l y en a toujours un.
Un ministre cible, appelé
à la « démission » comme
on rythme le quinquennat.
Sous Emmanuel Macron,
Christophe Castaner est,
celui-là, vilipendé par
la gauche quand il refuse
le terme de « violences
policières » ou endosse le
discours sur l’immigration
que le président veut lui voir
tenir ; conspué par la droite
et l’extrême droite qui le jugent
« incompétent ». L’attentat
de la Préfecture de police
réveille ce « en même temps ».
Aux flèches des opposants,
le ministre sait ajouter
les siennes, malgré lui bien
entendu. Quand il s’échappe
dans une soirée sans
empêcher une photo volée.
Quand il se précipite sur
les micros pour paraître
un peu vite fermer la porte
d’un attentat. « Il n’y avait
aucun élément de radicalisation
dans le dossier » du terroriste,

C’est l’histoire d’un ministre de l’Intérieur qui n’a jamais été légitime aux yeux de la droite et de la gauche,
mais qui reste soutenu en haut lieu, même face au pire des scénarios.

Dessin

Kim

roselier pour

« Les Echos »

Ian


Langsdon/AFP


Isabelle Ficek
@IsabelleFicek

« Evidemment il y a eu des failles
puisque trois hommes et une femme
ont été tués », a reconnu dimanche
le ministre de l’Intérieur, Christo-
phe Castaner, lors du 13 heures de
TF1. « Evidemment, il y a des dys-
fonctionnements », a-t-il pointé au
sujet de la tuerie qui a eu lieu jeudi à
la Préfecture de police de Paris,
quand lui-même avait assuré rapi-
dement que l’agent administratif
en cause n’avait « jamais présenté de
difficulté comportementale » ni « le
moindre signe d’alerte ». Or depuis,
le Parquet national antiterroriste
s’est saisi du dossier en raison de sa
« vision radicale de l’islam » et de ses
contacts « avec plusieurs individus
susceptibles d’appartenir à la mou-
vance islamiste ».

Cible d’une pluie de critiques de
la droite et de l’extrême droite qui
crient au « scandale d’Etat », à
l’atteinte à la sécurité nationale, et
pour certains à la démission,
Christophe Castaner a exclu de
partir. Il a redit que ne figurait dans
le dossier a dministratif d e
l’assaillant « aucun signe de radica-
lisation » et que ses collègues
avaient décidé, à deux reprises, de
ne pas faire de signalement après
des p ropos douteux sur la tuerie d e
« Charlie Hebdo ». « Si c’est con-
firmé, le dysfonctionnement se fait à
ce moment-là », a insisté Christo-
phe Castaner. Ce dernier a assuré
que s’agissant de la radicalisation,
il fallait « que nous puissions avoir
le plus petit tamis possible ».
Pour la deuxième fois en quel-
ques mois, Edouard Philippe a en

SÉCURITÉ


Le ministre
de l’Intérieur a pointé
des « dysfonction-
nements » et exclu
de démissionner.

Le Premier ministre
a redit sa
« confiance » en
Christophe Castaner
et a saisi l’inspection
des services
de renseignement.
Free download pdf