Les Echos - 07.10.2019

(Michael S) #1

38 // Lundi 7 octobre 2019 Les Echos


HP peine à rassurer Wall Street
avec sa nouvelle restructuration.

C’est un signe des temps, le nouveau plan de restructuration de HP n’a
rien d’un coup de tonnerre dans un ciel bleu. Car si la concurrence offre
toujours aux clients des coûts de toner et cartouches très compétitifs, les
nuages ont viré à l’encre avec le ralentissement de l’économie mondiale,
en plus du recul du papier. Pour la branche PC et imprimantes de
Hewlett-Packard, scindée de HPE il y a quatre ans, le calcul financier
semble donc imparable – 1 milliard d’économies annuelles pour 1 mil-
liard de dépenses exceptionnelles. Un « free cash-flow » en recul de près
de 20 % en 2019-2020 n’empêchera pas la reproduction des gâteries aux
actionnaires, une spécialité maison. Le dividende augmente (+10 %),
l’enveloppe des rachats d’actions grossit (une rallonge d’un cinquième
de la capitalisation boursière) et la « guidance » de bénéfice par action
cadre avec les pronostics. La réaction de l’action (–9,6 %) malgré sa valo-
risation décolorée (7,5 fois le bénéfice prévisionnel) reflète donc la mau-
vaise impression laissée par l’annonce simultanée de ces départs mas-
sifs (16 % des effectifs) et d’une sérieuse inflexion du business model des
copieurs, pour développer les services. La « vache à lait » condamnée à
se réinventer n’a pas fait mousser ses débouchés disruptifs du futur,
comme l’impression 3D. Wall Street a surtout retenu un risque d’exécu-
tion non négligeable pour le nouveau boss Enrique Lores.

Problème d’impression


« Ce n’est pas l’employeur qui paie
les salaires, mais le client », aurait
pu dire Henry Ford aux
46.000 employés de General Mo-
tors qui entament leur quatrième
semaine de grève, la plus longue
depuis un demi-siècle. L’inflation
salariale a historiquement été
l’une des causes du dérapage de la
rentabilité des Big Three de De-
troit avant qu’ils ne versent dans
le fossé en 2008. Les coûts horai-
res du travail dérivent à nouveau
(+9 % chez GM depuis 2015). Mais
les experts d’UBS soulignent que
la flexibilité des ouvriers améri-
cains est bien plus forte qu’avant
la crise. Environ la moitié d’entre
eux ont, chez GM, une couverture
limitée à six mois et demi de ré-
munération en cas d’interruption
(maladie, chômage techni-
que etc.). Les intérimaires, soit 7 %
de l’effectif, peuvent être mis à la
porte sans indemnités. Le passage
vers un accord est étroit.

Le conflit social chez General Motors est le reflet d’une plus grande flexibilité du travail.
Verre trempé

Verallia fait la preuve que la Bourse
reste prête pour les dossiers de qualité.

A quoi sert la Bourse? La question existentielle resurgit
régulièrement, nourrie par Patrick Artus, l’économiste en chef de
Natixis, qui constate une « disparition du marché des actions cotées ».
La bouteille à la mer lancée à Paris, Verallia, n’a pas noyé cette
angoisse. L’ancien verrier d’emballage de Saint-Gobain est le seul
jusqu’ici à avoir testé l’eau du bain boursier cette année, avant la très
attendue Française des Jeux, et après l’unique cas important de 2018
(Neoen), précédé de celui de 2017 (ALD). Le champagne sabré
vendredi au-dessous du milieu de la fourchette de prix d’offre a eu
chaud dans la fièvre des jours précédents, qui a fait tituber l’indice
CAC 40 de 4,5 % en deux séances. Et s’il n’y avait eu les coupes
brisées par la taxation à 25 % des vins tranquilles européens, un de
ses gros débouchés, le timing aurait été presque parfait! La place a
toutefois vu l’autre « moitié » de la flûte beaucoup plus pleine. La
« démondialisation » qui transparaît dans les passeports presque
exclusivement européens – et à 30 % français – des souscripteurs du
placement, à l’exception du brésilien BWSA, n’a pas empêché
l’obtention d’une valorisation assez arrondie pour le numéro trois
mondial (8,5 fois l’Ebitda après la franche hausse de 4,07 % du titre
pour sa première séance), soit une faible décote sur l’espagnol
Vidrala. Ce verre tout neuf est déjà trempé dans l’expérience.

// Budget de l’Etat 2019 : 39 0,8 milliards d’euros // PIB 2018 : 2 .350 milliards d’euros courants
// Plafond Sécurité sociale : 3 .377 euros/mois à partir du 01-01-2019 // SMIC horaire : 10 ,03 euros à partir du 01-01-2019
// Capitalisation boursière de Paris : 1.635,3 milliards d’euros (au 12-08-2019)
// Indice des prix (base 100 en 2015) : 104 ,58 en juin 2019 // Taux de chômage (BIT) : 8 ,5 % au 4e trimestre 2018
// Dette publique : 2 .322,3 milliards d’euros au 3e trimestre 2018

=
Les chiffres de l'économie

Detroit sans passage


crible


EN VUE


Patrick Modiano


O


ui... non. Enfin, peut-être. Ou
pas. Rien n’est certain, mais...
Sans doute fallait-il une his-
toire de femme disparue pour que
Patrick Modiano revienne pleinement
vers son public. En tout cas, entre chro-
niques littéraires et vitrines de libraire
mettant à l’honneur son dernier roman
« Encre sympathique », ou encore une
interview où resurgit son verbe tout en
ellipses, volte-face et points de suspen-
sion, impossible de lui échapper en ce
début octobre. Cette demi-saison où
s’entremêlent couleurs chaudes et
brouillard, qui lui va bien au teint. A
voir la quasi-unanimité qu’il suscite,
difficile de ne pas songer au titre d’un
autre chef-d’œuvre de cette littérature
faite de je-ne-sais-quoi et de presque-
rien : « L’Ami retrouvé ».
Cinq ans après son prix Nobel, c’est
comme s’il avait tourné cette page sur-
chargée par les honneurs, si étrange

sans doute pour ce romancier de
l’absence. Il avait réalisé un demi-re-
tour l’an passé, avec un recueil de récits
romancés. Mais avec son nouvel opus,
l’albatros redéploie ses ailes de roman-
cier. Ni tout à fait le même ni tout à fait
un autre : il garde cette expression de
promeneur solitaire surpris dans ses
rêveries par les phares d’une voiture ou
les flashs des médias. Mais avec, plus
souvent qu’autrefois, ce léger sourire
propre aux mélancoliques devenus
résilients.
Dans « Le Temps et le Fleuve »,
Thomas Wolfe, éternel nostalgique
d’un autre genre, avait résumé cet effet
parfois réparateur de la vie qui passe,
avec ses méandres et s es imprévus, d ’un
« se perdant, il se trouva ». Pour Wolfe,
c’était le miracle de la rencontre
amoureuse. Chez Modiano, cela
marche aussi avec les parenthèses et
les disparitions.n

Rebond de l’indice CAC 40



  • La Bourse de Paris a terminé la
    semaine sur un rebond de 0,91 %.
    L’indice CAC 40 a gagné 49,55 points
    à 5.488,32 points, d ans un volume d e
    3,1 milliards d’euros. Au cours de la
    semaine écoulée, l’indice a perdu
    2,70 %. Il affiche encore une hausse
    de 16 % depuis le début de 2019. La
    Bourse de Francfort a clôturé sur
    une hausse de 0,73 % et la place de
    Londres a terminé en progression de
    1,1 %. Aux Etats-Unis, les principaux
    indices ont clôturé sur des gains qui
    s’échelonnent entre 0,5 % et 1,5 %.
    Sur le front des valeurs, STMi-
    croelectronics a terminé en tête des
    plus fortes hausses de l’indice
    CAC 40 (+3,14 % à 17,88 euros).
    Apple aurait demandé à plusieurs


de ses fournisseurs d’augmenter
leur production afin de satisfaire la
demande pour l’iPhone 11 selon le
« Nikkei Asian Review ». Cette aug-
mentation de production serait de
10 % au maximum, selon le quoti-
dien japonais.
Du côté des baisses, EDF a reculé
de 1,95 % à 9,82 euros. Le PDG du
groupe, Jean-Bernard Lévy, a
reporté de quelques mois la présen-
tation au gouvernement du projet
« Hercule » de réorganisation du
groupe. Ce projet de scission en
deux des activités d’EDF devait être à
l’origine présenté en décembre.
Pour ses premiers pas à la Bourse
de Paris, Verallia a terminé en
hausse de 2,97 % à 28,10 euros.
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