Les Echos - 07.10.2019

(Michael S) #1

04 // FRANCE Lundi 7 octobre 2019 Les Echos


en bref


dirigeants de la majorité espèrent
que la deuxième tranche qui se
matérialisera dans les prochains
jours dans les avis d’imposition
finira par les convaincre.
Le nombre d’enthousiastes
devrait toutefois fortement varier
selon les régions. Certes, le gouver-
nement promet un gain moyen de
555 euros pour chaque foyer, mais
ce montant varie en réalité énormé-
ment selon les territoires. Les docu-
ments attachés au projet de loi de
finances pour 2020 permettent jus-
tement de dresser le hit-parade des
territoires les plus gagnants grâce à
cette mesure. Les contribuables les
plus vernis se trouvent plutôt sur la
façade atlantique (Bretagne et Pays
de la Loire), le Nord ou les Ardennes,
également dans le centre de la
France et enfin sur le pourtour
méditerranéen ou en Corse, si l’on en
croit le rapport économique social
et financier édité par Bercy au début
du mois d’octobre.

Deux indicateurs
Ces inégalités entre territoires fai-
saient justement partie des argu-
ments avancés par le candidat
Macron pour justifier sa mesure de
suppression. « Il existe une grande
hétérogénéité entre c ommunes, s’agis-

dans le Nord ou les Ardennes, avec
une hausse supérieure à 2 %.
« Les départements du Nord, des
Côtes-d’Armor et de la Mayenne for-
ment le trio de tête des départements
de France métropolitaine avec les
taux moyens de TH les plus élevés »,
est-il rappelé dans le document.
Si l’on regarde le critère du taux de
population exonérée, alors le centre
de la France arrive en tête, la Creuse
étant ainsi le département avec le
plus g rand nombre d’exonérés. Enfin
pour le pourtour méditerranéen et la
Corse, la raison est à chercher « dans
les montants de TH, au-dessus de la
moyenne nationale, que dans la pro-
portion de foyers TH exonérés ».
L’exemple de Perpignan est donné,
où le gain de pouvoir d’achat a été
évalué à + 2,4 % t andis que 84,4 % des
foyers seront exonérés.
Enfin, s’il y a de grands gagnants,
il y en a donc certains qui le sont un
peu moins. Le gain de pouvoir
d’achat sera ainsi plus proche de
0,75 % dans certaines communes
des Yvelines, de Savoie ou du Doubs
par exemple. Toutes ces e stimations
pourraient toutefois être revues à
l’horizon 2023, quand les 20 % de
Français les plus aisés bénéficieront
à leur tour de la suppression de la
taxe d’habitation.n

gration sont « une ligne de crête diffi-
cile à tenir » entre « accueillir au
mieux les immigrés et la fermeté ».
Sur le terrain, il juge sévèrement la
situation des migrants parqués dans
les campements de la porte de la
Chapelle. « C’est d’abord une crise
humanitaire. Quand on est maire de
Paris, il faut un peu de décence, l ’Etat et
la municipalité ont leur responsabi-
lité. » Pour le candidat LREM, il faut
« démanteler ces campements immé-
diatement, au moment où ils s’instal-
lent car au bout de 48 heures, il faut
une décision de justice, Anne Hidalgo
ne le fait pas ».
La maire de Paris n’assume pas
mieux son rôle de protection
de l’enfance, estime-t-il. « On
a 2.0 00 personnes et une centaine
d’enfants qui dorment dans les rues de
Paris, la Ville de Paris a de l’immobi-
lier, on doit pouvoir accueillir cette cen-
taine d’enfants [...] et leurs familles. »

Jugeant que « l’hébergement
d’urgence ne fonctionne p as », Benja-
min Griveaux préconise d’en
confier la responsabilité au maire
de Paris, avec les budgets corres-
pondants, pour une p ériode expéri-
mentale de deux ans.

Cédric Villani a sa place
Sur le fond, le candidat LREM juge
qu’en matière de sécurité, de loge-
ment, d’espace public et de circula-
tion, « on ne vit pas mieux à Paris
qu’il y a cinq ans ». S’il prône « des
mesures concrètes », il peine encore,
visiblement, à rallier Cédric Villani,
qui a annoncé sa candidature dissi-
dente. « Pour dialoguer, il faut être

deux. Je lui ai fait des propositions »,
élude Benjamin G riveaux en rappe-
lant que d’autres se sont ralliés à sa
candidature. « On a plus de conver-
gences que de divergences avec Cédric
Villani, je suis sûr que l’intérêt géné-
ral l’emportera sur les intérêts per-
sonnels », veut-il croire.
S’il est élu, il veut mettre de
l’ordre à l’Hôtel de Ville. La ques-
tion est de savoir si le budget de
fonctionnement de 7 milliards
d’euros « rend un bon service ». Il
appliquera les 35 heures – c’est la
loi – et préconise de réformer le
management « défaillant » avant de
s’en prendre systématiquement
aux balayeurs.n

Renaud Honoré
@r_honore

C’était sans doute l’une des mesures
les plus populaires du programme
présidentiel d’Emmanuel Macron.
Dès l’an prochain, la taxe d’habita-
tion (TH) sera totalement suppri-
mée pour 80 % des Français, et le
gouvernement espère bien en tirer
enfin des bénéfices politiques. La
première tranche de baisse l’an der-
nier était passée inaperçue aux
yeux de beaucoup de Français, et les

IMPÔTS


La suppression totale
de la taxe d’habitation
pour 80 % des Français
est censée rapporter
555 euros en moyenne
à chaque foyer.

Le gain sera plus
important pour les
habitants de Bretagne
et du Nord, ceux
du centre du pays,
du pourtour médi-
terranéen et de Corse.

Taxe d’habitation : les régions où


les contribuables sont gagnants


« LE GRAND RENDEZ-VOUS »//EUROPE 1 - CNEWS - « LES ÉCHOS »


Griveaux se pose


en rassembleur


pour emporter Paris


Dominique Malécot
@DMalecot

Alors que commence ce lundi à
l’Assemblée nationale le débat par-
lementaire sur l’immigration, Ben-
jamin Griveaux veut du concret.
Invité dimanche du « Grand Ren-
dez-Vous » Europe 1-CNews-« Les
Echos », le candidat de La Républi-
que En marche à la Mairie de Paris a
expliqué que les questions d’immi-

POLITIQUE


Le candidat LREM
à la Mairie de Paris
estime qu’il a « plus
de convergences
que de divergences »
avec son adversaire
Cédric Villani.

Benjamin Griveaux juge qu’« on ne vit pas mieux à Paris
qu’il y a cinq ans ». Photo Marie Etchegoyen/Capa Pictures pour Europe 1

sant à la fois des taux de taxe d’habita-
tion votés et des valeurs locatives
cadastrales », rappelle le document
budgétaire. Du coup, pour avoir une
appréciation fine des effets de la
mesure de suppression selon le ter-
ritoire, les experts de Bercy se sont
appuyés sur deux indicateurs.

D’abord ils ont cherché à voir
commune par commune où le gain
de pouvoir d’achat (exprimé en
fonction du revenu) était le plus fort
pour les ménages ne payant plus la
taxe. Deuxième point, i l s’agissait de
voir quelle était la part de ménages
exonérés dans chaque territoire.
Ces deux critères permettent de
dresser le classement des princi-
paux gagnants de la réforme. En
matière de gain de pouvoir d’achat,
les grands bénéficiaires résident en
Bretagne, dans les Pays de la Loire,

Les inégalités entre
territoires faisaient
partie des arguments
du candidat Macron
pour justifier
sa mesure
de suppression.

gouvernement avait « sous-es-
timé le besoin des citoyens d’être
associés » et soulignant que la
transition écologique ne pourra
réussir « en nous opposant entre
nous, les agriculteurs contre les
villes, les jeunes à la génération des
baby-boomeurs, les entreprises
aux individus », etc. Appelant les
participants à « inventer une éco-
logie populaire dans tout ce que ce
terme a de glorieux », il a assuré
que « rien n’est interdit ».
Edouard Philippe a aussi indi-
qué que la Convention pouvait
« proposer de mobiliser de l’argent
public », mais a rappelé qu’il n’y
avait « pas d’argent magique ».
Lors de cette première ses-
sion, les participants ont pu
écouter des experts et com-
mencer à auditionner, ont
exprimé le souci de voir appli-
quer les mesures qui émerge-
ront e t « sans filtre ». Dimanche,
ils se sont penchés sur l es b loca-
ges et les résistances à la transi-
tion, identifiant trois niveaux :
« économiques, politiques et
individuels ».

Pouvoir d’initiative
Pour aboutir à des « propositions
structurantes », ils vont aussi
plancher sur « cinq grands thè-
mes en résonance avec notre vie
quotidienne », a précisé Thierry
Pech, directeur général de Terra
Nova et coprésident, avec Lau-
rence Tubiana (Fondation euro-
péenne pour le climat) du comité
de gouvernance de la Convention
citoyenne : se déplacer, se loger,
se nourrir, consommer, produire
et travailler. Lors de la troisième
session vont aussi être introduits
les sujets de la taxe carbone et de
la fiscalité environnementale.
« Le Premier ministre a garanti
l’essentiel : il a dit sentez-vous
libres, le gouvernement vous fout
la paix et nous soumettrons vos
propositions au Parlement, a
réagi Thierry Pech. L’essentiel
pour moi est que les citoyens sor-
tent de là avec la conviction qu’une
mission leur a été confiée, un pou-
voir d’initiative conféré. C’est un
geste extrêmement fort qui n’a
jamais été fait sous la Ve Républi-
que. Je veux croire que c’est un
moment assez historique. »
Avant d’ajouter : « Maintenant,
tout est à faire. » Les propositions
seront remises au gouverne-
ment fin janvier.

a
Lire l’éditorial de Daniel
Fortin sur lesechos.fr

ENVIRONNEMENT


La Convention
citoyenne pour
le climat a ouvert
vendredi sa
première session
de travaux avec
le Premier ministre.


Climat : les citoyens


invités à bâtir « une


écologie populaire »


Isabelle Ficek
@IsabelleFicek


Comment réduire d’au moins
40 % les émissions de gaz à effet
de serre d’ici à 2030 dans un
esprit de justice sociale? C’est la
lourde question à laquelle va
devoir répondre d’ici à fin jan-
vier la Convention citoyenne
pour le climat, composée de
150 Français tirés au sort, et dont
le premier week-end de travail
sur six, s’est ouvert vendredi.
« La question n’est plus qu’en
pensez-vous, mais que proposez-
vous? » a insisté lors de l’ouver-
ture Patrick Bernasconi, prési-
dent du Conseil économique,
social et environnemental, mis-
sionné par le Premier ministre
pour organiser la Convention.
Les idées qui émergeront de
cette « forme de démocratie par-
ticipative inédite », a souligné
Edouard Philippe vendredi,
seront traduites en dispositifs
réglementaires pour certaines,
en propositions de loi pour
d’autres, qui seront soumises
au Parlement et, « le cas échéant,
au référendum ».
« L’idée de cette Convention,
c’est de donner le temps de dépas-
sionner le débat et proposer des
solutions constructives », a pour-
suivi le Premier ministre. Il a rap-
pelé le blocage sur la taxe car-
bone, cette « étincelle qui a
déclenché » la crise des « gilets
jaunes », reconnaissant que le


« L’ idée de cette
convention,
c’est de donner
le temps
de dépassionner
le débat
et proposer
des solutions
constructives. »
ÉDOUARD PHILIPPE
Premier ministre

RetrouvezNicolas Barrédans


lejournalde7hpour«L’ éditoéco»


dansle6h-9hdeMatthieuBelliard


Extinction Rebellion lance sa semaine


d’actions en bloquant le centre Italie 2


CLIMAT Des centaines de militants écologistes ont occupé dix-
sept heures d urant, de samedi à dimanche matin, le centre com-
mercial parisien Italie 2 pour lancer la semaine d’action
d’Extinction Rebellion (XR). Créé il y a à peine un an, ce mouve-
ment organise à partir de lundi des opérations dans 60 villes
dans le monde qui devraient rassembler des milliers de person-
nes, e t notamment à Londres. Elles devraient durer plus de deux
semaines. Ils avaient occupé en juin le pont Sully à Paris.

Free download pdf