LeTemps260919

(Romina) #1

JEUDI 26 SEPTEMBRE 2019 LE TEMPS


Science 11


Bâle


Lausanne


Sion
Verbier

Locarno


Zurich Saint-Gall


Coire


Saint-Moritz


Genève


La Chaux-de-Fonds Berne


MÉTÉO


Situation générale
aujourd’hui à 13h


LES VENTS QUI SOUFFLENT
de l’ouest entraînent des paquets
d’humidité de l’Atlantique à la
Suisse. Une de ces bouffées d’air
humide nous touchera aujourd’hui
et notamment ce matin, avec
quelques pluies à la clé. Si le temps
s’asséchera rapidement en cours

de journée, les nuages resteront
plus tenaces et ce n’est qu’en soirée
que le ciel se dégagera vraiment.
Mis à part des brouillards mati-
naux, soleil et grande douceur
domineront vendredi avant le
passage d’une faible perturbation
dans la nuit.

PRÉVISIONS À CINQ JOURS
VENDREDI
90 %

SAMEDI
70 %

DIMANCHE
70 %

LUNDI
50 %

MARDI
30 %

Bassin lémanique,
Plateau romand
et Jura

13° 24° 12° 21° 9° 23° 12° 22° 11° 20°


Limite des chutes de neige 700 m ––––
Alpes
vaudoises
et valaisannes
(500 m)

11° 25° 12° 22° 11° 24° 11° 23° 12° 22°


Limite des chutes de neige –––––

Suisse
centrale
et orientale

12° 23° 12° 20° 10° 22° 11° 21° 11° 19°


Limite des chutes de neige –––––

Sud
des Alpes

14° 22° 16° 23° 15° 22° 15° 22° 15° 21°



  • de -15°-15 à-10°-10 à -5°-5 à 0° 0 à 5° 5 à 10° 10 à 15° 15 à 20° 20 à 25°25° et + Limite des chutes de neige –––––


ÉPHÉMÉRIDE
Jeudi 26 septembre 2019

lever: 07h
coucher: 19h
3 minutes de soleil en moins

lever: 03h
coucher: 18h

lune décroissante
taux de remplissage: 8%

10°15°

16°20°

8°13°

12°21°
14°21°

13°20°

12°18°

13°21°

2°14°

11°17°

11°19°

12°18°

Prévisions en Suisse pour le matin et l’après-midi.
Les températures indiquées sont les valeurs minimales (en bleu)
et maximales (en rouge)

MétéoSuisse tél. 0900 162 666
en ligne avec nos météorologues, 24 heures sur 24
(fr. 2.90 la minute)

http://www.MeteoSuisse.ch


Hautepression


Basse
pression


Frontfroid


Frontchaud


Frontocclus


Isobares(hPa)


H


B


1015

PASCALINE MINET
t @PascalineMinet


En pleine crise climatique, les
responsables politiques tem-
porisent; les scientifiques, eux,
enfoncent le clou. Alors que le som-
met de l’ONU sur le climat qui s’est
tenu en début de semaine à New
York n’a débouché que sur de
timides avancées, le Groupe d’ex-
perts intergouvernemental sur
l’évolution du climat (GIEC) vient
de publier un nouveau rapport
glaçant, portant sur l’effet des
changements climatiques sur les
océans et sur la cryosphère, soit
tous les éléments gelés sur Terre.
C’est le troisième «rapport spé-
cial» publié par le GIEC en une
année, après celui de 2018 consacré
à la différence entre un réchauffe-
ment de 1,5 et de 2°C et un autre
plus récent qui soulignait l’impor-
tance de protéger les sols et de
revoir notre alimentation. Plus de
100 auteurs issus de 36 pays ont
passé en revue quelque 7000
études scientifiques pour dresser
cet état des lieux, dont le résumé a
été approuvé par les représentants
des Etats à l’issue de plusieurs
jours de négociations à Monaco.
«Notre travail montre que l’em-
preinte des changements clima-
tiques est perceptible depuis le
sommet des montagnes jusqu’au
fond des océans et rappelle que les
choix que nous faisons aujourd’hui
sont critiques par rapport aux évo-
lutions à venir», met en garde la
climatologue française Valérie Mas-
son-Delmotte, codirectrice d’un
des groupes de travail du GIEC.


En Antarctique,
de mauvaises surprises
Le nouveau rapport démontre à
quel point les océans sont au cœur
de la machine climatique. «Ils ont
absorbé quelque 90% de la chaleur
générée par les changements cli-
matiques», relève  Alexandre
Magnan, chercheur à l’Institut
français du développement
durable et des relations internatio-
nales (Iddri). Les températures
terrestres ont globalement aug-
menté de 1°C depuis un siècle, mais
la situation serait nettement plus
sévère sans leur contribution.


Les océans ont aussi pompé un
quart du CO2 émis en excès dans
l’atmosphère. «Malheureusement
ces services ont un coût: les eaux
se sont acidifiées et les vagues de
chaleur marines se multiplient,
comme celle qui a sévi en 2011 sur
la côte ouest de l’Australie et qui a
eu un impact dévastateur sur les
écosystèmes», relève Thomas Fröl-
icher, chercheur à l’Université de
Berne et coauteur du rapport.
Réceptacle de l’eau douce issue
de la fonte des glaces, la mer monte
aussi à grande vitesse. L’élévation
du niveau des océans est environ
2,5 fois plus rapide en ce début de
XXIe siècle que durant le siècle
précédent, d’après les experts. Le
niveau des océans va encore s’éle-
ver de 43 à 84 centimètres d’ici à
2100, selon que des mesures seront

prises ou non pour lutter contre le
réchauffement. Des centaines de
millions de personnes vivant dans
des grandes villes côtières ou sur

des îles risquent de souffrir de
ce phénomène.
«On imagine souvent la montée
du niveau des océans comme un
phénomène lent. Mais dans le
cadre des changements clima-
tiques, cette élévation est couplée
à un accroissement du nombre
d’événements extrêmes comme
les cyclones, indique Hélène Jacot
Des Combes, professeure à l’Uni-
versité du Pacifique-Sud aux îles
Fidji, une des coauteurs du rap-
port. Dans certaines régions du
monde, des événements catastro-
phiques qui ne survenaient aupa-
ravant qu’une fois par siècle vont
se répéter chaque année ou
chaque décennie.»
C’est la fonte de la calotte du
Groenland qui participe actuelle-
ment le plus à l’élévation du niveau

des mers: elle y aurait contribué
de quelque 11 centimètres depuis
1990, contre 7 centimètres pour la
calotte antarctique. Cette dernière
pourrait cependant réserver de
(mauvaises) surprises. «Il existe
de grandes incertitudes quant à
l’évolution de l’Antarctique, dont
la fonte pourrait s’accélérer à par-
tir de 2100, en particulier au
niveau des glaces de mer de l’ouest
du continent», alerte Konrad Stef-
fen, de l’Institut fédéral de
recherches sur la forêt, la neige et
le paysage, qui a aussi participé au
rapport.
Quant aux glaciers situés dans
les zones montagneuses, ils se
trouvent également en mauvaise
posture partout dans le monde.
D’ici à la fin du siècle, ils vont
perdre de 18 à 36% de leur masse

en moyenne, en fonction de notre
niveau d’action, révèle le GIEC.
Alors que certains petits glaciers
sont d’ores et déjà condamnés, y
compris en Suisse, l’ensemble des
glaciers européens, tout comme
ceux du Caucase, d’Afrique de
l’Est, des Andes tropicales ou
encore d’Indonésie, pourraient
s’affiner de plus de 80% d’ici à
2100 si rien n’est entrepris pour
limiter les émissions de gaz à effet
de serre.
La haute montagne sera aussi
profondément transformée du fait
de la raréfaction de la neige et de
la fonte du pergélisol, la partie du
sol qui est normalement gelée en
permanence. Les plantes et ani-
maux adaptés aux écosystèmes de
montagne vont continuer de
migrer vers de plus hautes alti-
tudes. Glissements de terrain, ava-
lanches et autres éboulements vont
se multiplier du fait de la déstabi-
lisation des sols. Le tourisme et les
activités sportives en montagne
vont encore souffrir, les techniques
de fabrication de neige artificielle
ne permettant pas de compenser
l’élévation des températures.

Systèmes d’alarme et
énergies renouvelables
Face à ce tableau bien sombre, les
scientifiques rappellent l’impor-
tance d’agir au plus vite. «Certains
changements sont inéluctables car
le système climatique réagit avec
une certaine inertie. Mais les effets
observés au-delà de 2050 dépen-
dront fortement de nos émissions
actuelles de gaz à effet de serre. En
les réduisant drastiquement, nous
aurons plus de temps pour nous
adapter et plus de chances de sau-
ver certains écosystèmes», affirme
Valérie Masson-Delmotte.
Créer davantage de réserves natu-
relles pour protéger les milieux
vulnérables, construire des digues
et des systèmes d’alarme afin d’an-
ticiper les risques de submersion,
ou encore développer les énergies
renouvelables marines font partie
des solutions avancées par les cher-
cheurs pour préserver les océans
et les glaces, mais aussi toutes les
personnes qui en dépendent – soit
chacun d’entre nous, à un degré
plus ou moins important. n

Les océans ont absorbé quelque 90% de la chaleur générée par les changements climatiques ainsi qu’un quart du CO2 émis en excès dans l’atmosphère. (LUCAS JACKSON)

Verdict glaçant pour les océans

CRISE CLIMATIQUE Fonte des calottes glaciaires et élévation du niveau des mers s’accélèrent au fur et à mesure que notre planète


se réchauffe, met en garde le nouveau rapport du GIEC, qui appelle une fois de plus à l’action afin d’éviter le pire


«Des événements
catastrophiques
qui ne survenaient
auparavant qu’une
fois par siècle vont
se répéter chaque
année ou chaque
décennie»
HÉLÈNE JACOT DES COMBES, UNIVERSITÉ
DU PACIFIQUE-SUD
Free download pdf