LeTemps260919

(Romina) #1

SÉBASTIEN RUCHE
t @sebruche


Elle est d’origine arabe, mais pas des
pays du Golfe. C’est une banque privée,
mais elle finance aussi le commerce de
matières premières. Présente à Genève
depuis 1964, Arab Bank offre maintenant
à ses clients la possibilité d’investir dans
les cryptomonnaies. Avec ce profil très
particulier, l’établissement lié à un géant
bancaire jordanien vient de dépasser les
4 milliards de francs d’avoirs sous gestion
et vise 6,4 milliards d’ici trois ans. A 57%,
la banque affiche l’un des ratios coûts/
revenus les plus bas de la place (ce rap-
port mesure l’efficacité d’une organisa-
tion).
Arab Bank: la raison sociale a le mérite
de la clarté. La banque privée genevoise
sert une clientèle provenant quasi exclu-
sivement de Jordanie, d’Egypte ou du
Liban. Vu ce profil, on ne perçoit pas d’em-
blée pourquoi Arab Bank se lance dans
les cryptomonnaies. «Car le bitcoin ou
l’ether offrent des possibilités d’investis-
sement décorrélées des marchés finan-
ciers, ce qui peut séduire des clients plus
jeunes, entrepreneurs ou très fortunés»,
résume le directeur général Serge Robin,
qui a découvert ces actifs numériques
lorsqu’un cadre de la banque lui a proposé
ce projet lié aux cryptomonnaies. La
Finma a récemment donné son autorisa-
tion pour cette nouvelle activité, qui uti-
lisera une solution de stockage dévelop-
pée à Genève par la société Taurus.


Transformer les dépôts
en investissements
A 61 ans, Serge Robin s’anime lorsqu’il
décrit les possibilités qu’offrent les nou-
velles technologies dans la relation avec
les clients, la compliance ou les investis-
sements. En poste depuis un peu plus
d’un an, l’ancien associé de la petite
banque privée Gonet entre 2010 et 
a pour mission de développer la gestion


de fortune chez Arab Bank. Historique-
ment, Arab Bank se voyait confier des
avoirs par des clients de sa société sœur,
le groupe Arab Bank Plc, l’un des princi-
paux acteurs bancaires du Levant créé
en 1930 à Jérusalem et coté à la bourse
d’Amman, où se trouve son siège. Les
deux entités ont les mêmes actionnaires,
ceux d’Arab Bank Plc recevant une action
Arab Bank Suisse pour 18 actions Arab
Bank Plc.
Seulement, ces avoirs restaient la plu-
part du temps en dépôt à Genève. Ils
étaient donc moins rentables pour la
banque que s’ils avaient été investis. Puis
la stabilité et la sécurité offertes par la
Suisse sont devenues moins capitales
pour les clients, qui ont retiré des actifs.
Résultats, les avoirs sous gestion d’Arab
Bank ont reculé, jusqu’à 3,2 milliards de
francs en 2017.
C’est à ce moment-là qu’un nouveau
responsable de la gestion de fortune a
commencé à structurer l’activité et à
créer des équipes. L’étape suivante a été
de dynamiser l’offre, sous l’impulsion de
Serge Robin, qui a commencé sa carrière
en tant qu’analyste sur le Japon chez
Lombard Odier. Différentes solutions de
gestion «advisory», très appréciée des

Moyen-Orientaux, ont été mises sur pied
(dans cette formule, la banque recom-
mande des investissements au client, qui
prend la décision finale). Un service
dédié aux très grandes fortunes a aussi
été créé, sur le modèle de celui lancé par
Serge Robin lorsqu’il dirigeait Merrill
Lynch à Genève.
La gestion de fortune a attiré 370 mil-
lions de francs d’argent frais en 2019,
dépassant déjà l’objectif fixé à 190 mil-
lions. Cette activité, dont le ratio coûts/
revenus s’établit à 63%, représente envi-
ron 35% des revenus de la banque aux 125
collaborateurs, soit autant que les reve-
nus fournis par la deuxième ligne de
métier, le financement du commerce des
matières premières, lancé il y a une
dizaine d’années.
Troisième activité, la gestion de tréso-
rerie et les changes fournissent le reste
des revenus. «Comme nous disposons
d’un capital dépassant 540 millions de
francs, bien supérieur à ce que nécessi-
terait l’activité de banque privée, nous
effectuons du trading pour compte
propre, de manière conservatrice», glisse
le Genevois Serge Robin dans les bureaux
de la place de Longemalle, en partie en
travaux.

Acquisition recherchée
Ce trésor de guerre pourrait être utilisé
pour effectuer une acquisition, d’une
petite banque ou d’un gérant indépen-
dant ayant un biais sur le Moyen-Orient.
Cette volonté fait partie de la stratégie
du conseil d’administration présidé par
Wahbe Tamari (qui a fait carrière dans
le trading de café avec la société Sucafina)
et dont Jean-Pierre Roth, l’ancien pré-
sident de la BNS et de la BCGE, est
vice-président. Développer la clientèle
de la diaspora moyen-orientale, en
Europe ou en Amérique latine, est une
autre priorité pour Arab Bank dans les
années à venir.
Les objectifs chiffrés sont élevés. De
78,4 millions de francs l’an dernier, les
revenus opérationnels devraient
atteindre 85 millions en 2019 et 111 mil-
lions en 2022, pour une masse sous ges-
tion de 6,4 milliards à cet horizon. Arab
Bank a dégagé un bénéfice net de 17 mil-
lions de francs l’an dernier, contre 14 mil-
lions en 2017. n

Arab Bank se met


aux cryptomonnaies


PLACE FINANCIÈRE La banque privée
genevoise lance une 4e activité, en plus
de la gestion de fortune, du financement
du négoce de matières premières et de
la gestion de trésorerie. Objectif: aug-
menter les avoirs gérés de 50% d’ici à
2022


TeamViewer, plus
grosse entrée en
bourse de l’année
en Europe
Le groupe
allemand,
spécialisé dans les
logiciels de
maintenance à
distance
d’ordinateurs et de
vidéoconférence, a
été introduit
mercredi à la
bourse de
Francfort,
rapportant
2,2 milliards
d’euros
(2,38 milliards de
francs) à son
propriétaire, le
fonds britannique
Permira, soit la
plus grosse
opération de
l’année en Europe
dans un contexte
peu porteur. Au
prix d’introduction,
l’entreprise est
valorisée
5,25 milliards
d’euros. AFP

MAIS ENCORE


Source: Bloomberg 25 septembre

TAUX DE CHANGE
En francs

1,

1,

1,
1,
0,
0,
2 juillet

Euro 1,

Dollar 0,

SMI / CLÔTURE: 9914,
Performance sur 3 mois: -1,06%

2 juillet 25 septembre

8800

9440
9120

STOXX EUROPE 600 / CLÔTURE: 387,
Performance sur 3 mois: -0,44%
393
373
353
333
2 juillet 25 septembre

OBLIGATIONS
Taux à 10 ans

2 juillet 25 septembre

Etats-Unis 1,706%

Europe -0,575%

(^2)
1
0








S&P 500 / 18H: 2975,
Performance sur 3 mois: +0,43%

2900

3000

2700
2600

2800

2 juillet 25 septembre

TOPIX (TOKYO) / CLÔTURE: 1620,
Performance sur 3 mois: +1,90%

1300

1500

1700

1900

2 juillet 25 septembre

10 080
9760

Suisse -0,812%

PUBLICITÉ


La Finma épingle HNA pour
infraction sur ses devoirs d’annonce
L’Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers
(Finma) a épinglé le conglomérat chinois HNA pour avoir, à
plusieurs reprises, incorrectement déclaré les ayants droit
économiques de son ancienne participation dans Dufry,
l’exploitant de boutiques hors taxes coté à la bourse suisse.
La situation sera dénoncée auprès du Département fédéral
des finances (DFF), a indiqué mardi la Finma. AWP

Nombre d’entrées en bourse en recul
Les volumes d’émission et le nombre d’introductions en
bourse (IPO) ont reculé dans le monde au troisième
trimestre sur un an, selon le cabinet de conseil EY. La Suisse
n’échappe pas à la tendance: aucune IPO n’a été enregistrée
ces trois derniers mois. «Face aux incertitudes politiques et
à un ralentissement économique, les sociétés sont
actuellement réticentes à entrer en bourse», résume EY.
Ainsi, 256 IPO ont été enregistrées dans le monde au
troisième trimestre (-24% sur un an). Les volumes
d’émission ont chuté de 22% à 40,2 milliards de dollars. AWP

EN BREF


SERGE ROBIN
DIRECTEUR GÉNÉRAL
D�ARAB BANK

«Le bitcoin ou l’ether
offrent des possibilités
d’investissement
décorrélées des
marchés financiers,
ce qui peut séduire
des clients plus jeunes,
entrepreneurs
ou très fortunés»

Inquiétudes
Le marché suisse a démarré la séance de mercredi
en baisse de 0,65% à 9926,20 points. Les indications
préalables en provenance de Wall Street étaient négatives avec
les principaux indices dans le rouge. Les investisseurs
s’inquiètent des conséquences de l’éventuel lancement d’une
procédure de destitution à l’encontre de Donald Trump,
soupçonné d’avoir commandité à l’Ukraine une enquête
contre son rival politique Joe Biden en vue des prochaines
élections présidentielles fin 2020. Le SMI a clôturé en baisse
de 0,77% à 9914,82 et le SPI de 0,77% à 12 047,15 points. BRC a
réduit sa recommandation sur Nestlé (-1,33% à 106,76 francs) à
«sous-performer». L’analyste doute de la capacité du groupe à
renouer durablement avec le «modèle Nestlé» de croissance
annualisée à brève échéance. Novartis (-0,89% à 84,93 francs)
et Roche (-0,30% à 282,50 francs) se sont également affaiblies.
Les bancaires font encore partie des titres qui ont perdu le
plus de terrain. Credit Suisse a
abandonné 1,90% à 12,13 francs et
UBS 0,80% à 11,095 francs. Les
valeurs du luxe leur ont tenu
compagnie, Richemont (-1,31% à
72,20 francs) ayant fait les frais d’une
rétrogradation de recommandation
par HSBC qui préfère adopter une
position neutre sur le titre. Swatch a
reculé de 0,72% à 261,90 francs. n
BCGE, SALLE DES MARCHÉS

PROPOSÉ PAR

LE TITRE VEDETTE

Source: Bloomberg

373

375

377

Zurich Insurance
+1,01%

9h00 17h

CHARTE ÉDITORIALE http://www.letemps.ch/partenariats

BOURSE


Finance 17


JEUDI 26 SEPTEMBRE 2019 LE TEMPS

Free download pdf