LeTemps260919

(Romina) #1

JEUDI 26 SEPTEMBRE 2019 LE TEMPS


Suisse 7


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Carnet de campagne


Une campagne électorale, cela se
passe parfois à l’extérieur du canton
dans lequel on est candidat. Anne
Froidevaux, qui figure sur la liste
démocrate-chrétienne du canton du
Jura pour le Conseil national, est
allée rencontrer ses électeurs
potentiels à... Avenches, dans le
canton de Vaud. C’était le week-end
du Jeûne fédéral. Dans le cadre du
festival Equus helveticus, organisé
à l’Institut équestre national
d’Avenches (IENA) et au Haras natio-
nal du 7 au 15  septembre, s’est
déroulé le National FM, rendez-vous
incontournable et important lieu
d’échange des éleveurs de chevaux
suisses.

Promouvoir la consommation
de proximité
Les compétitions sont variées:
plus de 20 épreuves de saut, dres-
sage, gymkhana, débardage, trac-
tion et attelage permettent aux fiers
destriers et à leurs propriétaires de
se mesurer les uns aux autres.

«C’est, avec le Marché-concours de
Saignelégier, l’un des grands événe-
ments de l’année pour l’élevage de
la race des Franches-Montagnes.
Les meilleurs chevaux y participent.
C’est la grande finale et la dernière
compétition avant l’hiver, hormis
quelques épreuves amicales»,
résume la candidate démo-
crate-chrétienne.
Issue d’une famille d’éleveurs – ses
cinq frères et sœurs le sont aussi –,

elle s’y rend tous les ans. Elle n’a pas
dérogé à cette habitude cette année,
même si elle est en croisade électo-
rale. «Je vais là où j’ai l’habitude
d’aller, c’est mon style de cam-
pagne», confie-t-elle. Cela tombe
bien, car les Jurassiens du monde
de l’élevage sont nombreux à faire
le déplacement d’Avenches à cette
occasion. «On y croise des gens
qu’on rencontre toute l’année. Les
éleveurs sont très pris, ils courent
d’une épreuve à l’autre, mais on peut
quand même procéder à de brefs
échanges avec eux et glisser
quelques petits commentaires poli-
tiques», poursuit-elle. Par exemple
pour promouvoir la consommation
de proximité, un sujet qui lui est
cher.

«Mon cheval manquait
d’entraînement»
Ses obligations politiques ainsi
que son travail de secrétaire géné-
rale et responsable des RH de la
clinique de réadaptation du Noir-
mont l’ont cependant empêchée
d’entraîner ses chevaux comme elle
l’aurait souhaité. Elle en possède
deux: Evidence, une jument de
9 ans qui a d’abord fait des épreuves
d’attelage avant de passer au dres-
sage, et Colorado, un hongre de
11 ans. «J’avais prévu d’inscrire
Colorado au derby du dimanche,
mais j’ai dû renoncer car il man-
quait d’entraînement. J’aimerais
lui faire faire des activités plus
régulières», regrette-t-elle. «Je suis
donc venue à Avenches en specta-
trice et en éleveuse.» Et en candi-
date. n B. W.

«Je vais là où j’ai
l’habitude d’aller,
c’est mon style de
campagne. Les
éleveurs sont très
pris, ils courent
d’une épreuve à
l’autre»

Comment font-ils campagne,
avec quels moyens et quelle
motivation? Alors que les can-
didats aux élections fédérales
n’ont jamais été aussi nombreux,
«Le Temps» suit six d’entre eux
sur le terrain.

Un tour de piste avec les électeurs éleveurs


ANNE FROIDEVAUX La candidate
PDC au Conseil national est sortie
de son canton pour aller rencontrer
des Jurassiens à Avenches (PIERRE MONTAVON POUR LE TEMPS)

BERNARD WUTHRICH, BERNE
t @BdWuthrich


Taxe incitative de 30 à 120 francs
sur les billets d’avion, prélève-
ment compensatoire de 10 à 12
centimes sur les carburants, relè-
vement de 120 à 210  francs la
tonne du plafond de la taxe CO
sur les combustibles, création
d’un fonds pour le climat, réduc-
tion des valeurs d’émission de
CO2 pour les bâtiments: le Conseil
des Etats a adopté mercredi par
37 voix contre 1 et 3 abstentions la
révision de la loi sur le CO2. Il a
ainsi remis sur les rails la réforme
que le Conseil national avait reje-
tée en décembre. Et il lui a donné
de nouveaux accents.


«Rendre le train plus
abordable»
Alors que le Conseil fédéral ne
l’avait pas proposée, la taxe sur les
billets d’avion n’est plus guère
contestée. Simonetta Sommaruga
salue le fait que ce soit «une taxe
d’incitation et pas un impôt». Le
montant se situera entre 30 et
120 francs selon la classe de vol et
la distance. Le Conseil fédéral
fixera les montants exacts. Ils
seront supérieurs à ce qu’en-
caissent les pays voisins. Selon un
rapport de l’administration fédé-
rale, une taxe d’environ 7,5 euros
est prélevée sur les court-courriers,
de 23 euros sur les moyen-courriers
et de 17,5 euros sur les vols inter-
continentaux en Allemagne. En
France, le tarif varie de 5,4 à 15,
euros pour les déplacements euro-
péens et entre 12,6 et 53,2 euros
hors du continent. Une hausse est
en discussion. En 2017, l’Autriche a
abaissé ses prélèvements à 3,


euros pour les vols européens, à 7,
euros pour les moyen-courriers et
à 17,5 euros pour l’intercontinental.
«La taxe de 30 francs sur chaque
ticket en Europe devrait diminuer
le nombre de vols de 10%», pronos-
tique le rapporteur de la commis-
sion préparatoire, Damian Müller
(PLR/LU). Un émolument de
500 francs sera perçu sur les vols
privés.
Pour Didier Berberat, le renché-
rissement de l’avion ne suffira

pas. «Il faut aussi rendre le prix
du train plus abordable», sou-
haite-t-il. Il a comparé les meil-
leurs tarifs: un trajet Genève-Bar-
celone coûte 90 francs par les airs
mais 163 francs en train. Le trans-
port aérien est aussi meilleur
marché entre Zurich et Berlin:
86 francs contre 160 francs par la
voie ferroviaire. Les Verts et la
Coalition environnement et santé
pour un transport aérien respon-
sable (Cesar) demandent que le

plafond pour les escapades inter-
continentales soit plus élevé que
120 francs.
Le Conseil des Etats a confirmé
l’abaissement de 130 à 95 grammes
de CO2 par kilomètre de la valeur
limite moyenne pour l’importation
des nouvelles voitures. Des com-
pensations seront exigées des
importateurs ne respectant pas ce
critère. La Chambre des cantons
a également relevé de 120 à
210 francs la tonne le montant

maximal de la taxe sur les combus-
tibles fossiles. Son niveau effectif
est actuellement de 96 francs.
L’utilisation de ces recettes se
veut innovante. 49% de la taxe sur
le billet d’avion, un tiers de celle
sur le mazout (soit 450 millions
au maximum) ainsi que les
enchères sur les droits d’émission
et le produit des sanctions liées à
l’importation de véhicules ali-
menteront un fonds pour le climat
nouvellement créé. Les 51% de la
taxe aérienne et les deux tiers de
la taxe CO2 seront reversées à la

population et aux entreprises via
les primes d’assurance maladie et
les caisses de compensation AVS.
Le fonds pour le climat servira
à financer toute une palette de
mesures climatiques; le pro-
gramme d’assainissement éner-
gétique des bâtiments, des
mesures permettant de réduire la
consommation d’électricité en
hiver, des programmes de plani-
fication énergétique, le remplace-
ment de chauffages à mazout et

électriques, des projets de géo-
thermie, la promotion des res-
sources renouvelables ainsi que
des mesures de prévention contre
les dommages occasionnés par le
réchauffement climatique.

L’UDC confirme
son opposition
Considérant que les transports
sont la première source d’émis-
sion de gaz à effet de serre en
Suisse (32%, contre 26% pour les
bâtiments et 20% pour l’indus-
trie), le projet prévoit de compen-
ser l’importation de carburants.
Cela se traduira par l’adjonction
d’une taxe maximale de 10 cen-
times jusqu’en 2024, de 12 cen-
times ensuite. Le montant réel
pourrait être inférieur, comme
c’est le cas aujourd’hui (1,5 cen-
time par litre alors que la loi auto-
riserait 5 centimes). Une minorité
comprenant plusieurs représen-
tants des cantons de montagne,
emmenée par Martin Schmid
(PLR/GR), a vainement demandé
qu’on n’aille pas au-delà de 10 cen-
times après 2024. Martin Schmid
rappelle qu’un relèvement du prix
de l’essence et du diesel de 4 cen-
times est d’ores et déjà prévu pour
les besoins futurs du Fonds pour
les routes nationales et le trafic
d’agglomération (Forta).
Le Conseil des Etats n’a pas for-
mulé d’exigences précises pour
les placements financiers. Il
attend néanmoins de la Finma et
de la BNS qu’elles mesurent régu-
lièrement les risques financiers
liés au changement climatique. Le
dossier repart au Conseil natio-
nal, qui ne le traitera qu’après les
élections. L’UDC a confirmé son
opposition à cette révision. n

Simonetta Sommaruga salue le fait qu’il s’agisse d’«une taxe d’incitation et pas d’un impôt». (PETER KLAUNZER/KEYSTONE)

L’essence et l’avion coûteront plus cher

CLIMAT Le Conseil des Etats a ressuscité la révision de la loi sur le CO2. Il propose de créer un fonds pour le climat qui permettra


de financer toute une palette de mesures grâce aux taxes qui seront prélevées


Echec pour une initiative de l’UDC
Le Conseil national a recommandé mercredi par 123 voix contre 63 de
rejeter l’initiative de l’UDC «Pour une immigration modérée» qui vise à
résilier la libre circulation des personnes. Tous les autres partis et
le gouvernement se sont prononcés pour le rejet du texte. ATS

Immigration


«La taxe
de 30 francs
sur chaque billet
en Europe devrait
faire diminuer
le nombre de vols
de 10%»
DAMIAN MÜLLER (PLR/LU), RAPPORTEUR
DE LA COMMISSION PRÉPARATOIRE

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