Courrier International - 19.09.2019

(avery) #1

  1. 7 JOURS Courrier international — n 1507 du 19 au 25 septembre 2019


Les fumées


de la discorde


INDONÉSIE 
“Sous un nuage
de fumée”, titre
le 17 septembre
Koran Tempo
sur la photo
d ’ u n e n f a n t
traversant
d’épaisses fumées qui se dégagent
d’une plantation d’hévéas en feu
dans le village de Soak Batok, sur
la grande île de Sumatra, dans
le nord de l’Indonésie. Depuis
le début du mois, les incendies



  • sciemment déclenchés pour
    gagner de nouvelles terres agri-
    coles – ont détruit plus d’un mil-
    lion d’hectares de forêt à Sumatra
    et Bornéo. Les fumées toxiques
    envahissent Singapour et Kuala
    Lumpur, en Malaisie, provoquant
    comme chaque année des ten-
    sions diplomatiques entre l’ar-
    chipel et ses deux voisins.


Le plus vieil aïeul


de l’araignée


PALÉONTOLOGIE – “Une paire
d’yeux en forme d’œuf, une ossa-
ture dorsale qui ressemble à une
armure tranchante, ainsi que de
nombreuses paires de membres qui
pouvaient saisir, écraser et mâcher.”
C’est ainsi que le réseau canadien
CBC décrit le Mollisonia plenove-
natrix, la créature fossile décou-
verte en Colombie-Britannique et
dévoilée dans la revue Nature le
11 septembre. Cet être à l’allure
menaçante qui vivait il y a environ
506 millions d’années n’était pas
plus grand qu’un pouce. C’est le
plus vieil ancêtre connu des arai-
gnées et des scorpions.


Changement
de cap
ITALIE – Le navire humanitaire
Ocean Viking a été autorisé le
14 septembre à débarquer sur le
sol italien les 82 migrants qu’il
avait secourus. Une décision
qui, souligne La Repubblica,
marque une rupture nette avec
la politique migratoire mise
en place par l’ex-ministre de
l’Intérieur Matteo Salvini. Peu
après sa nomination, le gou-
vernement Conte II a en eff et
entamé des discussions avec la
Commission européenne sur
la répartition des demandeurs
d’asile entre les États membres.
Et, le 23 septembre, tous les
ministres de l’Intérieur euro-
péens vont tenter, à Malte, de
défi nir un nouveau cadre d’ac-
cueil des migrants.

Une présidentielle
au forceps
ALGÉRiE 
“C’est parti !”
lance le
16 septembre
L’Expression.
La veille, le
chef de l’État
par intérim,
Abdelkader
Bensalah, a annoncé qu’un scru-
tin présidentiel se tiendrait le
12 décembre. Un scénario qui
coïncide avec les exigences du
chef de l’armée, Ahmed Gaïd
Salah, prêt à recourir à la force
pour imposer son calendrier.
La rue, quant à elle, continue
de s’opposer à une présiden-
tielle organisée par les fi dèles
de l’ancien président Boutefl ika.

35,


C’EST, EN MILLIONS, LE NOMBRE DE PERSONNES
ÂGÉES DE PLUS DE  ANS AU JAPON.
Soit près d’un tiers de la population (28,4 %), ce qui fait
du Japon le pays du monde dont la population est la plus
vieille, loin devant l’Italie (23 %). “Cette proportion devrait
atteindre 35,3 % en 2040”, rapporte le Nihon Keizai Shimbun.
L’âge de la retraite est aujourd’hui fi xé à 65 ans. Mais,
face à la pénurie de main-d’œuvre, le gouvernement
envisage de le porter à 70 ans. “Les personnes âgées jouent
un rôle de plus en plus important sur le marché du travail”,
constate le journal économique.


image d’académicien spécialiste en droit
constitutionnel, image qui reste tout aussi
controversée puisqu’il ne détient pas le
statut de professeur. Il a également pu
gagner la sympathie de plusieurs conser-
vateurs qui ont été séduits par ses posi-
tions fermes sur les questions relatives
aux libertés individuelles, notamment, en
ce qui concerne l’égalité dans l’héritage,
la dépénalisation de l’homosexualité ou
encore l’abolition de la peine de mort. Il a
ainsi pu bénéfi cier d’une partie du réser-

voir électoral du parti Ennahda, notam-
ment de la partie connue pour être l’aile
dure du mouvement islamiste.
Mais au-delà de cet aspect, Kaïs Saïed
se présente comme le candidat “antisys-
tème”. Il a annoncé qu’il est pour un chan-
gement total du système de gouvernance
actuel, à commencer par la suppression
des élections législatives. Il est pour l’élec-
tion de représentants locaux qui élisent à
leur tour un représentant régional pour
le Parlement.
Kaïs Saïed a créé la surprise pour une
grande partie des Tunisiens. Le vainqueur
de ce premier tour vient confronter la classe
politique à une frange de la société dont elle
ignore l’existence. Une frange qui a voté
pour un homme qui donne une impression
de rigueur, de fermeté, de conservatisme,
le tout enveloppé par la stature d’un ensei-
gnant universitaire, expert en droit consti-
tutionnel. Cette même frange a voté d’une
manière démocratique pour un candidat
qui, dans son programme, envisage d’éli-
miner tout le système qui va le conduire,
vraisemblablement, au pouvoir.
—Sarra Hlaoui
Publié le 15 septembre

—Business News (e x t r a i t s)
Tunis

L


es dés sont jetés pour ce premier
tour de l’élection présidentielle
[qui s’est tenu le 15 septembre]. Et
si une grande partie des Tunisiens s’at-
tendaient à la victoire de Nabil Karoui
[magnat des médias, surnommé le
“Berlusconi tunisien”, incarcéré depuis
le 23 août pour blanchiment d’argent
et fraude fi scale ; il arrive en deuxième
position avec 15,8 % des voix], beaucoup
ont été surpris par l’ascension de Kaïs
Saïed [18,4 %]. Sans parti politique le
soutenant offi ciellement, sans machine
électorale apparente, ce candidat avare
en apparitions médiatiques a réussi à
dépasser tous les autres candidats, qui
ont déboursé des millions de dinars pour
leurs campagnes électorales et qui ont
fait le show sur les plateaux des chaînes
de télévision.
Mais qui est Kaïs Saïed? C’est un uni-
versitaire et un juriste spécialiste en droit
constitutionnel. Avec une quasi-absence
de campagne médiatique et sans grands
moyens fi nanciers, Kaïs Saïed n’est pas
un phénomène médiatique, mais un
phénomène de société. Et s’il a réussi à
gagner la confi ance des Tunisiens, c’est
parce que la majorité d’entre eux en ont
eu assez de la classe politique. Certains
estiment que Kaïs Saïed est capable de
protéger les institutions de l’État.

Conservateur. Fort d’appuis parmi
ses étudiants, Kaïs Saïed a déclaré qu’il
n’y avait aucune motivation person-
nelle derrière sa candidature. Il s’est
dit mû par le devoir envers son pays. Il
estime que la classe politique actuelle a
totalement échoué dans sa mission et
qu’elle “ne peut pas faire l’Histoire avec
ses petites histoires”. Connu pour son dis-
cours en langage littéraire à l’intonation
saccadée [qui lui a valu le surnom de
“Robocop”], Kaïs Saïed a pu se faire une

TUNISIE


Un vote


sanction


Le second tour du scrutin
présidentiel se jouera
entre deux candidats
“antisystème”.
Un nouveau défi pour
la transition démocratique
de la Tunisie.

→ Dessin
de Willis,
Tunisie.

Kaïs Saïed envisage
d’éliminer tout le système
qui va le conduire,
vraisemblablement,
a u p o u v o i r.
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