2019-10-11_51_Yam

(coco) #1
LE GESTE, L'OUTIL, L’ACTEUR

— 65 —

À


commencer par la réalisation même de l’outil. Elle
incombe au technicien d’art lui-même. Régulièrement
Christian Boaretto se rend donc dans la pièce du Grand
Atelier consacrée à l’outillage, pour y affûter ses tournassins
voire en façonner de nouveaux. Comme le faisaient avant lui
ses pairs. Car, au fil du temps, l’objet n’a pas pris une ride. « Il
est resté le même depuis deux siècles et demi! » Et pour cause.
Il se révèle essentiel à la seconde phase majeure du travail du
tourneur : le tournassage. Ou comment dégrossir l’ébauche
des ⁴/₅ de sa matière pour arriver à une pièce conforme à ¼ de
mm près au dessin d’exécution. Un travail de haute précision.
Entièrement manuel, il requiert donc différents tournassins,
pour l’extérieur comme l’intérieur de l’objet, que ses lames
sculptent, sur le tour, en déversant des flots de poussières et
de copeaux de « terre », à coups de bruits stridents. Éton-
nant. Tout comme le recours à un pichouret. Une sorte de
long bâton de bois que Christian Boaretto porte à l’épaule et
sur lequel il appuie la main tenant le tournassin, pour mieux
l’immobiliser et éviter, là encore, des vibrations intempestives.
De fait, le temps du tournassage n’est pas le même que celui
de l’ébauchage. Le premier se calcule en semaines, l’autre en
jours... Patience.


L’OUTIL


LE TOURNASSIN


Derrière cette lame de métal affûtée
montée sur un manche de bois,
deux autres savoir-faire du tourneur...

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