2019-10-11_51_Yam

(coco) #1
ET LES AUTRES?

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LES AUTRES MÉTIERS DU VIN

PROFESSION


AGENT


Très reconnu dans l’univers du vin, Romuald Cardon
n’est pas un simple marchand de bouteilles.
Il pratique son métier d’agent avec une sacrée dose
de passion et de convictions.

N


e pas confondre VRP et agent... Pour
caricaturer, le premier se balade avec
un attaché-case, des cartes de visite et
vend les vins de son catalogue comme il ven-
drait des poêles à frire. Le second défend une
certaine idée du vin, connaît ses vignerons,
leur terroir et leurs vins par cœur, les suit sur
le long terme, et se place comme le véritable
trait d’union entre les domaines et les ca-
vistes ou les restaurateurs. Romuald Cardon
est à classer dans cette dernière catégorie. Sa
rencontre avec le vin? Francine Legrand, sa
tante, patronne de la fameuse cave parisienne
Legrand Filles et Fils, joue les entremet-
teuses. À 21 ans, il est officiellement embau-
ché. Son baptême du feu : royal, chez Rayas,
Beaucastel et Gramenon! Après huit ans chez
Legrand, il rachète la cave Les Coteaux du 9e
en 1999. Et se met en plus à faire l’agent pour
une petite poignée de domaines du sud de la
vallée du Rhône, l’Oratoire Saint-Martin, la
Réméjeanne et la Monardière. La double cas-
quette caviste-agent s’avère peu à peu lourde
à porter. En 2006, Romuald baisse le rideau
de sa boutique et devient agent à 100 %.
Aujourd’hui, 34 domaines de presque tout
l’Hexagone viticole lui font confiance... Et
ils ont bien raison! « Avec les vignerons, je
construis un vrai partenariat sur le long terme,
c’est un accompagnement à de nombreux ni-
veaux... J’ai un avis critique. C’est dans cet es-
prit que je veux continuer à avancer, sinon je ne


vois pas de sens à ce métier ». Comment choi-
sit-il « ses » vignerons? « Tu goûtes les vins, tu
vas sur le domaine, il y a quelque chose qui se
passe et tu sens la volonté d’aller dans le même
sens. Je veux qu’on ait des choses à se raconter, je
ne suis pas un apporteur d’affaires. Et, bien sûr,
je suis très attaché à une démarche la plus natu-
relle possible, en bio ou biodynamie ». Ses com-
bats? Faire comprendre que le vin n’est pas du
coca, sensibiliser sur le fait qu’un millésime
peut être un peu moins convaincant qu’un
autre, etc. Romuald est aussi l’un des fon-
dateurs de Vendanges solidaires, association
dont la vocation est d’aider les vignerons en
proie à des catastrophes météorologiques et,
au-delà, de se placer comme une plate-forme
d’échanges sur les questions climatiques.
Au compteur de Romuald, 250 à 300 clients
sur Paris et Ile-de-France, en majorité des
cavistes et des restaurateurs, des bistrots de
quartier ou des tables triplement étoilées. Son
quotidien? Faire des plans de communication
pour annoncer la sortie de telle ou telle cuvée
par exemple, aller rencontrer d’éventuels nou-
veaux clients, cultiver la relation avec les res-
taurateurs, leur faire goûter des vins, accom-
pagner les vignerons en tournée parisienne,
s’échapper de la capitale pour filer dans le vi-
gnoble... Il s’éclate : « Le jour où je m’ennuie,
j’arrête tout de suite », affirme-t-il avant d’enfi-
ler son casque et d’enfourcher sa bicyclette.
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