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SAMEDI 21 SEPTEMBRE 2019 culture| 25
SERGIO AQUINDO
président de la CARCT. « Nous sou
haitons transmettre l’histoire cul
turelle de notre territoire et, dans
un département où le vote ex
trême est important, développer
l’éveil et l’ouverture d’esprit grâce à
la culture », poursuitil.
Une convention a été signée, le
8 juillet, entre les collectivités lo
cales, la direction régionale des
affaires culturelles (DRAC) et
l’académie d’Amiens pour une
durée de trois ans et un budget de
450 000 euros (financé à hauteur
de 270 000 euros par l’aggloméra
tion et les communes). Pour
l’heure, parmi les nouveautés,
deux artistes et une journaliste
seront en résidence durant qua
tre mois dans l’agglomération
pour intervenir auprès des élèves.
L’auteure Louise Desbrusses tra
vaillera avec eux sur la lecture et
l’écriture, le plasticien Bertrand
Planes sur les technologies dans
l’art, et la rédactrice Marine Du
rand sur l’éducation aux médias.
« Nous avons ouvert un appel à
projets en direction des équipes pé
dagogiques et des structures cultu
relles », précise Roland Boucheix,
directeur du pôle enfancejeu
nesse à la CARCT. « Le 100 % EAC
n’est pas là pour financer l’existant
mais pour renouveler les proposi
tions et toucher le plus grand nom
bre de jeunes », complète Isabelle
Escande, coordinatrice du label,
chargée de rapprocher ensei
gnants et acteurs culturels. « Le
frein historique au développement
de l’EAC, c’est la coordination entre
le monde de l’éducation nationale
et celui de la culture, ce sera, ré
sume Etienne Haÿ, le travail d’Isa
belle Escande. » Pour le maire de
ChâteauThierry, « le nerf de la
guerre, c’est d’abord l’éducation na
tionale : tant qu’elle n’incitera pas
tous les enseignants à développer
des projets d’EAC, cela continuera à
reposer sur des bonnes volontés et
des initiatives individuelles ».
Tanina n’en revient pas d’avoir
son instrument. « C’est trop
chouette », ditelle. Si le « livret
EAC » consignant toutes les expé
riences culturelles vécues lors
d’une scolarité voit le jour, elle
inscrira, c’est certain, sa participa
tion à l’Orchestre à l’école.
sandrine blanchard
La foire de Chicago se cherche
face à New York et Miami
Pour son fondateur, Tony Karman, Expo Chicago, lancée en 2012,
a toute sa place sur un échiquier américain pourtant saturé
ARTS
chicago (illinois)
S
e distinguer est le mot d’or
dre de Chicago. L’architec
ture, qui a toujours été le
point fort de la métropole du
Midwest, demeure le terrain
privilégié pour les expérimenta
tions. Sur le plan politique, l’élec
tion de la démocrate Lori
Lightfoot, première maire noire
et homosexuelle de l’histoire de
la ville, tranche évidemment avec
le profil du locataire de la Maison
Blanche. Se singulariser est aussi
le maître mot de la foire d’art con
temporain Expo Chicago, qui se
tient jusqu’au dimanche 22 sep
tembre, au bord du lac Michigan.
Quartiers résidentiels et ghettos,
chacun à sa manière, estiment
qu’il est possible de renouer enfin
avec un certain âge d’or.
Quand, en 1976, la NewYorkaise
Rhona Hoffman a créé sa galerie à
Chicago, elle est tombée de haut.
La ville était à l’opposé de la
« Grosse Pomme » : peu de lieux
consacrés à la danse, une scène ly
rique sans ampleur, une presse
culturelle qu’elle juge médiocre.
« J’ai pleuré pendant des années »,
raconte la galeriste octogénaire.
Les artistes, en revanche, sortaient
déjà du lot.
Quand Manhattan ne jurait que
par le pop art ou les minimalistes,
la capitale de l’Illinois défendait
déjà sa propre école, les imagistes,
constituée autour d’Ed Paschke.
Quarantetrois ans plus tard,
Rhona Hoffman n’a pas l’ombre
d’un regret. « C’est sûr, j’aurais fait
plus d’affaires à New York,
admetelle. Mes artistes sont par
fois repérés et aspirés par des gale
ries plus puissantes. Mais je préfère
que les choses se fassent dans ce
sens que d’être une suiveuse. »
Aujourd’hui encore, malgré de
fortes inégalités sociales et racia
les visibles jusque dans les mu
sées où le public est majoritaire
ment blanc et les gardiens noirs,
toute une scène afroaméricaine a
prospéré autour de Kerry James
Marshall et Theaster Gates, qui a
récemment connu sa première
exposition personnelle en
France, au Palais de Tokyo, à Paris.
La vitalité des artistes ainsi que
des institutions locales a long
temps porté la foire de Chicago
qui, dans les années 1980, était le
passage obligé des marchands
américains, et plus encore de
leurs confrères européens. Avant
qu’ils ne lui préfèrent de nou
veaux salons comme l’Armory
Show à New York au milieu des
années 1990, Art Basel Miami
Beach en 2002, et depuis avril,
Frieze Los Angeles.
Porte d’entrée intéressante
L’entrepreneur local Tony
Karman ne veut pourtant pas se
résigner à la fatalité. Il en est con
vaincu, Expo Chicago, qu’il a lan
cée en 2012 sur les cendres de l’an
cienne foire, a toute sa place sur
un échiquier américain pourtant
saturé. Le galeriste Daniel Tem
plon, qui y participe pour la hui
tième fois, veut aussi y croire : la
foire a beau être secondaire, elle
reste une porte d’entrée intéres
sante sur le marché américain.
Certes, les grands collection
neurs locaux qui avaient fait vi
brer les années 1980 sont pour la
plupart morts. Leurs héritiers
n’ont pas le chic des intellectuels
de la Côte est ni le vernis high
tech des geeks de la Silicon Valley.
Pourtant, il existe ici un marché
qu’il serait idiot de négliger. Les
mégagaleries, qui exposent à
Expo Chicago, ne montrent pas
leur premier choix, ce qui est bien
dommage, mais elles sont là, et ce
n’est pas un hasard.
« Les gens d’ici sont discrets, mais
il ne faut pas les prendre pour
quantité négligeable », estime le
marchand newyorkais James
Cohan, dont 20 % des acheteurs
viennent du Midwest. Son con
frère Jose Martos, qui avait parti
cipé en 2018 à Expo Chicago avant
de lui préférer la nouvelle foire
d’artistes émergents Chicago In
vitational, ne dit pas autre chose :
« Les directeurs d’institutions du
coin aiment venir à Expo Chicago
parce qu’ils ne sont pas snobés
comme ils le sont ailleurs. »
Contrairement aux fortunes de
Los Angeles et Miami, les grandes
familles de Minneapolis, Detroit
ou SaintLouis n’ambitionnent
pas de musées à leur gloire. « Au
moins cinq collectionneurs de Chi
cago pourraient avoir des fonda
tions privées, mais ils préfèrent
donner aux musées locaux, souli
gne la galeriste Monique Meloche.
Ici, il y a peutêtre un peu moins
d’ego qu’ailleurs. » Le philanth
rope Stefan Edlis ne saurait la con
tredire. En 2015, le nonagénaire et
sa femme, Gael Neeson, ont
donné à l’Art Institute de Chicago
44 œuvres, de Jaspers Johns à
Cindy Sherman, un ensemble éva
lué à plus de 500 millions de dol
lars (452 millions d’euros).
Cet attachement à la cité et un
esprit low profile ont pesé dans le
choix de Mariane Ibrahim, spé
cialisée dans les artistes africains
et afroaméricains, d’y ouvrir,
vendredi 20 septembre, un es
pace de 500 m^2. Pourquoi Chicago
plutôt que New York? « Je n’avais
pas les moyens de Chelsea, Harlem
ne me tentait pas, confietelle. Je
n’avais pas envie de me retrouver
dans une compétition effrénée. Je
voulais un esprit collégial et c’est
ici que je l’ai trouvé. »
roxana azimi
Expo Chicago, jusqu’au
dimanche 22 septembre.
A Chicago, « il y a
peut-être un peu
moins d’ego
qu’ailleurs »,
selon la galeriste
Monique
Meloche
D I S PA R I T I O N
Charles Gérard,
second rôle fétiche
de Lelouch, est mort
L’acteur Charles Gérard, ami
de JeanPaul Belmondo, est
mort, jeudi 19 septembre,
à l’âge de 96 ans. De son vrai
nom Gérard Adjémian,
Charles Gérard avait d’abord
été réalisateur dans les années
1960 (L’Homme qui trahit la
mafia, L’Ennemi dans l’ombre),
avant de devenir acteur dans
les années 1970, dans
Le Voyou, de Claude Lelouch.
Il tournera une vingtaine de
films avec le cinéaste, dont
L’Aventure c’est l’aventure,
Les Uns et les Autres, mais
aussi avec Claude Pinoteau (La
Gifle), Philippe de Broca (L’In
corrigible), Henri Verneuil (Le
Corps de mon ennemi), Francis
Veber (Le Jouet), Claude Zidi
(L’Animal), Georges Lautner
(Flic ou voyou)... Il avait sou
vent joué au côté de JeanPaul
Belmondo, notamment dans
L’Incorrigible, L’Animal ou Flic
ou voyou. – (AFP.)
H I S T O I R E
Une exposition sur
le « design nazi » fait
polémique aux Pays-Bas
Un buffet ayant appartenu à
Hitler, des couverts gravés de
croix gammées, la coccinelle
de Volkswagen : 277 objets de
« design nazi » sont présentés
dans le cadre de l’exposition
« Design du IIIe Reich », aux
PaysBas. Les 10 000 billets
disponibles depuis l’ouverture
début septembre ont été
vendus. Cette exposition a
suscité de vives protestations.
Certains y voient un risque
de « glorification » du na
zisme. La visée est didactique,
se défend le musée, qui a in
terdit les selfies. « Chaque
objet est placé dans un
contexte historique qui met en
lumière l’horrible dessein du
régime nazi. Si les objets sont
sortis de leur contexte, cela
pourrait être mal interprété »,
explique Maan Leo, portepa
role du musée. Les organisa
teurs de l’exposition – à voir
jusqu’au 19 janvier 2020 –
souhaitent qu’elle suscite
une réflexion sur la façon
dont le IIIe Reich a gagné
les cœurs et les esprits en
Allemagne. – (AFP.)
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Dimanche22septembre