Elle estaussi
complexe que
lesétats-Unis:
pro-armeset
faroucheanti-
Trump, capable
de tabasser un
client indélicat
avantdel ui
offrir unePabst
s’il se calme.
Le 7septembre,
au Kajun’sPub.Écrivezàlasororité!»propose une
annonce. Au bout du rouleau, il écrit. Et
reçoit une réponse,signée d’un(e) certain(e)
Lee :«Tun’es pas seul. »
Une première soirée dans la suite d’un hôtel
anonyme en bordure d’autoroute offre l’occa-
sion àJohn de vérifier que Lee n’a pas menti.
Comptables,ouvriers du bâtiment,cadres sup
trinquent en robes du soir,parfois accompa-
gnés de leur épouse.Rien de sexuel.On parle
maquillage, nippes, talons, hormones ou
chirurgie. Révélation.
Pas question pour autant de se montrer au
grand jour.Enchemiseàcarreaux, jeans et
ceintureàlarge boucle, John sillonne les
routes de la Louisiane au Mississippi pour
entretenir les scanners médicaux des hôpitaux
publics, son nouveau job. Au volant, entre
deux chansons de country,ilglisse une cas-
sette dans l’autoradio et répète les exercices
suggérés par une voix suave :«Apprenez à
parler comme une femme. »
Le processus de transition, après des mois
d’injections d’hormones, de séances de tor-
ture àl’épilation par électrolyse, ne sera
accompli qu’une fois sa mère disparue.«Elle
n’aurait pas supporté, même si elle savait.
Mais je m’étais juré que lorsqu’elle ne serait
pluslà, je deviendraisune femmeàplein
temps. »John n’aura finalement jamais recours
àlac hirurgie :«Trop vieux et puis ça change
quoi? Je suis une femme, point. »L’ essentiel
est ailleurs:le1erjanvier 2001,àl’âge de
51 ans,JoAnn vient au monde en quittant son
domicilefull dressed–maquillage, perruque,
robe et talons hauts.
La transformation n’est pas seulementphy-
sique. John le faillitaire mal dans sa peau
devient JoAnn, businesswoman avisée qui
économise chaque cent pour racheter deux
immeubles mitoyens,yfonder un bar,s’instal-
ler dans un ancien cottage créole au plafond à
l’ancienne, en lourds panneaux de cyprès,
qu’elle sauve de la ruine de ses propres mains.
Elle pardonne le brutal outing de son ex-
femme, même hébergée un temps avec son
nouveau mari alors que le couple estàlar ue.
Le grand amour ne tardera plus:Lisa,trans et
ex-marine de l’US Navy,partage sa vie depuis
octobre 2009 et l’accompagne chaque année
rendre visiteàses petits-enfants, enVirginie,
où est stationné son fils,Jim,lui aussi militaire
dans la marine américaine.
La biographie de JoAnnGuidos tientmoins
d’une transition épanouie que d’une véritable
naissance–voire d’une étonnante cure de jou-
vence. Sur la photo de groupe du cinquan-
tième anniversaire de sa promotion,àCor
Jesu, son ancien collège catholique, seule
femme au milieu de l’assistance, elle paraît•••