Le Monde - 07.09.2019

(Barré) #1

MLemagazine du Monde —7septembre 2019


idéales. C’est le seul pays du mondedonttoutes
lesterressontsituées àplusde1400md’altitude,
d’où sonsurnom de«royaumedans leciel».
Dansle cent re du pays,sur les hauteurs de la petite
ville de Marakabeis,l’entreprise Medigrow aelleaussi
posé sesgrandesserresblanchesaumilieu desmon-
tagnes immaculées. Pour l’instant, elle en compte dix-
huit quicouvrent5000 m^2 .«Maisbientôt plus de deux
cents»,confie Relebohile Liphoto, chef desopérations
de Medigrow.Ici,3600plantsdecannabis alignéssont
entretenus par 300employés.«Ceque j’ai devant moi,
c’est tout simplement l’or vert du Lesotho,cont inue-t-il.
C’estcequi va permettre le développementdupays.»
Un or vert,ouplutôtundiamant brut.Le litred’huile
de cannabis se vend aujourd’huiune petite fortune
surlemarché,«entre 5400 et 30000euros»d’après
M. Liphoto. Medigrow pense pouvoir en produireun
mini mumdemillelitres paran. De quoi rentabiliser
rapidementles dix-sept millionsd’euros investis dans
l’infrastructure il yadeuxans.Lemarchémondial est
aujourd’huid’une valeur de 150 milliards de dollarset
devraitatteindre 272milliards de dollarsen2028,
selonlabanqueBarclays. Si bienque toutes lesfolies
sont permises. Relebohile Liphotomontredudoigt le
sommet d’unecolline. C’est àcet endroit que le pro-
chainhéliportest en construction,«pouruntransport
rapideet sécuri sé du cannabisverslacapitale
Maseru»,précise-t -il.
Jusqu’àaujourd’hui encore,leL esotho resteun
despaysles pluspauvres du monde,seclassantau
197 erang àl’indicededéveloppement humain (IDH).
Plus d’unepersonnesur deux yvit sousle seui lde
pauvret éde2dollarspar jour.Depuiscinquante ans,
leshabitants dépendentprincipalementdedeux
choses :des quelquesmines de diamants surlet erri-
toire, et de l’ argentenvoyépar lesnombreuxBasothos
partis travailler dans le smines sud-africaines.«Le
marchéducannabisemploie déjà 3000 personnes
dans le pays»,sef éliciteManthabisengPhohleli,la
vice -ministredelasanté.Ilf autdireque le gouverne-
mentn’a pashésitélongtemps au moment de légaliser
l’or vert.Pourlec ultiver, lesentreprise sdoivent payer
unelicence de 30000eurostousles ansàl’État. Pour
profiter de l’arrivéemassived’investisseurs étrangers,
Maseru avaitmême pensé àmultiplierpar dixleprixde
seslicences. Le projetafinalementavortépourlaisser
leur chanceaux petits producteurs lo caux,qui so nt
pourl’insta nt complètementexclusduboom ducan-
nabisdansleurpropreroyaume. Noé Hochet-Bodin

Pourl’inauguration del’usine britannique VerVe,au début
du mois d’août,même le roi du lesothoafait le déPlacement.
Pour rien au mondeLetsieIII ne manqueraitça:voir
le dernierfleurondel’industrieducannabis s’installer
dans sonroyaume.Verve rejointainsi unepetite
dizainedemultinationales quiont déjà im planté leurs
immensesserresdansles montagnesdu Lesotho. Le
royaume, enclavé dans l’Afrique du Sud, afaitsarévo-
lution il yadeuxans.Lamarijuana,qui poussai tilléga-
lementdansles quatrecoins du pays depuis des
siècles, aété légalisée en 2017.Ils ’agitdecannabis
CBD(ou thérapeutique), dépourvudetoutagent
psychoactif et utilis épar l’industriepharmaceutique.
Depuis, l’économie du Lesothoest en pleindéveloppe-
ment.D’immensesserresagricolesbourgeonnent
dans lecent re et le norddupays. Un laboratoireder-
niercri vientmêmed’ouvrir sesportesdanslacapi-
tale,Maseru, pourpouvoir contrôlerlaqualitédel’huile
de cannabis extraite en grandesquantités dansce
nouveleldorado. Caroui,leL esotho est un paradis
pourtoutindustriel quiveutfaire fortunedanslehas-
chisch.«Nousallons devenir lesproducteursducanna-
bismédicinallemoinscherdumonde»,assur eSam
Matekane,hommed’affaires localqui ainvestidans
l’usin eVerve.LeLesotho est stable, la lice nced’exploi-
tation yest bonmarché, le coût de la main-d’œuvre
plusqu’abor dabl eetl es conditions climatiquessont

Des employées
récoltent le can-
nabis dans les
serres de l’entre-
prise Medigrow,
le 6août dernier
àMarakabeis, au
Lesotho.

10 —Le Lesotho


en pleine montée


cannabique.


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Noé Hochet-Bodin
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