Le Monde - 07.09.2019

(Barré) #1
0123
SAMEDI 7 SEPTEMBRE 2019 économie & entreprise| 13

Un livreur Deliveroo radié après une grève


Nassim Hamidouche, accusé de vol, est l’un des chefs de file du mouvement social


C


hez Deliveroo, plate­
forme de livraison de re­
pas, la modification des
tarifs payés aux livreurs
décidée en août continue de pro­
voquer des remous. Nassim Ha­
midouche, un des leaders du mou­
vement de grèves qui a émaillé le
mois d’août, a vu son contrat de
prestataire résilié par l’entreprise.
Tout commence cet été, lorsque
Deliveroo réduit de 4,60 euros
à 3 euros (à Paris, variable selon
les villes) le prix d’une course
courte, entraînant la colère des
livreurs qui perdraient entre
30 % et 50 % de leurs revenus, se­
lon le Collectif des livreurs auto­
nomes de Paris (Clap).

Blocages
Nassim Hamidouche, qui travaille
pour Deliveroo depuis huit mois, à
raison de « 250 heures par mois,
7 jours sur 7 », organise alors des
blocages, sur la zone où il livre,
Paris Nord La Défense (PNLD),
Courbevoie, Neuilly... A Courbe­
voie se trouve une des « cuisines »
de Deliveroo, qui loue des espaces
à une quinzaine de restaurants
pour qu’ils y fabriquent leurs
plats. Le 28 août, « avec des
collègues, j’ai organisé devant la
cuisine une manifestation, vers
19 heures, contre les nouveaux ta­
rifs, indique M. Hamidouche. A
19 h 40, la cuisine fermait. » « Nas­

sim est l’un des leaders des grèves,
souligne Jérôme Pimot, un ancien
de Deliveroo, qui a cofondé le Clap.
Et comme il travaille beaucoup,
qu’il est posé, les livreurs l’écoutent.
C’est pour cela que Deliveroo s’atta­
que à lui. » Un argument réfuté par
l’entreprise. « Deliveroo respecte le
droit des livreurs à manifester ou
faire grève, assure le porte­parole.
Deliveroo ne mettrait jamais fin à
un contrat avec un livreur parce
que ce dernier participerait à une
manifestation ou ferait grève. »
Alors, quelle est la raison de la
« résiliation de [son] contrat de
prestation de service », la lettre
envoyée au livreur n’indiquant
aucun motif? Un porte­parole de
Deliveroo explique que, « à plu­
sieurs reprises », M. Hamidouche
a « indiqué avoir livré des repas à
des consommateurs qui nous ont
contactés car ils n’avaient en fait
pas été livrés (...). Les gens s’atten­

dent à ce que nous ne travaillions
pas avec des livreurs qui commet­
tent ce qui ressemble à de la
fraude ou des vols ». Pour M. Ha­
midouche, l’argument est « bi­
don. On laisse trois semaines de
préavis à un voleur? Si je suis un
voleur, que Deliveroo porte
plainte contre moi! ».

Action prud’homale
La plate­forme indique n’avoir
« pas encore décidé » de ce qu’elle
ferait. « Deliveroo n’a pas de
preuves et nous nous réservons le
droit de l’attaquer en diffama­
tion », prévient Kevin Mention,
l’avocat de M. Hamidouche. Ce­
lui­ci indique qu’il va engager
une action prud’homale « d’ici la
fin de l’année » dans le cadre
d’une demande de requalifica­
tion du contrat de prestation en
contrat de travail.
Pour M. Hamidouche, père de
quatre enfants âgés de 4 ans à
11 ans, le coup est rude. Cet ancien
chauffeur de poids lourds – « sa­

larié en CDI, 39 heures par se­
maine, 2 000 euros net par mois
plus les primes » et « jamais syndi­
qué » – avait changé de métier
pour avoir des horaires lui per­
mettant de faire des activités
avec ses enfants. « Je suis un papa
poule », sourit­il. Mais il s’est vite
rendu compte que pour pouvoir
choisir les meilleurs créneaux
chez Deliveroo, il fallait notam­
ment travailler le soir les vendre­

dis, samedis et dimanches...
« C’est un engrenage. »
En juin, il avait eu une pre­
mière déconvenue : son compte
avait été suspendu pendant
quinze jours à la suite d’une er­
reur de Deliveroo, qui l’a recon­
nue. Pour autant, sa perte de re­
venu durant cette période, soit
« 1 300 à 1 600 euros », n’a jamais
été compensée.
francine aizicovici

Cet été, Deliveroo
a réduit de
4,60 euros à 3 euros
le prix d’une course
courte à Paris,
entraînant la colère
des livreurs

Samsung relance


son téléphone pliable


Le sud­coréen reprend la commercialisation
du Galaxy Fold après un premier échec

berlin ­ envoyé spécial

A


près un lancement
avorté, Samsung a fait
l’annonce, jeudi 5 sep­
tembre, de la commercialisation,
en Corée du Sud, dès vendredi
6 septembre, du Galaxy Fold, son
modèle de téléphone pliable. Il
sera ensuite disponible dans plu­
sieurs autres pays, dont la France,
où il sortira le 18 septembre.
Fin avril, le leader du marché
mondial des smartphones avait
été contraint de renoncer à mettre
en vente le produit, moins de deux
semaines avant la date prévue. En
cause, des défaillances rencon­
trées par des primo­utilisateurs
(journalistes, blogueurs...) à qui
l’appareil avait été confié en test.
Celles­ci concernaient l’écran inté­
rieur du Fold, celui qui offre la plus
grande surface d’affichage quand
on déplie l’objet. « L’écran de mon
Galaxy Fold est complètement
cassé après seulement deux jours
d’utilisation », s’était plaint un re­
porter de l’agence Bloomberg.
Après avoir temporisé quelques
jours, Samsung avait renoncé à
maintenir la date de sortie, pour
éviter de reproduire les erreurs du
passé. En 2016, déjà, il avait dû re­
tirer de la vente son Galaxy Note 7,
trois mois après son lancement,
plusieurs exemplaires s’étant em­
brasés en raison d’un défaut de la
batterie. « Nous ne voulons pas
commercialiser un produit qui
ruine notre réputation », avait
confessé un porte­parole de la
marque, au sujet du Galaxy Fold.

Une annonce qui tombe à pic
Ce smartphone se présentait
pourtant comme l’un des télé­
phones les plus révolutionnaires
du moment, l’un des rares à ap­
porter une vraie innovation, avec
son format XXL, dans une indus­
trie en manque de renouvelle­
ments majeurs. Parmi les rares
personnes l’ayant pris en main,
issues pour beaucoup de la presse
spécialisée, beaucoup s’en étaient

entichés. Mais la complexité tech­
nique du produit n’avait pas été
assez maîtrisée.
A l’heure de ce nouveau lance­
ment, le constructeur se veut ras­
surant. « Au cours des derniers
mois, nous avons amélioré la con­
ception et la construction du Ga­
laxy Fold », promet­il dans un
communiqué. La charnière et la
couche de protection de l’écran
ont été revues. La marque pro­
pose aussi aux acquéreurs du pro­
duit, dont le prix excède les
2 000 euros, un centre d’assis­
tance disponible non­stop en li­
gne ou par téléphone.
L’annonce intervient au bon
moment, juste avant la présenta­
tion, par Apple, le 10 septembre,
de sa nouvelle génération
d’iPhone, et à un moment où
Huawei est fragilisé. Le géant de
Shenzen est mis en difficulté par
les mesures prises contre lui
par l’administration de Donald
Trump. Celles­ci pourraient, à
terme, empêcher certains parte­
naires américains majeurs de
Huawei de continuer à travailler
avec lui, à commencer par Google,
qui lui fournit son système d’ex­
ploitation (OS) Android. Obligé de
se concentrer sur des scénarios
alternatifs, dans le cas où les me­
naces américaines devaient se
concrétiser, le constructeur a dé­
cidé de repousser, une nouvelle
fois, son propre modèle de télé­
phone pliant (le Mate X) au mois
de novembre, au mieux.
Pour enfoncer le clou, Samsung
a profité de l’ouverture de l’IFA, le
salon de l’électronique, à Berlin,
jeudi 5 septembre, pour présenter
sa gamme de téléphones 5G, enri­
chie d’un nouveau modèle à prix
plus abordable. Certes, ni les télé­
phones pliables ni les appareils
adaptés à une norme de télécom­
munication tout juste balbu­
tiante ne sont appelés à un succès
immédiat. Mais, dans la bataille
de la communication, Samsung a
marqué des points.
vincent fagot

A U T O M O B I L E
PSA présente
sa stratégie chinoise
Le groupe automobile PSA
a présenté, jeudi 5 septembre,
un nouveau plan stratégique
pour remonter la pente
en Chine, visant une
meilleure rentabilité
et 400 000 véhicules
vendus en 2025 sur le plus
gros marché mondial.
Au premier semestre 2019,
les ventes de PSA en Asie
du Sud­Est, Chine comprise,
ont atteint au total
64 000 unités. – (AFP.)

T É L É C O M S
Altice lance son offre
mobile aux Etats-Unis
Altice USA, filiale américaine
de l’empire des médias
et télécoms du magnat
français Patrick Drahi,
a lancé, jeudi 5 septembre,
sa propre offre dans
le secteur du mobile
en commercialisant
un forfait soutenu par
son réseau de fibre optique
et ses infrastructures.
Cette offre s’inscrit ainsi
dans la stratégie de
Patrick Drahi de la
convergence entre le fixe
et le mobile. – (AFP.)

Des accusations de harcèlement sexuel


Le 10 août, Steve (le prénom a été changé), livreur depuis 2016,
a rompu le contrat qui le liait à Deliveroo. Parmi ses griefs,
les conditions de travail et de rémunération, mais, surtout,
comme l’a révélé Mediapart, le harcèlement sexuel qu’il subit
de la part d’un manager. Ce dernier lui aurait proposé de
« manipuler les statistiques » avant de multiplier les avances
sexuelles, explique Steve, qui a saisi les prud’hommes.
« Ce sont des allégations très sérieuses et choquantes,
qui sont contestées par le manageur », indique un porte-parole
de Deliveroo. Ajoutant que ce dernier « a été suspendu »,
qu’une « enquête interne est en cours » et que l’entreprise
mène « une politique de prévention » en la matière.

Et soudain,


tout s’explique.


ONATELLEMENT


DE CHOSESÀ SE DIRE


RTL SOIR 18 H-20H


Thomas Sotto


Photo:NicolasGOUHIER/RTL-
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