Le Monde - 07.09.2019

MLemagazine du Monde —7septembre 2019

Arlésien d’origine,l’ex-président de FranceTélévisionsPatrick de Carolis

(ici,àArles, en 2010) devait, mercredi4septembre, officialiser sa candidature,

sans étiquette, àlamairie de la capitale de la Camargue.

2—Lamétamorphose

d’Arles ouvre tous les

possibles aux municipales.

Lestaureaux,Latour et Lastar de La téLé...
Ce n’estpas Le titre d’unefabLe moderne,mais
lesingrédientsqui font de la municipale
d’Arles, 52 600habitants tout àl’ouest
desBouches-du-Rhône, unedes élections
àsuivredeprèsjusqu’enmars2020.
La star «vue àlat élé»,c’est Patrick
de Carolis.L’ancienprésidentdeFrance
Télévisions(2005-2010),auparavant
fondateurdel’émiss ion«Desracines
et desailes», devait officialiser sa candida-
ture mercredi4septembre. Rien d’incon-
grucar l’ho mmeest né àArles,etr evenait
régulièrementdanslechamp politique
de la capital edelaCamargue.Lasurprise
vientplutôtdufaitque le journaliste et
écrivain de 65ansselanceenson nom,
sansaucuneétiquette. Bi ographede
BernadetteChira cetl ongtemps proche de
la droite,Patrick de Carolis aunprofil jugé
«Macron-compatible»par certains cadres
du mouvementprésidentiel.Pourtant,
ni LesRépublicains niLa République en
marche ne devraient le soutenir,préférant
investir àlaplace deséluslocaux.
Patrick de Carolis ne se voit pascomme
un parachuté.Ilr appelleque sa mère,
«uneMounier»,porte le nomd’une
grande famillelocale et assurequ’Ar les
«villedevieillespierresafaçonné

songoûtpourlepatrimoine ».Maisil

déboule dans un cont exte très particulier

où sonstatutde«personnalitépari-

sienne»–etaccessoirementsacondam-

nation àcinqmoisdepriso navecsursis

dans un voletdel’affaireBygmalion–

hérissent quelquespoils.

CarArles n’est pasune ville commeune

autre. Terredecorridas, de traditions

provençales et de passéagricole et ouvrier,

elle aété frappéepar la désindustrialisation

et afficheaujourd’hui àlaf oisunlourd

endettementetuntauxdechômagede

11,8 %. Plus vastecommune deFrance

métropolitaine,riched’unbâtiexceptionnel

quilui vaut d’être classéeaupatrimoine

mondial de l’ humanité mais quiplombeses

finances,ellevit aujourd’huiune période

charnière.Lafind’uncycle avecledépart,

aprèstroismandats,dumaire communiste

HervéSchia vetti. Et surtoutune révolution

culturelleetéconomique qu’une partiedes

Arlésiensregarde avecméfiance.

Au pays destaureaux, le symbole de

cettemétamorphose,c’est la fameuse

tour Luma,visible àdes kilomètres à

la ronde.Lesiège dela fondationportée

par le mécène Maja Hoffmann,cohéritière

deslabor atoires pharmaceutiques

Rocheetgrande collectionneuse d’art

cont emporain,doitêtreinauguré

au printemps2020. Mais l’ombrede

cet époustouflanttotem argenté de

56 mètres signépar l’architecte star

Frank Gehry, plane, de l’ avis de tous

lescandidatsenlice, depuis longtemps

surl’électionàvenir.«Quellecommune

de 50000 habitantspeuts’enorgueillir

d’inaugurerlatourd’un prixPritzker?»

glisse,pas peufier,lec onseiller départe-

mentalcommunisteetcandidat aux

municipalesNicolasKoukas.«Cequevit

Arlesestexceptionneletc’est lerésultat

d’un projetpolitiquesouhaitéparnotre

majorité...Maisunepartiedelapopulation

aencoredumalàseprojeterdanscette

évolution»,reconnaîtl’adjointd’Hervé

Schiavetti.«Beaucoupd’entrenous

pensentqu’ilsnetrouverontplusleur

placeici »,confirmeGaëtan,serveur à

sesheuresdansles bodegas de la Feria

du Riz, quiset ient cepremierweek-end

de septembre. Commepas mal d’autres

Arlésiens, cetanciendel’école taurine

arbore un tee-shirt«EnArles,ondit

“àArles” ».Formule sibylline quimoque

la coquetterie de langageet, indir ecte-

ment, la prés ence de ceux que les

locaux surnomment«lesParisiens »,

appellationgénérique pourtoutnouveau

venu àl’accentpointu.

Cet étéàarLes, Le fLot touristiqueaété

Continu.Début juillet,19000 personnes

ontparticipé àlapremière semaine

desRencont resdelaphotographie,cin-

quantièmesdunom.Etfin2019, arènes

romaines,théâtreantique et musées

locaux auront at tiré prèsd’un million de

visiteurs.Danslaf ouléedeMajaHoff-

mann,denombreux investisseurs ontpris

pied, rach etanthôtels, villas ou apparte-

ments.«Lecentre-villeestentraindese

muséifier,avecunesaturationdeslocations

Airbnb...Lecimentqui constituelacommu-

nautéarlésiennesedélite»,s’inquiète le

candidat LesRépublicains CyrilJuglaret.

Àsix mois de l’élection municipale,per-

sonnen’a oublié que la ville aété un des

pôlestrèsactifsdelacontestationdes

«giletsjaunes»dans le sBouches-du-

Rhône. Et tout le mondegardeentêteles

32,4 %duRassemblementnational –qui

chercheencor eson candidat mais vis ela

victoireenmars2020–aux européennes.

«Ilyaunrisque defractureentreceuxqui

comprennentl’intérêtdecetteévolutionet

ceuxquidisent“onn’estpluschez nous” »,

reconnaîtl’ex-socialiste DavidGrzyb,lui

aussicandidat àlamairie. Commetousses

rivaux,lec onseiller municipal, éludepuis

1995 ,voitdanscette «économie créative»,

défenduepar Luma ou leséditionsActes

Suddel’ex-mini stre de la culture Françoise

Nyss en,unavenirpourArles...«Mais

lemariageavecl’ensembledelapopulation

resteàêtrecélébréparlesélus»,prévient-il.

Unetâche qu’à l’imagedetousles autres

candidatsdéjàdéclarés, Patrick de Carolis

rêved’endosser. Gilles Rof

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Dominique André/PHO

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