Les Echos - 09.09.2019

(Elle) #1

Les Echos Lundi 9 septembre 2019 ENTREPRISES// 17


à suivre


La cigarette électronique sur le banc


des accusés aux Etats-Unis


SANTÉ Les autorités sanitaires américaines ont recensé cinq
décès de personnes ayant utilisé des cigarettes électroniques,
tandis que plusieurs centaines de cas de maladies respiratoires
ont été enregistrées à travers le pays. Les malades avaient sou-
vent utilisé des produits contenant du THC, la substance active
du cannabis, mais pas exclusivement. Les produits contenant
du THC auraient été achetés sur le marché noir ou sur Internet.
Les autorités s anitaires conseillent de ne pas utiliser d ’e -cigaret-
tes avant les conclusions de leur enquête, sans préciser quelles
marques ni quelles substances étaient visées..


Crash du Rio-Paris : le parquet fait


appel du non-lieu général


AÉRIEN Le parquet de Paris a annoncé vendredi avoir fait appel
du non-lieu général ordonné p ar les j uges d’instruction chargés
de l’enquête sur le crash du Rio-Paris, qui a fait 228 morts en



  1. Mi-juillet, le parquet s’était prononcé en faveur d’un pro-
    cès pour le seul Air France, accusé de « négligence » et
    d’« imprudence », et pas pour le constructeur Airbus. Les juges
    n’ont pas suivi cet avis, estimant que les charges à l’encontre d es
    deux groupes, mis en examen en 2011 pour « homicides involon-
    taires », étaient insuffisantes pour justifier un procès.


sont opérationnelles, comme
des possibilités de position
dominante aux Pays-Bas, en
Suède et au Danemark, avec le
risque qu’une enquête d e
Bruxelles fasse traîner le rachat
en longueur. Mais le principal
frein fut financier.
La DB ne veut pas vendre par
appartements, et elle souhaite
retirer 4,5 milliards d’euros de
l’opération. Or, Keolis estime
plutôt la valeur d ’Arriva à
3,5 milliards. D’après une
source proche du dossier, une
partie de cet écart provient des
revenus qu’Arriva pourrait,
selon le groupe, tirer de l’ouver-
ture du marché français des
trains régionaux (TER). Un
levier que Keolis ne peut évi-
demment pas actionner.
Surtout, l’entreprise française
n’a pas les moyens de cette
acquisition. Après avoir
accepté de reprendre 35 mil-
liards de dette du système ferro-
viaire, l’Etat a assigné à la SNCF
une trajectoire financière très
stricte. L’actionnaire majori-
taire de Keolis ne peut faire gon-
fler son endettement pour
financer le rachat, même si la
Caisse des dépôts du Québec
(CDPQ), qui détient les 30 % res-
tants du capital, aurait contri-
bué en proportion.

La vente d’Effia écartée
Pour dégager les fonds, l’idée
d’une vente d’Effia, la filiale spé-
cialisée dans le stationnement,
a un temps été évoquée, puis
écartée : il s’agit d’un actif trop
important, que ce soit dans la
stratégie du groupe ou pour sa
rentabilité.
Selon nos informations,
l’option d’une montée de la
CDPQ au capital de Keolis, jus-
qu’à, pourquoi pas, devenir
actionnaire majoritaire, a éga-
lement été agitée. Ce scénario a
été retoqué par l’Agence des
participations de l’Etat. L’APE a
rappelé le caractère stratégique
de la société pour la SNCF, et le
risque, si elle en perdait le con-
trôle, de voir un concurrent se
servir des grands réseaux
urbains exploités par Keolis
(Lyon, Bordeaux, Rennes,
Lille...) comme tremplin pour
attaquer le marché des TER.
Malgré ce retrait, la DB
compte encore plusieurs ache-
teurs potentiels pour Arriva. La
presse britannique cite notam-
ment les noms des f onds
Apollo, Carlyle et Lone Star.n

Lionel Steinmann
@lionelSteinmann


Keolis, le groupe de transport
public contrôlé à 70 % par la
SNCF, n’ira pas plus loin sur le
projet de rachat de son concur-
rent Arriva. Le management
s’est fait une religion cet été, et la
décision, selon « Ville, Rail &
Transports », a été entérinée
lors du comité exécutif de ren-
trée le 2 septembre. Keolis, de
son côté, n’a pas souhaité faire
de commentaires.
La société britannique est sur
le marché depuis le printemps,
lorsque son propriétaire, la
Deutsche Bahn (DB), a décidé de
la vendre pour financer ses
investissements dans le système
ferroviaire allemand. Une cible
tentante : présente dans 14 pays,
forte d’un chiffre d’affaires de
5,4 milliards d’euros l’an dernier
avec 53.000 salariés et 2 mil-
liards de passagers par an,
Arriva est l’un des ténors euro-
péens du transport par bus et
par train. Sa rentabilité opéra-
tionnelle, avec un excédent brut
d’exploitation (Ebitda) de
575 millions l’an dernier, est
l’une des plus élevées du secteur.
« C’est un dossier qu’on ne peut
pas ne pas regarder », résumait
mi-juillet Guillaume Pepy, le
patron de la SNCF, qui s’est beau-
coup investi sur ce sujet.
Mais les difficultés sont rapi-
dement apparues. Certaines


TRANSPORT


L’opérateur
français, contrôlé
à 70 % par la SNCF,
a étudié le dossier
cet été, avant
de renoncer.


Le prix demandé
par la Deutsche
Bahn pour sa filiale
britannique est jugé
trop élevé.


Keolis renonce


à racheter son


concurrent Arriva


de sauvetage visant d ’abord à
réduire drastiquement les coûts, et à
tenter de relancer les ventes ensuite.
La coentreprise DPCA va, dès cette
année, abaisser son seuil de rentabi-
lité sous les 180.000 véhicules, puis
sous 150.000 unités d’ici 2021. Pour
cela, le constructeur indique vouloir
« consolider ses ressources manufac-
turières », se débarrasser de ses usi-
nes sous-utilisées et améliorer son
efficacité opérationnelle.
PSA, qui a perdu plus de 300 mil-
lions d’euros dans le pays l’an der-
nier, travaille depuis des années
avec son partenaire pour réduire
fortement son point mort financier.
Les négociations n’ont pas été faci-
les avec Dongfeng. DPCA, qui
emploie 8.000 personnes, pourrait
finalement supprimer plusieurs
milliers de postes et se défaire de
deux de ses quatre u sines c hinoises.
En ajoutant l’usine de Shenzhen,
codétenue avec le chinois Changan
(pour la marque DS), la capacité de
production cumulée de PSA en

Chine est actuellement de 1,2 mil-
lion de véhicules à l’année, selon le
cabinet IHS. Or seuls
250.000 engins y ont été produits
par le constructeur l’an dernier...

Lancement de 14 nouveaux
modèles
Garantissant ne pas vouloir sortir
du marché chinois, PSA s’e st assi-
gné des objectifs de ventes bien plus
modestes que par l e passé : il vise les
250.000 unités vendues d’ici à 2 021
et 400.000 unités en 2025. Dong-
feng Peugeot prévoit de lancer
14 nouveaux modèles au cours des
trois prochaines années en Chine.
Et met le cap sur l’électrique : après
2020, chaque n ouveau modèle aura
une version électrique – c’est incon-
tournable sur le premier marché
mondial.
Le groupe dirigé par Carlos Tava-
res lorgnait initialement un million
d’unités vendues par an à l’horizon


  1. Avec plus de 742.000 véhicu-
    les écoulés en 2014, il semblait


d’ailleurs sur la bonne voie. Mais,
depuis, c’est la descente aux enfers :
ventes en recul de 1 % en 2015, –16 %
en 2016, –37 % en 2017, –34 % en
2018... Au premier semestre 2019,
les ventes en Asie du Sud-Est, Chine
comprise, ont atteint 64.000 unités,
soit quasi 100.000 véhicules de
moins qu’au premier semestre de
l’an dernier. Une goutte d’eau dans
un marché chinois qui avoisine les
28 millions d’unités par an.
Cette tentative de relance inter-
vient dans un contexte difficile sur
le premier marché automobile
mondial. Le marché chinois s’est
contracté l’an dernier pour la pre-
mière fois depuis les années 1990 et
devrait encore se replier de 5 %
cette année. Pour ne pas dépendre
de son avenir dans le domaine des
voitures particulières neuves, PSA
cherche à se diversifier, poussant
les feux vers les véhicules d’occa-
sion, les pièces détachées et l es véhi-
cules utilitaires – là où la concur-
rence serait moindre.n

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Àvous


lesmanettes


de l’économie!


Frédéric Schaeffer
@fr_schaeffer
—Correspondant à Pékin

C’est un remède de cheval qu’entend
s’administrer PSA pour tenter de
sortir de l’ornière en Chine. Alors
que ses ventes décrochent mois
après mois depuis bientôt cinq ans,
le constructeur français et son par-
tenaire chinois Dongfeng ont
dévoilé les grandes lignes d’un plan

AUTOMOBILE


Le constructeur
français et son parte-
naire chinois Dong-
feng engagent une
lourde restructuration
pour abaisser le seuil
de rentabilité
à 180.000 véhicules
dès cette année.

Le plan choc de PSA pour


sortir du rouge en Chine


L’usine PSA-Dongfeng de Chendu. PSA, qui a perdu plus de 300 millions d’euros dans le pays l’an dernier. Photo Shepherd Zhou/Utuku/RÉA

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MILLIARDS D’EUROS
C’est le poids de la dette
ferroviaire de la SNCF,
actionnaire majoritaire
de Keolis.

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