ÉCOUTE 11 · 2019 19
(^) | SPÉCIAL LANGUE FRANÇAISE
Les Français fâchés avec le français
Le niveau de langue des Français dimi-
nue depuis 20 ans. Chaque année, ils
font de plus en plus de fautes dans les
dictées. On a d’abord pensé que le « lan-
gage SMS » était responsable. Mais une
étude récente a prouvé que les textos n’y
étaient pour rien. Les élèves qui n’ont pas
de téléphone portable ne font pas moins
de fautes que ceux qui en ont. Plusieurs
explications sont avancées : programmes
scolaires trop chargés, manque d’activités
écrites en classe, manque d’incitation à la
lecture par les parents et enfin, échec des
politiques d’apprentissage de la langue.
Certains experts relativisent ces constats
en expliquant que les erreurs sont plus
visibles car de nos jours, tout le monde
écrit. Ce problème n’est pas limité aux
jeunes : l’illettrisme, c’est-à-dire la grande
difficulté à lire et écrire même après avoir
été scolarisé, touche 2,5 millions de Fran-
çais entre 18 et 65 ans, soit environ 7 % de
la population.
Le français face à l’anglais
Certains linguistes déplorent l’utilisation
d’anglicismes. Une habitude souvent
pratiquée par le monde de l’entreprise.
On parle de « planning », de « challenge »
alors qu’« emploi du temps » et « défi »
existent déjà. Les Français sont même
spécialistes des faux anglicismes, ces
mots « franglais » qui font sourire les
vrais anglophones : le footing, le pres-
sing, le baby-foot... Pourtant, des institu-
tions veillent sur la langue de Molière :
le Bureau de la traduction au Québec et
l’Académie française en France. Leurs
propositions rencontrent rarement du
succès dans la langue quotidienne. On
dit ainsi « twitter » et « hashtag » au lieu de
« gazouiller » et « mot-dièse ».
La bataille de l’écriture inclusive
La langue française est-elle injuste en-
vers les femmes? C’est ce que pensent
les partisans de l’écriture inclusive, qui
proposent d’améliorer l’égalité, au moins
linguistique, entre les hommes et les
femmes. Pour cela, on féminise les noms
de métiers quand ils sont occupés par
des femmes (« ingénieure », « autrice »...)
et on emploie des mots plus neutres
(« droits de l’humain » au lieu de « droits
de l’homme »). Enfin, quand on parle d’un
groupe de personnes des deux sexes, on
fait maintenant apparaître le féminin par
un « e » entre deux petits points, appelés
« points médians » : les « étudiant·e·s » au
lieu de « étudiants ».
Le français hors de France
Aujourd’hui, il y a environ 300 millions
de francophones dans le monde. C’est
10 % de plus qu’en 2014. Le français est
la langue officielle, seule ou avec d’autres
langues, dans 32 pays. Ce sont souvent
d’anciennes colonies : Madagascar, le
Sénégal, la Côte d’Ivoire... La moitié
des francophones habitent d’ailleurs en
Afrique. Et d’après les estimations, en
2050, du fait du taux de natalité élevé de
ce continent, environ 85 % des franco-
phones seront africains. Déjà, en 1988,
dans son ouvrage Nouveau discours sur
l’universalité de la langue française, l’écri-
vain Thierry de Beaucé expliquait que
le français était en train de devenir une
langue franco-africaine. Une langue qui
contient parfois de jolies expressions,
uniquement utilisées en Afrique, comme :
« avoir la bouche sucrée », qui s’utilise
pour dire de quelqu’un qu’il aime flatter.
Certains linguistes s’inquiètent de cette
africanisation de la langue. D’autres, au
contraire, affirment qu’une langue doit
être métissée. Le ministère de la Culture
est d’ailleurs en train de créer un diction-
naire numérique collaboratif, Le Diction-
naire des francophones, recensant toutes les
expressions francophones.
fâché,e avec
, auf Kriegsfuß mit
récent,e [ʀ es,t]
, neuere,r,s
le texto [tɛksto]
, die SMS
n’y être pour rien
, nichts damit zu
tun haben
le téléphone portable
, das Handy
avancer
, vorbringen
le programme scolaire
, der Lehrplan
trop chargé,e
, übervoll
le manque d’incitation
, der mangelnde Anreiz
l’échec [leSɛk] (m)
, das Scheitern
le constat
, die Feststellung
l’illettrisme (m)
, der Analphabetismus
être scolarisé,e
, eine Schule besuchen
toucher
, betreffen
déplorer
, bedauern
le défi
, die Herausforderung
le footing [ftiŋ]
, das Joggen
le pressing [pʀesiŋ]
, die Reinigung
le baby-foot [babifut]
, das Tischfußballspiel
veiller [veje] sur
, aufpassen auf
la bataille [batAj]
, der Streit
l’écriture (f) inclusive
, die gendersensible
Sprache
le partisan [paʀtiz]
, der Befürworter
Le français,
une langue vivante
occuper
, hier: ausüben
le point médian
[pwmedj]
, der Mittelpunkt
le francophone
, der Französisch-
sprachige
l’estimation
[lɛstimasj] (f)
, die Schätzung
du fait de [dyfɛtdə]
, wegen
le taux de natalité
, die Geburtenrate
flatter
, schmeicheln
affirmer
, behaupten
métisser
, mischen