ÉCOUTE 11 · 2019 61
(^) | PARIS
Fotos: Baptiste Fenouil, Valentine Vermeil, Romain Beurrier/REA/laif (3); Cecile Marion/Alamy Stock Photo (1)
l’abri (m) de fortune
, die Notunterkunft
aseptisé,e [asɛptize]
, steril
l’atelier [latəlje] (m)
,^ der Workshop
le bricolage
, das Basteln
cultiver
, pflegen, bestellen
contemporain,e
[ktpOʀ,ɛn]
, modern
l’ADN [ladeɛn] (m, acide
désoxyribonucléique)
, die Desoxyribonuklein-
säure (DNA)
fondé,e
, gegründet
la sauvegarde [sovgaʀd]
, der Erhalt
le transport en
commun [ kOm]
, das öffentliche
Verkehrsmittel
saturé,e
, überlastet
le réseau [ʀ ezo]
, das (Schienen)Netz
équiper
, hier: fahren auf
la parenthèse
, hier: die Oase
la bulle
, die Blase
le vidéaste
, der Videofilmer
le jardin partagé
, der Gemeinschafts-
garten
la piste cyclable [siklabl]
, der Radweg
le tronçon
, der Abschnitt
- Abris de fortune sur
la Petite Ceinture dans le
13 e arrondissement - Jardins écologiques
créés par l’associa-
tion Halage dans le
17 e arrondissement - La Petite Ceinture attire
de nombreux artistes
de rue, comme ici dans le
18 e arrondissement - Piste pour coureurs
et promeneurs près de
la place Balard, dans le
15 e arrondissement
transformations ne sont pas toujours du goût des
utilisateurs. L’artiste Nobad, par exemple, critique
ce qui a été réalisé dans le 15e arrondissement :
« C’est devenu un lieu aseptisé. C’est normal et juste
d’aménager les lieux pour les personnes à mobilité
réduite, mais l’endroit a perdu de son identité. » La
Mairie de Paris a annoncé l’ouverture de 6,5 kilo-
mètres de promenades supplémentaires d’ici 2020.
Gares : un nouveau départ
Des 36 gares de la Petite Ceinture, il n’en reste plus
que 16. Après l’arrêt du trafic des passagers en 1934,
elles ont connu des destins différents : commerces, ci-
néma, restaurants, bureaux pour la SNCF, logements,
ateliers d’artistes, réutilisation pour le RER C...
Aujourd’hui, dans le 16e arrondissement, les gares
de Passy-la-Muette et d’Auteuil-Boulogne sont
devenues des restaurants chics. La gare du Pont
de Flandre, dans le 19e arrondissement, est quant à
elle un club de jazz. La Mairie de Paris veut faire de
ces anciennes gares des lieux d’un genre nouveau,
comme la Recyclerie, ouverte en 2013 dans l’an-
cienne gare du boulevard Ornano, dans le nord de la
ville. Ce restaurant écologique organise des ateliers
de réparation et de bricolage. Les jardins, le long de
la voie, sont cultivés par les enfants des écoles du
quartier. Depuis le printemps dernier, la gare de
Montrouge- Ceinture abrite Le Poinçon, un espace
contemporain où ont lieu des débats de citoyens, des
rencontres culturelles et des expositions.
Conserver l’ADN ferroviaire
Fondée en 1993, l’association pour la sauvegarde de
la Petite Ceinture défend les fonctions historiques
de l’infrastructure : « La Petite Ceinture n’est pas un
décor, mais un socle pour construire des animations,
comme par exemple des trains de découverte. À l’ave-
nir, elle pourrait aussi servir à nouveau au transport
de passagers », soutient Stéphane Dos Santos Silva,
secrétaire général de l’association. Puisque les trans-
ports en commun de Paris sont souvent saturés,
pourquoi ne pas connecter l’ancienne ligne au réseau
actuel? Cela permettrait de mieux desservir certains
quartiers de la capitale.
Dans les années 1990, la Petite Ceinture a servi
de base de test pour les trains automatiques qui
équipent actuellement la ligne 14 du métro de Paris.
D’après Stéphane Dos Santos Silva, cette ceinture a
donc encore un rôle à jouer dans le transport : « Pour
nous, elle est un laboratoire d’essais technologiques
des nouvelles mobilités de demain. »
Quel avenir pour la Petite Ceinture?
« Une continuité rare dans Paris », « des paysages
étranges », « grand corridor vert », « une perspective
de voyage », « une parenthèse dans la grande ville »,
« une bulle » : voilà comment les habitants quali-
fient la Petite Ceinture. Tous les Parisiens aiment
cette dernière, mais tous ne sont pas d’accord sur
son devenir. Willfrid Duval, vidéaste urbain qui a
beaucoup filmé l’endroit, résume la situation : « Il y a
les nostalgiques qui demandent qu’elle redevienne
un moyen de transport. Il y a ceux qui l’utilisent
comme un espace de liberté. Il y a la nécessité de
garder des espaces verts intacts pour la biodiversité.
De l’autre côté, il y a les intérêts de la municipalité. Et
puis il y a les résidants du quartier qui ne veulent pas
qu’elle soit ouverte, car ils ont peur qu’il y ait trop de
monde ensuite. C’est un équilibre quasi impossible
à trouver! »
La Mairie de Paris choisit d’écouter les citoyens.
Les habitants et les associations de quartier ont plein
d’idées : des jardins partagés, des pistes cyclables, des
espaces réservés à la végétation, des promenades, des
lieux pour se rencontrer... Des idées qui commencent
à prendre forme et grâce auxquelles la Petite Cein-
ture s’ouvre lentement au grand public, un tronçon
après l’autre. Les intéressés pourront boire un verre
et s’amuser sur les rails qui seront ouverts tous les
samedis et dimanches jusqu’au 27 octobre près de
la porte de Saint- Ouen, dans le 18e arrondissement.
À part quelques puristes qui regretteront que la
Petite Ceinture ne soit plus leur repaire secret, les
Parisiens et les touristes se réjouissent d’avoir accès
à quelques kilomètres de ce « grand corridor vert » au
milieu de la grisaille.