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LE RAP
FRANCOPHONE
Gestern noch wurde der Rap in Frankreich von oben herab
behandelt. Heute steht er im Mittelpunkt und ist in allen Medien
vertreten. Rückblick auf die Veränderungen eines Genres, das in
der französischen Musiklandschaft noch eine Sonderstellung hat.
FACILE
CAMILLE LARBEY,
journaliste indépen-
dant originaire de
Charente, est corres-
pondant à Paris pour
Écoute depuis août
2011.
Aujourd’hui, le rap s’est donc imposé sur
la scène musicale. Au point de devenir
presque intouchable. Certains reprochent
aux médias de ne plus oser dire du mal des
albums de rap quand ils sont de mauvaise
qualité. La faute aux liens étroits entre les
journalistes et les attachés de presse, et
peut-être à la surproduction d’albums
qui ne permet pas d’avoir un recul néces-
saire pour la critique. Le rap francophone
serait-il victime de son succès? Il reste
malgré tout associé à l’image des quartiers
où il s’est développé. Aux Victoires de la
musique, le rap est classé dans la catégorie
« musique urbaine », une manière de dire
que ce n’est pas de la « chanson française ».
Pourtant, en écoutant des artistes comme
Gaël Faye, Eddy de Pretto ou Roméo
Elvis, impossible de dire s’il s’agit de rap
ou de chanson. Les deux, certainement.
E
n 2014, le directeur de Sky-
rock, une radio spécialisée
dans le hip-hop, publie Le
rap est la musique préférée des
Français, aux éditions Don Quichotte. Les
chiffres lui donnent raison. En France, les
artistes les plus écoutés en 2018 – tous
genres confondus – sur les plateformes
de streaming (Spotify, Deezer) sont entre
autres Booba, Soprano et Maître Gims
(voir photo ci-dessous). Des rappeurs
qui chantent en langue française. Ce
succès dépasse les frontières : en 2019, le
duo PNL est devenu le premier groupe
de rap français à intégrer le classement
des 30 morceaux les plus écoutés au
monde sur Spotify. Au début des années
1990, NTM, IAM et MC Solaar faisaient
sortir le rap français de l’underground.
Aujourd’hui, ce genre musical est ultra
populaire. « Le rap est la nouvelle pop »,
résume JoeyStarr, du groupe NTM.
Plusieurs raisons expliquent ce succès.
D’abord, les jeunes ayant découvert le rap
durant leur adolescence dans les années
1990, occupent aujourd’hui des postes
importants dans les médias, les salles
de concert ou les labels de musique, et
peuvent ainsi soutenir pleinement ce
genre musical L’écriture aussi a changé.
Avant, les paroles s’adressaient aux jeunes
de 15 à 20 ans. Désormais, les artistes
comme Orelsan s’adressent à l’ensemble
de la société. Enfin, la particularité du rap
francophone est d’être représenté par
beaucoup d’artistes originaires d’Afrique.
Les différentes cultures du continent
permettent ainsi de renouveler le genre.
Maître Gims, par exemple, chante sur de
la rumba congolaise. Il y a dans les paroles
moins d’anglicismes qu’avant et plus
d’expressions africaines.
la faute à
, Schuld daran ist
le lien [lj]
, die Verbindung
étroit,e
, eng
la surproduction
, die Überproduktion
le recul [ʀəkyl]
, der Abstand
associé,e à
, verbunden mit
les Victoires (f/pl)
de la musique
, frz. Musikpreis-
verleihung
certainement
, sicherlich
confondu,e
, zusammengenommen
dépasser
, überschreiten
intégrer
, aufgenommen werden
le morceau
, das Stück
faire sortir
, herausholen
l’adolescence (f)
, die Jugend
soutenir [sutniʀ]
, unterstützen
s’adresser à
, sich wenden an
désormais [dezOʀmɛ]
, heutzutage
la particularité
, die Besonderheit
renouveler [ʀənuvle]
, erneuern
au point de [opwdə]
, so sehr, dass
intouchable
, unantastbar
reprocher qc à qn
, jm etw. vorwerfen
oser [oze]
, wagen
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ÉCOUTE 11 · 2019 67
Foto: AnthonyGhnassia/SIPA/action press