Le Soir Magazine Du 23 Août 2019

(Martin Jones) #1

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Voyage Soir mag


cienne cité perse, Boukhara fut pendant
des siècles un centre économique et cultu-
rel majeur de l’islam. Ses magnifiques mo-
numents et ses quartiers animés en font
une cité riche et attachante. Il paraît qu’on
la surnommait « la ville sainte aux 360
mosquées ». Cœur de la cité, voici Liab-i-
Khaouz, le bassin central entouré de mé-
dersas avec leurs superbes coupoles. À dé-
couvrir à toute heure du jour ou en soirée
quand elle rayonne de mille feux. Non loin,
quelques échoppes et bazars. En conti-
nuant la visite à pied, voici l’ensemble Poy
Kalon, sa médersa, sa mosquée et son mi-
naret de 48 mètres de hauteur. Juste avant,
vous découvrirez une impressionnante for-
teresse comme on en voit rarement : Ark.
Son architecture étrange la fait ressembler
à un immense vaisseau de pierre échoué.
Voici le mausolée Ismaïl Samani puis Tchor
Bakr, la nécropole et enfin Sitori-i-Mokhi-
Khoza qui signifie « Palais de la lune et des
étoiles », résidence des émirs lors des étés
torrides... Après ces découvertes, il est
temps de boire un thé au cœur du premier
marché pour y écouter et voir palpiter la vie
de tous les jours, se laisser bercer par les
musiques et les senteurs de l’Orient.

SAMARCANDE LA GRANDE
S’il est bien un nom qui fait rêver les voya-
geurs, c’est Samarcande. La magie de ce
mot a traversé les siècles et ensorcelle tou-
jours les visiteurs. Nous ne sommes pas
loin de la frontière orientale du pays, aux
confins du Tadjikistan. Samarcande, qui si-
gnifie « ville de la rencontre », raconte une
histoire brillante. Et rappelle qu’elle fut
également une étape phare le long de la
Route de la Soie. Les trois immenses mé-
dersas du « Régistan » sont universelle-

ment connues et font l’admiration des
voyageurs depuis plus de cinq siècles. Avec
leurs magnifiques coupoles bleues et leurs
immenses frontons aux brillantes mo-
saïques, ces édifices évoquent la capitale de
Tamerlan (ou Timour 1336-1405), guerrier
et unificateur de l’Asie centrale. La méder-
sa d’Ulugh Beg (son petit-fils) se trouve à
côté de celle de Cher-Dor (des Lions) et en
face de celle de Tilla-Qari (dorée)... Quant
à l’imposant Gour Emir qui est la tombe de
Tamerlan, voilà un défi architectural pour
ce début du XVesiècle qui a inspiré nombre
d’architectes, dont celui du Taj-Mahal, pa-
raît-il. Tout proche, l’observatoire astrono-
mique témoigne que la ville fut à la fois un
centre scientifique et artistique. Né en
Perse, le poète et génial mathématicien
Omar Khayyam (1048-1131) y vécut la moi-

tié de sa vie. Ses nombreux quatrains philo-
sophiques et empreints d’humour, de rési-
gnation et de... bon vin, sont étonnants
d’ouverture d’esprit et de subversion. Ils té-
moignent de l’islam modéré des Ouzbeks.
Comme souvent en Ouzbékistan, le visiteur
a l’impression d’être un peu en Chine...
Puis une musique aux sonorités indiennes
ou turques le surprend tandis que les ins-
criptions cyrilliques russes sur les pan-
neaux dansent avec la poésie coranique. La
langue ouzbèque mélangée d’intonations
russes fait le reste. C’est la magie de ce
puzzle géographique de langues et de
peuples qui agit. Un puzzle appelé Asie
centrale qui s’assemble très lentement. Et
doit s’apprécier sans modération...
Éric Valenne

Samarcande est d’une beauté à couper le souffle... E. V.

A Boukhara : la médersa d'Abdoulaziz-Khan.E. V.
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