11Comme d’habitude...
Par Olivier Pascal-Moussellard
de la population locale, réclamer ce qui lui est dû? Mais
comment ne pas être aussi inquiet, voire angoissé, pour les
manifestants? Car en 1956, en 1968 et en 1989, le Parti s’est
montré implacable dans son châtiment. Certes, la Chine de
Xi Jinping, cocktail passablement écœurant de commu-
nisme dur et de capitalisme effréné, n’est pas l’Union sovié-
tique de Khrouchtchev et de Brejnev. Mais certaines règles
d’airain des dictatures communistes ne changent pas,
comme l’impérieuse nécessité de prouver aux yeux d’un
monde politique pétrifié — et bien sûr de la population lo-
cale — que rien ni personne ne saurait remettre en cause
l’autorité du Parti sur le pays. Au moment d’écrire ces lignes,
personne ne peut prédire le dénouement de ce terrible
face-à-face. Mais l’Histoire n’invite pas à l’optimisme •
Il y a soixante-trois ans, à Budapest, le peuple
hongrois chassait les dirigeants communistes au
pouvoir et commençait à introduire plus de
liberté, de droits et de justice dans le pays. Quel-
ques semaines plus tard, les tanks soviétiques écrasaient
l’insurrection dans le sang. Douze ans après, c’est le peuple
tchécoslovaque qui, le temps d’un printemps, voyait fleurir
à Prague l’espoir d’un socialisme à visage humain. Quelques
mois plus tard, le « grand frère » russe arrachait sans pitié
ces fleurs tout juste écloses. Il y eut encore les massacres de
Tian’anmen, en 1989. Et aujourd’hui, tous les regards sont
tournés vers Hongkong, où une jeunesse joyeuse, coura-
geuse et majoritairement non violente a « pris » la rue pour
exiger le respect de l’engagement de Pékin lors de la rétro-
cession de l’île à la Chine par le Royaume-Uni, en 1997 :
maintenir pendant cinquante ans les lois alors en vigueur à
Hongkong. Comment ne pas être admiratif de la façon dont
ce mouvement sans leaders et sans armes a su, avec l’appui
Des véhicules de
l’armée chinoise
près du stade
de Shenzhen,
face à Hongkong,
le 16 août 2019.Premier Plan
Thomas PeTer/reUTers
Télérama 3632 21 / 08 / 19