Cinéma
Haut perCHés
Olivier DuCastel et JaCques martineau
,
Dénoncer un harcèlement
sexuel ou moral, ne plus
taire ce qu’on a subi : autour
de ce surgissement de la parole des
victimes, victoire du mouvement #Me-
Too, le duo Ducastel-Martineau a ima-
giné un huis clos réunissant cinq
jeunes gens, dont une femme, qui ont
été manipulés et abusés par le même
homme, devenu leur bête noire... Du
besoin de confession au désir de ven-
geance, il n’y a qu’un pas : dans l’ap-
partement où se prépare un dîner, le
coupable est présent aussi, enfermé
dans une chambre. Libre à chacun
d’en pousser la porte pour régler ses
il a cédé la place à sa partenaire de La
Maman et la Putain, Françoise Lebrun.
Houellebecq pleure, bouleversant,
en évoquant sa volonté de retrouver
au ciel sa grand-mère, et Depardieu,
après une séquence d’enveloppement
à la boue, se transforme en un élé-
phantesque superhéros, nu sous une
cape en plastique. Ils disent n’importe
quoi ou de grandes vérités. Ils sont
l’envers du monde (du spectacle), sa
préhistoire, ou sa fin. A la fin de son
Enlèvement, l’écrivain avouait : « Je
crois plus trop à la vie. » Thalasso est un
film de zombies. Mais Guillaume Ni-
cloux en fait aussi une fascinante expé-
rience de détox existentielle.
— Guillemette Odicino
CONTRE
;
Le début promet beaucoup.
Tout chez Houellebecq (son
visage, son corps, sa littéra-
ture) est tellement aux antipodes de la
santé que le suivre en cure de thalasso
produit aussitôt un effet burlesque. Le
voir râler en chambre de cryothérapie,
lorgner le vin (en vitrine) qui lui est in-
terdit, subir le jet d’eau puissant et se
traîner en peignoir procure un plaisir
joyeusement pervers. Il y a chez lui un
côté performeur sans qu’il ait à faire
quoi que ce soit : il lui suffit d’être là.
Bonne idée aussi que la rencontre,
dans cet enfer du bien-être, avec De-
pardieu, peu connu pour son hygiène
de vie. Hélas, au lieu de progresser
avec ces deux phénomènes qu’il a dé-
jà filmés l’un et l’autre, Guillaume Ni-
cloux revient en arrière, rappelant les
pieds nickelés de L’Enlèvement, de Mi-
chel Houellebecq, pour une intrigue
mystico-loufoque assez vaseuse. L’ac-
tion tourne en rond, le grotesque se
teinte d’humour beauf, et la part fu-
nèbre n’est guère perturbante. L’expé-
rience limite, chère à cet étrange labo-
rantin du cinéma qu’est Guillaume
Nicloux, vire cette fois au pétard
mouillé. — Jacques Morice
| France (1h33) | Scénario : G. Nicloux.
Avec Michel Houellebecq, Gérard
Depardieu, Maxime Lefrançois, Mathieu
Nicourt, Luc Schwarz, Daria Panchenko.
comptes, à l’abri des regards. La ten-
sion se dissout parfois dans un exer-
cice de style artificiel. Mais le film sé-
duit par sa façon juvénile de jouer avec
le feu en gardant une touche ludique.
— Frédéric Strauss
| France (1h30) | Avec Manika Auxire,
Geoffrey Couët, Simon Frenay.
,
On aime un peu
N
Beaucoup
B
Passionnément
.
On n’aime pas
Télérama 3632 21 / 08 / 19
4SEPTEMBRE
un film de
ZABOUBREITMANetÉLÉA GOBBÉ-MÉVELLEC
Unepépite.
TÉLÉRAMA
A voird’urgence.
ELLE
Une merveille.
LEPARISIEN
adapté duromande
YASMINAKHADRA
© LES ARMA
TEURS – MELUSINE PRODUCTIONS – CLOSE UP FILMS - ARTE France Cinéma - RTS - KNM 2018
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