Télérama Magazine N°3632 Du 24 Août 2019

(coco) #1

50


Christophe

offret/UnitÉ de

prodUC

tion | L

Ux-Champs-eL

ysÉes

La dame aux deux visages


Elevée entre la Grande-Bretagne et la France, l’Ecossaise Freya Mavor, découverte dans Skins, a l’art de conjuguer


les contraires, aimable et détestable à la fois. Elle est à l’affiche de la première série de Guillaume Nicloux, sur Arte.


Fiction


Pour reconquérir
Freya Mavor,
Gaspard Ulliel ne
voit qu’une solution :
remonter le temps.

maturge James Bridie, fille d’universi-


taires spécialistes de la littérature et de


l’opéra, elle est devenue actrice


presque par hasard. a 16 ans, lycéenne


à edimbourg, elle tente sa chance au


casting de la série Skins. et devient pour


deux saisons mini mcguinness, une


adolescente hargneuse, rebelle et pau-


mée, « mon opposé absolu, donc la meil­


leure des écoles d’interprétation », se re-


mémore-t-elle dans un français parfait,


le visage illuminé par un large sourire.


assez pour se convaincre qu’elle veut


en faire son métier. elle décroche alors


son premier rôle au cinéma, dans Sun­


shine on Leith (2013), une comédie mu-


sicale de dexter Fletcher (Rocketman).


elle n’a que 19 ans, et une furieuse


envie de bouger. elle repasse de l’autre


côté de la manche. « Paris était un film


dans lequel je voulais vivre, me balader


en bord de Seine, tomber amoureuse,


lâche-t-elle avant de poursuivre, plus


sérieuse : je pensais aussi entretenir ain­


si ma dualité. » Formée à la mode britan-


nique académique, pleine de prépara-


tions et de répétitions, elle s’inscrit à


l’ ecole du jeu, une formation qui « ex­


plore l’émotion par le mouvement et


cultive l’intuition ». Commence un long


travail pour s’acclimater en France. « Je


me sens plus vulnérable quand je joue en


français, reconnaît-elle. Ce n’est pas ma


Hiver 2017. a quel-


ques semaines du


début du tournage,


guillaume Nicloux 1


cherche encore la


tête d’affiche féminine de sa première


série, Il était une seconde fois, un thril-


ler fantastique et romantique. gaspard


ulliel, qu’il retrouve au lendemain du


film Les Confins du monde, lui parle de


Freya mavor, une jeune ecossaise qu’il


a repérée dans La Dame dans l’auto


avec des lunettes et un fusil, l’adapta-


tion du roman de sébastien Japrisot


par Joann sfar. « Elle dégageait quelque


chose d’évanescent, une forme de folie


vaporeuse qui collait bien à l’univers de


Guillaume », se souvient-il. elevée entre


glasgow et La Rochelle, mavor semble


en effet parfaite pour incarner Louise,


jeune Britannique installée à Bordeaux,


que son ancien compagnon, vincent


(ulliel), va tenter de reconquérir en vo-


yageant dans le temps. L’actrice et le


réalisateur se rencontrent dans un café


londonien, et guillaume Nicloux per-


çoit en elle « quelque chose de mystérieu­


sement émouvant, une capacité à être à


la fois aimable et détestable, un grand


écart dont j’avais besoin », se souvient-il.


Freya mavor, aujourd’hui 26 ans, a


déjà presque une décennie de carrière


derrière elle. arrière-petite-fille du dra-


culture ni mes références. Ici, je suis


adoptée, alors qu’en Angleterre je suis


chez moi. » elle fait une apparition dans


les pastilles Casting(s), de Pierre Niney


sur Canal+, de 2013 à 2015 — « J’y retrou­


vais un peu de l’humour de mes séries


anglaises préférées, c’était rassurant. »


en 2015, Joann sfar la ramène au ci-


néma en faisant d’elle une figure lyn-


chienne, « femme qui se rêve fatale »,


dans La Dame dans l’auto avec des lu­


nettes et un fusil. entre deux apparitions


dans Ils sont partout, d’Yvan attal, et


Cézanne et moi, de danièle Thompson


(2016), Freya mavor continue de faire


des allers-retours entre la grande-


Bretagne et la France, où elle travaille


par deux fois avec John malkovich au


théâtre, dans sa mise en scène de


Good Canary, de Zach Helm, puis à ses


côtés dans la minisérie ABC contre


Poirot, diffu sée au printemps dernier


sur Canal+. elle prépare une nouvelle


série coproduite entre l’angleterre et


les etats-unis. une occasion de se faire


un nom outre-atlantique tout en gar-


dant un pied en europe. et de confir-


mer qu’elle n’est jamais aussi à l’aise


qu’en grand écart entre deux mondes.


— Pierre Langlais


1 Son nouveau film, Thalasso, avec Gérard


Depardieu et Michel Houellebecq, sort en


salles cette semaine (lire critique page 42).


T
Il était une
seconde fois
saison 1
Jeudi 20.55 Arte

Télérama 3632 21 / 08 / 19
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