Télérama Magazine N°3632 Du 24 Août 2019

(coco) #1
56

tnt câble | satellite


y 13.25 UshuaïaTV Documentaire

Les Hyènes de Harar


| Documentaire de Christophe Abegg
et Maurice Dubroca (France, 2015)
| 55 mn. Rediffusion.
Le ballet, immuable, se reproduit chaque
soir. Dès que la nuit s’abat sur le Grand
Rift, les hyènes surgissent de l’ombre,
cortège de silhouettes dansant sur les
remparts pluricentenaires de la ville de
Harar, où des ouvertures ont été percées
à leur intention, pour converger vers la
maison de Youssouf. Le festin quotidien
peut commencer. Voilà des années que le
cultivateur a endossé le rôle de père nour-
ricier, inventé jadis par les Harari pour
apaiser l’appétit des clans et garantir la
survie du bétail. « Un jour, j’ai acheté de la
viande pour les hyènes et je la leur ai don-
née. Je suis rentré, j’ai fermé la maison et je
suis allé dormir. Le matin, le bétail et les

y 22.25 Série Club Série

Real Humans


| Série créée par Lars Lundström (Akta Människor, saison 2, 1 à 5/10, Suède, 2013) | 5 × 55 mn. VM.
Rediffusion | Avec Marie Robertson, Lisette Pagler, Josephine Alhanko, Leif Andrée.
Les pouvoirs publics font ce qu’ils peuvent pour nier son existence, mais le code de Da-
vid Eischer, le créateur des « hubots », est dans la nature. C’est une clé informatique qui
permet de doter d’un libre arbitre ces robots humanoïdes. L’inquiétante Bea, déjà « li-
bérée », veut l’utiliser pour renverser l’oppresseur humain. Jonas, ancien vendeur de
hubots défiguré par un incendie, veut, lui, s’en servir pour transférer son âme dans le
corps d’un robot. Alors que les tensions entre militants anti- et pro-hubots sont vives,
un virus dévastateur attaque les machines et les rend incontrôlables...
La formidable série d’anticipation suédoise tient, avec ses hubots, de prodigieux vec-
teurs de métaphore. Après une première saison riche en allégories sociétales sur les mi-
norités, le racisme ou la dépendance des personnes âgées, elle propose ici une réflexion
complexe sur le progrès technologique et la frontière vacillante entre l’homme et la ma-
chine. Le tour de force de Real Humans, c’est de multiplier les sous-textes éthiques et
métaphysiques sans jamais perdre de vue sa mission de divertissement. Tendus, émou-
vants et drôles, portés par des personnages nuancés, ces épisodes, captivants, sont en-
core mieux que les précédents. — Pierre Langlais
Suite et fin samedi prochain.

y 20.50 Canal+ Cinéma Film


Sofia


| Film de Meryem Benm’Barek

(France/Belgique/Maroc, 2018) | 80 mn. Inédit


| Avec Maha Alemi (Sofia), Lubna Azabal (Leila),

Faouzi Bensaïdi (Faouzi), Sarah Perles (Lena),


Hamza Khafif (Omar), Nadia Niazi (Zineb),


Rawia (Zohra), Mohamed Bousbaa (Ahmed).


| GeNRe : ADO et eNCeINte Au MAROC.

Elle a nié sa grossesse. Mais voilà qu’elle


accouche dans un hôpital d’où elle doit


s’enfuir très vite, soutenue par une cou-
sine affolée. C’est que Sofia a 14 ans, et

n’est pas mariée, ce qui signifie, au Maroc,


qu’elle risque d’un mois à un an de prison.


Seule solution : retrouver le père. Mais


Omar nie avoir couché avec cette fille


qu’il connaît à peine. Qu’importe, il faut


sauver les apparences à tout prix. Donc

cacher le bébé quelques semaines et or-


ganiser le mariage au plus vite. Les

parents de Sofia, assez riches et sur le


point de le devenir encore plus, sont ef-


fondrés par cette mésalliance, mais la


mère d’Omar est flattée, elle, de voir en-


trer son fils dans une famille qui lui assu-

rera son avenir...


Cette partie de l’histoire, si vigou-

reuse soit-elle, manque un peu d’origina-


lité. Bien des cinéastes du Maghreb, ces


derniers temps, ont, à juste titre, dénon-


cé le rôle que leur pays réservait aux


femmes.


Et puis un rebondissement inattendu,

impossible à révéler, transforme l’anec-


dote en pamphlet cynique, à l’insolence


extrême. Soudain, les hypocrites sont


pris à leur propre piège. Et soudain ce


sont les « victimes » qui accèdent au pou-

voir. Si ce n’est que — la réalisatrice le


montre superbement — leur réussite est


une victoire à la Pyrrhus. Le dénouement


du film est terrifiant : une société totale-


ment exsangue émerge de ce conte amo-


ral et cinglant. — Pierre Murat


Rediffusions : 31/8 à 9.25, 6/9 à 1.15. Wiame Haddad-Curiosa Films-Versus ProduC


tion | J. Paulin-

sVeriges

teleVision-matador Film

aB

Les robots sont
des hommes
comme les autres.
Surtout en Suède...

Jeune mère célibataire. Normal! Pas au Maroc...


ânes n’avaient pas été touchés. J’ai donc
continué à donner à manger aux hyènes.
J’ai commencé à avoir confiance en elles. »
Alimenté par les images de cet hypno-
tique cérémonial nocturne, porté par un
commentaire très (bien) écrit, étayé par
les connaissances en éthologie de Chris-
tophe Abegg, dont c’est le premier métier,
le film esquisse une chronique de cette re-
lation peu commune, tissée par l’homme
avec un animal réputé pour son agressivi-
té carnassière. Avec réussite, les auteurs y
convoquent la science, la croyance et
l’histoire — celle de Harar, quatrième ville
sainte de l’islam, où vécut un temps Rim-
baud, s’y dessine au second plan —, sans
verser dans la leçon ou le conte naïf.
— Emilie Gavoille
Rediffusion : 5/9 à 14.35.

Télérama 3632 21 / 08 / 19
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