Télérama Magazine N°3632 Du 24 Août 2019

(coco) #1
71

lundi 26


t 20.50 Canal+ Cinéma Film

Gringo


| Film de Nash Edgerton (USA, 2018 | 105 mn. VM.
Inédit | Avec David Oyelowo, Joel Edgerton,
Charlize Theron, Thandie Newton, Sharlto Copley,
Glenn Kubota, Melonie Diaz, Amanda Seyfried.
| GENrE : pOlAr GrINçANT.
Au Mexique, l’employé d’un laboratoire
pharmaceutique se débat entre ses pa-
trons et des narcotrafiquants. Avec une
ironie grinçante, Nash Edgerton pointe
les similitudes entre libéralisme sauvage,
méthodes des cartels et techniques des
mercenaires. En moins rythmé et moins
bien écrit, ce polar est un honnête succé-
dané de ceux de Martin McDonagh,
comme le marquant 3 Billboards : les pan-
neaux de la vengeance. — Nicolas Didier

y 22.35 Arte Film

Allô, brigade


spéciale


| Film de Blake Edwards (Experiment in Terror,
USA, 1962) | Scénario : Gordon et Mildred
Gordon d’après leur roman | 120 mn. NB. VM
| Avec Glenn Ford (John ripley), lee remick
(Kelly Sherwood), Stefanie powers (Toby).
| GENrE : ThrIllEr TENDU.
Oublions le titre français, ridicule, et pre-
nons l’original au pied de la lettre : une ex-
périence, un essai dans le domaine de la
terreur. Dès le générique, et sur une su-
perbe musique de Henry Mancini, Blake
Edwards fait sourdre l’inquiétude du pay-
sage apparemment paisible de la baie de
San Francisco, alors que la nuit tombe. Le
malaise se précise quelques minutes plus
tard dans le décor banal d’un garage : une
main gantée de noir se pose sur la bouche
de Lee Remick, plaquée de force contre un
homme dont le visage reste dans l’ombre
et dont la voix, avec un sifflement d’asth-
matique, énonce calmement des menaces
de mort. Plus les décors sont quotidiens,
plus la terreur est diffuse et peut surgir à
tout instant, n’importe où. Aucun senti-
mentalisme. Aucun effet spectaculaire.
Même le final a la froideur d’une exécution
capitale. — François Guérif
rediffusion : 29/8 à 13.35.

t 22.4 0 France 3 Documentaire

Presque un siècle


| Documentaire de pascale Bodet (France, 2019)
| 55 mn. Inédit.
Devant la caméra, la grand-mère de la réa-
lisatrice est embarrassée par le micro que
sa petite-fille, Pascale Bodet, lui a greffé. A
99 ans, elle n’a « pas besoin de ça ». Pascale
Bodet insiste, le micro est indispensable
pour qu’on l’entende raconter ce qu’est
devenue sa vie : la difficulté pour se rele-
ver, la fatigue d’éplucher des carottes, la
montagne insurmontable que représente
le moindre événement imprévu. Hormis

y 22.5 5 Canal+ Série

ABC contre Poirot


d’après Agatha Christie


| Minisérie créée par Sarah phelps
(1 à 4/4, GB, 2019) | 4 × 40 mn. VM. rediffusion
| Avec John Malkovich (hercule poirot), rupert
Grint (Crome), Andrew Buchan (Franklin Clarke),
Eamon Farren (Alexander Bonaparte Cust),
Kevin McNally (l’inspecteur Japp),
Michael Schaeffer (le sergent Yelland),
Shirley henderson (rose).
Fatigué, désœuvré, seul... Hercule Poirot
vit une retraite difficile, dans une Angle-
terre de plus en plus tentée par le repli sur
elle-même, en cette année 1933. Un peu
has been avec sa barbichette teinte pour se
rajeunir, le héros belge reçoit des lettres
d’un tueur en série signées « ABC »...

Une rareté que
ce thriller angoissant


réalisé en noir
et blanc par Blake
Edwards en 1962.
Et avec Glenn Ford,
Lee Remick...


Que l’on se rassure,
Henry Mancini
est de la partie.


une passionnante discussion entre France
Bodet et son voisin, Pierre Machet, sur
leur appréhension de la mort, les conver-
sations ne tournent que sur le quotidien
immédiat, ce que l’on fait, ce que l’on
mange, ce qui se passe de l’autre côté des
rideaux blancs en crochet. Une bulle qui
tranche avec le rythme effréné de la plu-
part des actifs. La réalisatrice pose un
regard tendre, parfois infantilisant, sou-
vent aimant, sur sa grand-mère comme
sur Pierre. Du décalage entre notre réalité

et la leur naît un humour presque bur-
lesque. Ainsi lorsque Pierre cherche à
prouver la présence d’un portrait de Phi-
lippe Pétain dans sa salle de classe après
la Seconde Guerre mondiale ; ou quand
échappe à mamie un éclat de colère sim-
plement parce que la réalisatrice préfère
retourner à la gare de Saumur à pied plu-
tôt qu’en taxi. Ce documentaire réussit à
honorer ses premiers rôles, une place
trop rarement accordée aux personnes
âgées. — Marion Bellal

La première scène de cette récente adap-
tation d’Agatha Christie donne le ton : une
machine à écrire tape des lettres comme
elle tirerait des coups de fusil. C’est la vio-
lence des mots de la romancière qui est
mise en avant, sa manière sombre de faire
craqueler le vernis d’une époque, pas si
éloignée de la nôtre, sur le point de bascu-
ler dans l’horreur. Dans cette atmosphère
irrespirable, magnifiée par une mise en
scène aux couleurs glauques à la Seven,
John Malkovich campe un formidable Poi-
rot, intense et tourmenté (avec un accent
belge irrésistible).
Ce n’est pas l’aspect Cluedo qui inté-
resse la scénariste, mais bien le portrait
bouleversant d’un homme perdu, dans
une société à la dérive qui enfante des
monstres. — Sébastien Mauge

Télérama 3632 21 / 08 / 19
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