Télérama Magazine N°3632 Du 24 Août 2019

(coco) #1

72 t On aime un peu... y ... beaucoup u ... passionnément r ... pas du tout I Pas vu mais... faut voir


câble | satellite


y 21.00 Mezzo Live HD Ballet

Decadance


| Enregistré au Théâtre de Chaillot, à Paris,
en 2013 | Chorégraphie : Ohad Naharin
| Par la Batsheva Dance Company
| Texte inspiré par Charles Bukowski
| Lumières : Avi Yona Bueno. Costumes :
Rakefet Levi | Réalisation : Jean-Marc Birraux
| 90 mn. Rediffusion.
Un homme en costard noir gigote sur des
sons électroniques. Il est rejoint par une
vingtaine de personnes habillées à l’iden-
tique et secouées de petits mouvements
nerveux. Une boum sur un plateau de
danse? Non, l’introduction magnétique
de Decadance, le spectacle du choré-
graphe israélien Ohad Naharin. Ce best of
d’extraits de différentes pièces conçu en
2000 pour fêter dix ans de créations au
sein de la Batsheva Dance Company a tout
d’un stupéfiant tour de montagnes russes.
Séquence tribale, pas de deux acroba-
tique et sensuel, tableau tango, leçon de
salsa s’enchaînent sans prévenir, au
risque de donner le tournis.
Cette compilation, sur des musiques
tout aussi variées, atteste l’incroya ble di-
versité des sources d’inspiration du chef
de file de la danse contemporaine israé-
lienne. Elle permet aussi de mesurer
combien la gestuelle de Naharin s’est en-
richie et complexifiée, durcie aussi, pour
aboutir aujourd’hui à une écriture ner-
veuse, savante et curieusement orga-
nique, comme si le corps était criblé à la
même seconde d’intentions paradoxales.
— Rosita Boisseau
Rediffusions : 27/8 à 2.00, 29/8 à 6.00,
30/8 à 13.00.

t 15.35 TV5 Monde Documentaire

Sapinhaut, une bouffée d’air folk


| Documentaire de Pierre-André Thiébaud (Suisse, 2017) | 60 mn. Inédit.
Pour être tout à fait franc, ce doc au thème alléchant nous a dé-
routé. Le sujet — un festival suisse qui s’est tenu entre 1971 et 1976,
« dans la lignée de Woodstock et de l’île de Wight », annonçait le sy-
nopsis — laissait espérer des déluges de crissements de guitares et
des déferlantes de batteries sur des marées humaines de jeunes
gens à pattes d’eph batifolant sous les sapins, le tout nimbé du ha-
lo nostalgique d’une pellicule seventies. Or, s’il y a dans le film
quelques images exhumées des archives de la télévision helvé-
tique, les captations de concert sont réduites à la portion congrue.
Deux minutes tout au plus. L’essentiel est constitué de témoi-
gnages de vétérans du cru qui ont gravité autour de l’événement,
ou en ont été à l’origine : musiciens, journalistes, organisateurs...
Sapinhaut..., donc, n’est pas un « rockumentaire » à la façon
du Woodstock monté par Scorsese. Ni même, d’ailleurs, un por-
trait de festival. Mais plutôt celui, assez réussi, d’un territoire et
d’une époque : le canton du Valais, agité par les mutations
culturelles post-Mai 68 et post-Vatican II (la région abrite le sé-
minaire d’Ecône, fief des lefébvristes). Portrait, aussi, d’une
jeunesse rebelle et baignée d’utopie qui découvre l’autogestion,
le féminisme, se bat contre les pollutions au fluor de l’industrie
locale, les stations de ski naissantes qui défigurent les paysages.
Et qui, quarante ans plus tard, porte un regard à la fois joyeux
et amer sur cette effervescence révolue. « Il aurait fallu devenir
commerçants. Les organisateurs ont préféré laisser tomber »,
tranche un témoin en voix off, pour clore la parenthèse.
— Sébastien Porte DaviD

K OsKas-One W

OrlD

Films

Un flic des stups et un caïd du trafic de drogue ont grandi ensemble dans la cité. Ça va pas aider...


y 22.25 OCS Choc Film


Frères ennemis


| Film de David Oelhoffen (France, 2018) | Scénario : D. Oelhoffen, Jeanne Aptekman | 110 mn. Inédit
| Avec Matthias Schoenaerts (Manuel), Reda Kateb (Driss), Sabrina Ouazani (Mounia), Adel Bencherif

(Imrane), Nicolas Giraud (Rémi), Gwendolyn Gourvenec (Manon), Marc Barbé (Marc).


| GENRE : FLIC ET vOYOu.

Reda Kateb, le policier issu de la cité, et Matthias Schoenaerts, le dealer chevronné, ont


grandi ensemble. Ils savent tout l’un de l’autre, auraient pu échanger leur destin. Le film
raconte leurs retrouvailles décisives, au moment où le caïd trébuche dangereusement.

Et où le flic s’interroge sur son identité : au cours d’une arrestation, pris à partie en arabe


par les prévenus, il nie parler cette langue, tandis que son visage et son corps laissent


deviner sa confusion.


L’attrait du film tient beaucoup à la place que prend le portrait intimiste des deux

hommes. Le cinéaste abolit sans cesse la frontière entre les ingrédients du polar et une


dimension plus existentielle : le mal-être et la peur des personnages, leur inscription


dans l’environnement quotidien. Le trafiquant, éclaboussé par le sang de ses com-


parses, traqué, redevient un gosse, presque l’enfant de son ancienne compagne, chez


laquelle il se réfugie — ces scènes racontent aussi, sobrement, un rêve passé d’embour-


geoisement. Le flic s’est laissé cantonner par sa hiérarchie à son rôle de spécialiste de la

cité et des stupéfiants, aux méthodes limites : ses origines sociales, sa connaissance du


terrain l’ont servi puis piégé. Sur le désarroi actuel de la police dans les quartiers, sur le
sentiment de déshérence des cités, Frères ennemis réussit des variations habitées, où

Reda Kateb impressionne et Matthias Schoenaerts retrouve l’intensité qu’il avait, entre


autres, dans De rouille et d’os. Leur duel final singularise encore le film, abrité par les


murs d’un modeste appartement de banlieue, où se rejouent les tourments de l’adoles-

cence et la violence du déterminisme social. — Louis Guichard


Rediffusions : 29/8 à 9.30, 1/9à 10.50, 3/9 à 13.45, 6/9 à 18.45.


Télérama 3632 21 / 08 / 19
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