Télérama Magazine N°3632 Du 24 Août 2019

(coco) #1
87

mercredi 28


y 20.5 5 Arte Film

Partir


| Film de Catherine Corsini (Fr, 2009) | Scénario : C. Corsini, Gaëlle Macé
| 85 mn | Avec Kristin Scott Thomas (Suzanne), Yvan Attal (Samuel),
Sergi López (Ivan), Bernard Blancan (Rémi), Aladin Reibel (Dubreuil).
| GenRe : L’hoMMe D’à CôTé.
Le mari, la femme, l’amant... Et une passion soudaine, irrésis-
tible, bousculant la quiétude ensoleillée de Nîmes. Presque un
roman de Françoise Sagan, en théorie. Ou un film de François
Truffaut sur l’enfer amoureux. Ici ce n’est pas le sentiment qui do-
mine, si intense soit-il, mais l’argent. Suzanne et Ivan, ce couple
improbable (« la bourgeoise et le prolo », ricane le mari), ont beau
s’aimer — la réalisatrice filme crûment leurs étreintes —, ils se
heurtent moins au qu’en-dira-t-on qu’au fric tout-puissant. C’est
si facile, quand on est un notable respecté, de passer quelques

y 23.05 Arte Film

La Région sauvage


| Film d’Amat escalante (Mexique, 2016)
| Scénario : A. escalante, Gibrán Portela
| 95 mn. Vo | Avec Ruth Ramos (Alejandra),
Simone Bucio (Verónica), Jesús Meza (Angel),
eden Villavicencio (Fabián).
| GenRe : ThRILLeR AVeC ALIen.
Dans une petite ville du Mexique, plu-
sieurs personnages cachent leurs frustra-
tions. Alejandra, une jeune mère de fa-
mille harassée et insatisfaite, ignore que
son mari est gay et la trompe avec son
frère, un infirmier gracile aux yeux doux.
Un jour, ce dernier reçoit à l’hôpital une
jeune motarde, solitaire, qui a été grave-
ment mordue au flanc. Elle évoque un
chien. Mais, peu à peu, on comprend qu’il
s’agit d’une sorte de pieuvre géante...
La Région sauvage est le quatrième film
d’Amat Escalante, ex-enfant terrible du ci-
néma mexicain, qui avait débuté par un

ECLECTIC PRODUCTION coup d’essai très grinçant, Sangre (2005).


| HassEN


BRaHITI/PyRamIDE


PRODUCTIONs


| m. CLaRO


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FILm/


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FILms/


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FILms


Le coupable
n’est pas l’homme
mais le macho.

Bourgeoise et ouvrier
s’adonnant librement
à une camaraderie
inconvenante,
qui ne peut que leur
causer des ennuis.

coups de fil pour priver d’argent l’épouse infidèle, et de travail le
rival détesté... Catherine Corsini croit au poids des classes so-
ciales sur les êtres. Suzanne mise son avenir, sa vie auprès de cet
ouvrier. Et c’est précisément cette « faute » (elle le quitte pour un
« inférieur ») que ne peut excuser son mari... Kristin Scott Tho-
mas a toujours eu l’art de suggérer le trouble d’un personnage.
Ici, elle change de visage — parfois extrêmement belle, parfois
presque moche — en fonction des sentiments qui l’assaillent.
Avec elle, pour elle, Catherine Corsini a réussi un film au lyrisme
sobre. Une tragédie miniature, construite en courtes scènes, qui,
entre deux retours au noir — des entractes —, semblent filer droit
vers l’inéluctable. — Pierre Murat
Rediffusion : 2/9 à 13.35.

Il s’était fourvoyé dans la violence com-
plaisante (avec Heli), mais intrigue de nou-
veau à travers ce film étonnant, entre
chronique réaliste, drame et thriller fan-
tasmagorique, passant sans prévenir d’un
personnage à l’autre, allant au cœur de
leur malaise, en basculant, soudain, de la
réalité la plus triviale vers le fantastique.
S’il brouille parfois inutilement les pistes,
il crée un univers captivant qui n’accable

personne, pas même le mari violent. Mais
ce sont les deux jeunes femmes qui
touchent le plus. A travers leurs destins
croisés, Amat Escalante fustige le ma-
chisme et prône l’émancipation féminine.
Sous deux formes distinctes, l’une, ter-
rienne et maternante ; l’autre, plus allégo-
rique, que Simone Bucio incarne de ma-
nière troublante : ange noir et salvateur au
cœur pur. — Jacques Morice

Télérama 3632 21 / 08 / 19
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